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Le lendemain, la répétition reprit de plus belle. Pierre et moi étions convoqués en premier pour notre duo. La tension entre nous était palpable, et nos répétitrices, Lucie et Marlène, le remarquèrent rapidement.

- Ça ne va pas du tout, les enfants, intervint Lucie après notre première tentative. Vous chantez les bonnes notes, mais il manque quelque chose de crucial : l'émotion.

- On dirait que vous êtes des étrangers qui se croisent pour la première fois, ajouta Marlène. Ce n'est pas ce qu'on attend de vous pour cette chanson. Vous devez incarner l'amour, le désir, la passion.

Pierre serra les dents, visiblement agacé par la remarque. Je pris une grande inspiration, essayant de me concentrer.

- On va reprendre depuis le début, dit Lucie. Cette fois, regardez-vous vraiment. Oubliez vos différends. Imaginez que vous êtes ces deux personnages qui croient encore en l'amour malgré tout.

Nous nous positionnâmes de nouveau face à face. Pierre me fixa, ses yeux noisettes pénétrants essayant de percer mes défenses. Je m'efforçai de faire de même, de mettre de côté notre dispute et de me concentrer sur le moment présent.

- On y va, souffla Marlène en lançant la musique.

Les premières notes retentirent et je sentis la tension monter. Nous chantâmes ensemble, nos voix s'harmonisant parfaitement, mais quelque chose clochait toujours. Le lien émotionnel n'était pas là.

- Arrêtez, arrêtez ! s'écria Lucie en interrompant la musique. Ça ne va toujours pas. Vous devez vraiment vous plonger dans l'émotion du morceau. Vous devez ressentir ce que vous chantez.

Je regardai Pierre, le désespoir me gagnant. Nous n'y arrivions pas, et cela devenait de plus en plus évident. Pierre baissa les yeux, puis les releva brusquement vers moi, une frustration nouvelle dans le regard.

- Tu sais quoi, Emma, lança-t-il brusquement. Peut-être qu'on devrait arrêter de faire semblant.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? répliquai-je, sentant mon irritation monter.

- On ne va jamais y arriver si on ne règle pas ce qu'il y a entre nous, dit-il sèchement.

- Peut-être que c'est toi qui devrais te remettre en question, Pierre ! répondis-je avec colère. Tu crois toujours avoir raison !

- C'est ça, accuse-moi de tout ! rétorqua-t-il en levant les mains au ciel. C'est bien plus facile, n'est-ce pas ?

Lucie et Marlène échangèrent un regard inquiet.

- On va faire une pause, dit Marlène en essayant de calmer les choses. Revenez quand vous serez prêts.

Sans un mot de plus, Pierre tourna les talons et quitta la salle de répétition en claquant la porte. Je restai là, le cœur battant, mes pensées en ébullition. Je pris une profonde inspiration, tentant de contrôler la colère qui montait en moi. Quelques secondes plus tard, je décidai de sortir également, cherchant un endroit où me calmer.

Je m'assis sur un banc dans le jardin du château, essayant de reprendre mes esprits. La dispute avec Pierre me pesait lourdement, mais il était hors de question de le laisser voir à quel point cela m'affectait. Après plusieurs minutes, je retournai à la salle de répétition.

Believe - Pierre GarnierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant