"Les mots qu'on s'apprête à échanger risquent de briser bien plus que le silence... et chacun sait qu'aucun retour en arrière ne sera possible."
Malaïka 🇨🇩
Je me réveille le lendemain, encore engourdie, la tête lourde de la fatigue de la veille. Yohan est collé à ma poitrine, profondément endormi. Je passe une main douce sur sa petite tête, caressant tendrement ses cheveux. Son visage paisible me réchauffe le cœur malgré la sensation de malaise qui persiste en moi. En jetant un coup d'œil autour de la pièce, je remarque que nous ne sommes plus à l'infirmerie mais dans notre chambre d'hôtel, les rideaux filtrant une lumière douce qui emplit l'espace.
Salam entre à cet instant, portant un plateau de fruits frais. Ses yeux, bien que calmes, semblent scruter chaque détail de mon visage, comme s'il cherchait à s'assurer que je vais bien.
— Tout va bien, mon ange ? Murmure-t-il en posant le plateau sur la table de chevet, ses doigts frôlant brièvement ma main en un geste rassurant.
Je tente de me redresser, faisant attention à ne pas réveiller Yohan qui bouge légèrement dans son sommeil. Une fois assise, je prends une profonde inspiration, essayant de secouer la sensation de léthargie qui m'enveloppe.
— Il est quelle heure ? Demandai-je en baillant discrètement, mes yeux encore mi-clos.
— L'heure du déjeuner. Répond-il avec un sourire doux, avant de déposer un baiser sur mon front.
Je hoche la tête, jetant un regard au plateau. Des fruits colorés, soigneusement coupés et disposés, semblent m'inviter à prendre une bouchée. Mais mon esprit est ailleurs, obsédé par les événements d'hier.
Salam s'assied à mes côtés, et je sens la tension dans son regard.
— Malaïka... Commence-t-il doucement, comme s'il pesait chaque mot. Ton frère souhaite te parler. Il nous a donné rendez-vous à sa résidence, à l'hôtel, pour discuter.
À ces mots, un mélange de colère et de résignation se bouscule en moi. Mon frère, l'homme qui m'a abandonnée sans un regard en arrière, veut maintenant me parler ? Après toutes ces années, et les blessures qu'il a laissées, il espère une conversation ?
Je serre la mâchoire, m'efforçant de rester calme malgré la tempête intérieure.
— Pourquoi maintenant ? Soufflai-je, les yeux rivés sur le plateau, mes doigts serrant nerveusement un morceau d'orange.
— Peut-être veut-il s'expliquer... ou trouver un moyen de réparer le passé. Répond Salam, sa voix hésitante, comme s'il devinait à quel point cette proposition me trouble.
Je lève les yeux vers lui, cherchant un semblant de réconfort dans son regard. Mais en moi, un désir puissant de réponses, de confrontation, grandit. J'ai besoin de lui faire face, de lui demander pourquoi. Pourquoi m'a-t-il renié ?
— Très bien. Soufflai-je finalement. Mais je veux que tu sois à mes côtés, Salam. Je ne veux pas affronter ça seule.
Il hoche la tête sans hésiter, prenant ma main dans la sienne.
— Je ne te laisserai pas seule, Angel. Pas cette fois.