Chapitre 16

38 3 2
                                    




Le voyage fut curieusement long. Catal s'extasiait comme toujours, cependant, je ressentais une certaine anxiété chez elle. Elle appréhendait ce qu'il pouvait nous arriver, et c'était for compréhensible. Quant à moi.. peu m'importait, je voulais simplement revoir ma famille l'espace d'un instant. J'étais confiante. Je me doutais bien qu'ils étaient probablement surveillés, mais à dire vrai, je me fichais de croiser Yediel ou pas. Je savais qu'il ne pouvait plus me retenir contre mon gré. Il allait très certainement me sentir arriver, et je m'interrogeais bien sur la façon dont il allait me convaincre de rester auprès de lui ?

On arriva enfin devant la demeure, et la revoir me fit un choc. Une atmosphère étrange s'y dégageait. Le vent y rajoutait une couche, et le peu de soleil également. Il faisait nuageux et légèrement sombre ici. Je ne ressentais aucune présence, ce qui pouvait être alarmant. Cependant, je ne voulais pas me faire des idées trop rapidement, ils pouvaient simplement être absents.

Je me dirigeais vers l'intérieur, afin d'avoir un aperçu et de pouvoir y poser une hypothèse. Est-ce que la maison semblait toujours vivre ? Ou bien abandonné ? Catal me laissa un instant pour jeter un œil dans les autres pièces, elle resta à l'étage du bas, tandis que je me dirigeais vers ce qui était encore autrefois ma chambre.

Son odeur restait la même, mes affaires n'avaient pas bougé. De curieux frissons me démangeaient le corps, c'était si intense et étrange à la fois. Catal chantonnait en bas, alors qu'elle me criait de temps en temps R.A.S. Qu'elle était drôle.. Je ne pus m'empêcher de rire doucement, dans ma barbe. Ce côté enfantin dans sa façon de chanter me plaisait agréablement. Il me donnait l'impression d'être innocente, d'être une enfant également, et de vivre une enfance normale.

Je quittais la pièce et rejoignais celle de mon frère. Des peintures trônaient un peu partout, mais je ne pouvais dire s'il y avait des nouvelles ou pas. Son talent me ravissait, mais sa manière de peindre dégageait une certaine tristesse qui me chagrinait. Déposait-il sur ses toiles un tourment sans fin, dont j'ignorais l'existence ?

Dans un coin et dans un silence lointain, alors que mon regard se promenait, j'aperçus une petite toile avec un grand D à l'envers dessus. Il s'en suivait également une phrase qui me fit un brin tilter.

« Ne viens pas, ne reste pas, car le lion cherche sa proie. »

Mon frère était intelligent, et savait faire passer des messages. Celui-ci en était un, je pouvais parier dessus tout l'or du monde. Le D était pour moi, et le lion qui cherchait sa proie ne pouvait être que Yediel. Le roi de la savane, pour le roi de Dhivesius.

Dans ce silence je perçus mon inspiration s'intensifier. Puis.. le silence, je me rendis compte que c'était trop calme, que mon amie ne me rejoignait toujours pas. Je jetais un rapide coup d'œil dans ma chambre, où elle ne se trouvait pas, et me dirigeais ensuite en quatrième vitesse vers l'étage du dessous.

Je faisais de mon mieux pour rester discrète, mais l'angoisse s'agrippait à moi. Et s'il arrivait quelque chose à Catal par ma faute ? Cette idée me horripilait le poil. Il en était hors de question !

La cuisine gardait son calme, la salle à manger de même. L'écho des mouches volantes résonnait dans les couloirs, et le salon.. me donna des frissons. Sa présence ne m'avait pas même frôlé les narines. Le silence de sa posture, la droiture de ses épaules, et cette aura.. elle me faisait froid dans le dos. Il portait avec lui une atmosphère sombre et glaçante. Le type qui te donnait envie de trouver un coin chaud et chaleureux.

Yediel se tenait-là, dans le contraste de la fenêtre, et les mains derrière le dos. Je ne voyais pas son visage, cependant, je pouvais le deviner. Vide, froid. Tout ce qui ne lui ressemblait pas. Son sourire et sa joie me manquaient presque. Je ne savais pas quoi faire, ou bien que dire. Je l'observais simplement, silencieusement, appréhendant ses mots et ses gestes.

DIMENSION - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant