29. La vie et l'abîme

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Poison Tree - Grouper

Point de vue Gabriel...

Je me tiens devant le miroir, ajustant une dernière fois ma cravate.

En cette soirée, je dois affronter le public, les médias, et surtout les questions qui viendront en rafale. Jordan est entre les mains des médecins, Valérie reste à l'appartement pour surveiller la situation. Une vague de stress m'envahit, mais je sais que je dois rester fort, si je ne veux pas perdre le peu de contrôle que j'ai sur la situation.

En arrivant à l'Élysée, mes conseillers m'attendent déjà. Ils m'entourent, leurs voix se superposent alors qu'ils me conseillent sur ce que je dois dire, ce que je dois éviter à tout prix.

- Ne révélez pas le sexe de la victime, ne mentionnez pas les détails de son état, insiste l'un d'eux. Je hoche la tête, absorbant chaque mot, chaque conseil. Ils savent ce qui est en jeu.

Je prends une profonde inspiration et me dirige vers la salle de presse. Les caméras sont déjà en place, les journalistes impatients, leurs stylos prêts à gratter frénétiquement sur leurs blocs-notes. Les flashs crépitent dès que je fais mon apparition, un rappel de la tension palpable dans l'air.

- Mesdames et messieurs, je commence, ma voix claire et posée malgré le tourbillon intérieur. Aujourd'hui, je dois vous informer d'une situation grave. Une fusillade a été perpétré contre l'un de nos citoyens, dans ce qui semble être une attaque ciblée. Les forces de l'ordre et les services de secours ont réagi rapidement, et une enquête est en cours.

Les murmures s'intensifient, les journalistes échangent des regards chargés de questions non formulées. Je continue, veillant à ne pas laisser transparaître trop d'émotion.

- Pour des raisons de sécurité et de respect de la vie privée, nous ne divulguerons pas l'identité de la victime pour le moment. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir sa sécurité et celle de ses proches.

Les questions fusent immédiatement.

- Monsieur le Premier ministre, avez-vous des suspects ?

- Pouvez-vous confirmer s'il s'agit d'un acte terroriste ?

- Quel est l'état de la victime ?

Je lève une main pour demander le silence.

- L'enquête est en cours. Les autorités compétentes travaillent sans relâche pour comprendre les motivations de cette attaque et identifier les coupables. La victime reçoit les meilleurs soins possibles et nous espérons une issue favorable. Je ne peux malheureusement pas donner plus de détails à ce stade.

Les questions continuent, mais je garde mon calme, répondant autant que je le peux sans révéler l'essentiel.

- Nous devons rester unis dans ces moments difficiles. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger nos citoyens et assurer la justice.

Après ce qui semble être une éternité, la conférence de presse se termine. Je me retire dans une salle adjacente pour une réunion avec les services secrets français. La pièce est sombre, éclairée uniquement par les écrans de surveillance et les lampes de bureau. L'atmosphère est tendue, chaque personne présente consciente de la gravité de la situation.

- Les détails restent flous, commence l'agent en chef. Nous savons qu'il y a eu plusieurs assaillants, bien armés et organisés. Les charges vidées sur les lieux indiquent une intention claire de tuer. Nous avons quelques pistes, mais rien de concret pour l'instant.

Je reconnais un agent que j'avais déjà vu lors d'une précédente réunion, celui qui avait parlé de la nécessité d'un communiqué de presse avec les vidéos de Jordan. Je m'approche de lui, une urgence dans ma voix que je ne peux réprimer.

- Je sais que vous faites tout votre possible, mais il est crucial que la fausse mort de Jordan ne soit pas révélée. Cela pourrait compromettre tout ce que nous avons essayé de protéger.

L'agent hoche la tête, son expression grave.

- Nous comprenons, Monsieur le Premier ministre. Nous prenons toutes les précautions nécessaires pour que cette information ne fuite pas. Nous avons mis en place des protocoles stricts pour contrôler les flux d'information.

Je soupire de soulagement, bien que la tension ne quitte pas vraiment mon corps.

- Merci. C'est vital.

La réunion continue, les discussions tournant autour des mesures de sécurité, des prochaines étapes de l'enquête, et des possibles suspects. Les théories fusent, mais aucune ne semble apporter une solution immédiate. Nous devons être patients, mais chaque minute qui passe sans réponse accroît mon inquiétude pour Jordan.

En quittant la salle, je me dirige vers mon bureau, un espace devenu presque étranger dans ce tumulte. Je m'assois, le poids de la situation pesant lourdement sur mes épaules. Mon esprit dérive vers Jordan, l'image de lui allongé sur cette civière, les yeux ouverts malgré la douleur.

Chaque battement de mon cœur semble murmurer son nom, et l'inquiétude me consume. En cet instant, je réalise que dans ce chaos, l'espoir et la peur se mêlent, dessinant une ligne fragile entre la vie et l'abîme.

POLITIQUEMENT INJUSTE T.2 (ATTAL X BARDELLA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant