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Mercredi 08 novembre 2023

Nous nous dirigeâmes tous trois vers le château, le silence pesant entre nous. Helena babillait joyeusement, apparemment inconsciente de la tension palpable qui régnait entre Pierre et moi. Son enthousiasme contrastait étrangement avec notre malaise, et je sentais une certaine nervosité croître en moi à chaque pas que nous faisions.

Lorsque nous entrâmes dans le château, l'atmosphère était déjà animée. Les autres candidats étaient assis autour de la grande table, discutant et riant comme s'il n'y avait pas de souci au monde. L'odeur alléchante du repas flottait dans l'air, mais je n'avais pas vraiment faim. Mon esprit était encore embrouillé par ce qui venait de se passer – ou plutôt, ce qui n'était pas arrivé – entre Pierre et moi.

Je pris place entre Lenie et Djebril, essayant de participer à la conversation, mais mon esprit continuait de dériver vers Pierre, assis en face de moi. De temps en temps, nos regards se croisaient brièvement, et chaque fois, une chaleur familière envahissait mon cœur.

Après le dîner, nous nous retrouvâmes tous dans le salon pour une soirée de détente avant le début de la préparation du prime qui avait lieu dans 3 jours. Chacun semblait vouloir se divertir pour oublier le stress du lendemain. Pierre et moi continuions de nous éviter du regard, comme si nous avions peur de raviver cette étincelle qui s'était presque enflammée plus tôt.

Plus tard dans la soirée, après que la plupart des autres furent allés se coucher, je décidai de prendre l'air sur la terrasse. La nuit était fraîche, et le ciel étoilé dégageait une sérénité apaisante. J'avais besoin de réfléchir à tout ce qui se passait – non seulement avec Pierre, mais aussi avec cette aventure musicale qui prenait de plus en plus d'ampleur au fil des jours.

Je m'appuyais sur la balustrade, regardant le ciel, perdue dans mes pensées. Des pas familiers se firent entendre derrière moi, et avant même de me retourner, je savais que c'était Pierre.

- On peut parler ? demanda-t-il doucement, sa voix brisant le silence de la nuit.

J'hochai la tête et il s'avança pour se tenir à mes côtés, ses yeux fixant également les étoiles.

- Je suis désolé pour tout à l'heure, murmura-t-il. Je n'aurais pas dû... enfin, on aurait dû être plus prudents.

- Ce n'est pas ta faute, répondis-je en baissant les yeux. C'est juste que... c'est compliqué, Pierre.

Il soupira, passant une main dans ses cheveux.

- Je sais. C'est juste que depuis que je t'ai revu ici, je ne peux pas m'empêcher de ressentir quelque chose de fort. Je croyais que je pourrais ignorer ces sentiments, mais plus je te vois, plus ils perdurent.

Son aveu me bouleversa. Pierre avait toujours été franc, mais entendre ces mots maintenant rendait la situation encore plus difficile.

- Et Louis... ça me perturbe aussi, continua-t-il. C'était mon ami, et maintenant qu'il est nommé, je me sens perdu. Tout change si vite.

Je posai ma main sur son bras, cherchant à le réconforter.

- Moi je suis là pour toi, Pierre. Tu as toujours été fort, et le prime de samedi sera une nouvelle étape pour nous tous. Concentre-toi sur ta performance avec James Arthur. C'est une opportunité incroyable.

Il hocha la tête, un léger sourire aux lèvres.

- Merci, vraiment. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

Nous restâmes là, en silence, profitant de ce moment de calme. Pour une fois, les mots n'étaient pas nécessaires. Nous savions tous les deux que la route serait difficile, mais tant que nous étions ensemble, nous pourrions surmonter n'importe quoi,  comme quelques mois plus tôt.

Le lendemain matin, l'atmosphère dans le château était à la fois fébrile et excitante. Les préparatifs pour le prime de samedi battaient leur plein, et chacun de nous répétait sans relâche, perfectionnant chaque note, chaque mouvement. Pierre et moi avions décidé de mettre de côté cette histoire pour nous concentrer sur l'essentiel : nos performances.

Les journées passaient vite, rythmées par les répétitions, les séances de coaching, et les cours de chants. Chaque moment libre était consacré à la musique. Je pouvais sentir la pression monter à mesure que le prime approchait, mais étrangement, cette tension me poussait à donner le meilleur de moi-même.

Samedi matin, quelques heures avant notre premier vrai prime, nous avions une dernière répétition générale. La scène était prête, les lumières réglées, et les techniciens s'activaient pour s'assurer que tout serait parfait le lendemain. Pierre était particulièrement concentré, répétant sans relâche son duo avec James Arthur. Chaque note, chaque harmonie était méticuleusement travaillée.

À la fin de la répétition, alors que tout le monde se dispersait, je retrouvai Pierre assis seul sur le bord de la scène, regardant le vide. Je m'approchai doucement, sentant que quelque chose n'allait pas.

- Pierre, ça va ? demandai-je en m'asseyant à côté de lui.

Il tourna la tête vers moi, ses yeux brillants d'émotion.

- Je pense à tout à l'heure, répondit-il doucement. J'ai tellement travaillé pour ce moment, et pourtant, j'ai peur de ne pas être à la hauteur.

Je posai ma main sur la sienne, cherchant à le rassurer.

- Tu es prêt, Pierre. Je t'ai vu travailler sans relâche, et ta performance est incroyable. James Arthur est impressionné par toi, et tu vas tout déchirer tout à l'heure.

Il esquissa un sourire, mais je pouvais voir l'inquiétude dans ses yeux. Nous restâmes quelques secondes silencieux, avant que le Normand rompe ce silence.

- Ce qui se passe entre nous. Je ne veux pas que ça complique tout.

Je soupirai, consciente que nous devions aborder ce sujet délicat.

- Je comprends, Pierre. A moi aussi, ça m'a fait un choc de te revoir dans ces conditions. Et à moi aussi ça m'a retourné le cerveau ce qu'il s'est passé mercredi soir, mais ont doit rester focus sur notre objectif premier : la musique. On ne peut pas se permettre de rater cette opportunité qui s'offre à nous...

Il hocha la tête, semblant accepter cette réponse. Nous restâmes là, en silence, profitant de la compagnie de l'autre, avant de finalement nous lever pour rejoindre les autres.

Le jour du prime arriva enfin. L'excitation et la nervosité étaient à leur comble. Nous nous préparâmes dans les loges, les stylistes et maquilleurs s'affairant autour de nous.

A mon plus grand bonheur, je revis Lyna, qui n'avait pas changé depuis la semaine dernière.

- Alors, comme ça va Emma ?

- J'ai l'impression que ce n'est pas réel ! lâchais-je un petit rire en regardant la rousse me brosser les cheveux.

- Je n'ai pas trop droit de te le dire normalement mais, on t'apprécie beaucoup dehors ! chuchota-t-elle le plus bas qu'elle pouvait.

Entendre ces paroles m'apporta beaucoup de réconfort et permit de me déstresser un peu... Après tout, rien n'était mis en jeu ce soir pour moi ! Je ne voulais juste pas que Djebril, Margot ou Louis partent. Le choix allait être dur...

Quelques minutes avant notre entrée sur scène sur l'hymne « Au bout de mes rêves », je me retirai dans ma loge. C'était le seul moment où je pouvais vraiment souffler dans l'entièreté de la semaine. Je refaisais une petite retouche, là où mon mascara avait laissé une petite trace lorsque j'entendis toquai à ma porte.

Helena me prit par le bras et nous allâmes, comme la semaine d'avant, nous faire équiper par les techniciens qui assuraient le show.

Alors que les premières notes de la fameuse chanson de Jean-Jacques Goldman retentit, Pierre et moi échangeâmes un dernier regard avant de monter sur scène, un mélange de détermination et de soutien mutuel dans nos yeux.

Believe - Pierre GarnierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant