DIMENSION - TOME 2

Chapitre 20

La lumière du jour me brûlait les yeux. Ce réveil était étrange, froid, irrégulier, suffocant. Dès lors que son prénom résonna dans mes oreilles, dès lors son dernier regard frappa mon cœur. Ce lieu m'enveloppait, mais non pas chaleureusement. L'infirmerie du château n'avait rien d'accueillant et surtout pas maintenant, dans ces circonstances. Un froid sanglant transperçait mon esprit, alors que mon océan de noirceur s'accaparait un peu plus mon âme.

Soeli, mon ange, qui en était réellement devenue un. Je tremblais, mais non pas de douleur, non pas de tristesse, quand bien même j'étais anéanti. Non, je tremblais de haine. Je pensais au fil du temps que le roi serait la solution à cet océan, celui qui me permettrait de m'en débarrasser. Mais.. Malarre, Malarre ! Peut-être qu'il s'agissait finalement d'elle ?

Je n'étais pas seule, Béra et Voress se trouvait-là. Shogo ne pouvait pas être ici, mais je le sentais pourtant près de moi. C'était étrange comme sensation. Il manquait Soez à l'appel, et je n'osais guère demander aux autres où il se trouvait. Je n'étais pas même sûr de pouvoir lui faire face, tant la honte saccageait la totalité de mon être.

― Dayle.. Béra me partageait sa compassion.

Elle se retenait de pleurer, cependant, elle ne réussit pas longtemps. Des pleurs immenses noyaient ses joues rosies. Voress lui caressait l'épaule comme il le pouvait, d'un regard compatissant également, mais ferme, tel l'alpha qu'il était.

Moi, je regardais ma tante, sans l'ombre d'une expression sur mon visage. Cette neutralité perturba le couple en face de moi, qui s'inquiétait davantage. Je les regardais, mais en réalité, c'est le visage de Soez que je voyais, celui de ma sœur que je contemplais, et celui de Malarre que je maudissais.

― Je vais tenir mes mots Malarre.. Je murmurais. Je suerai dans les plus hautes montagnes à en crever, et je te briserai de sortes à ce que tu ne puisses plus rien trouver à réparer chez toi.

― Dayle, tu devrai-

― Non, Voress, je le fixais désormais, m'attendant à être mise en garde. Je ne reculerai pas, pas cette fois. J'ai trop de fois perdu, et cette fois-ci, je compte bien gagner.

Je me levais, lentement, mais avec détermination. Puis je dirigeais à nouveau mon attention vers l'alpha.

― Je n'ai pas pu venger mon père, ni en tuant son assassin, ni en tuant l'assassin du roi. J'ai nourri une amertume qui n'a jamais pu être rassasiée, et qui m'empêche à l'heure actuelle de respirer. Quant à Malarre, elle a mis un pied en pleins dedans, dans ma rancœur, contraignant celle-ci à approfondir ses abîmes. Ce sera sa plus grande erreur, car cela la conduira à sa perte. Et pour une fois, mes mots ne seront pas en vains.. Pour une fois, j'aurais ma vengeance.

Ce dernier mot fut enragé. Mes dents l'avaient serrés, mon aura s'était décuplée. Le silence m'accompagna dans ma marche vers la sortie. Voress remarqua quelque chose dans mes yeux qui sembla le surprendre, cependant, il n'en fit aucune remarque. Je souffrais encore physiquement, mais pas autant que mentalement.

Je ne voulais voir personne, n'entendre personne. Car mon but avait bien plus d'importance que quiconque. J'étais.. méconnaissable, dangereuse, instable, englouti par les ténèbres. Mes jambes avançaient avec lourdeur, mes talons s'ancraient au sol. L'extérieur m'appelait, je devais partir, maintenant.

Une fois l'air fraîche rencontrant la peau de mon visage, la déception fut immédiate. Cela ne me faisait rien, ni du bien, ni du mal. Absolument rien. L'unique éclat qui s'empara de moi, ce fut lorsque je sentis l'odeur de mon frère. Elle était subtile, il devait être un poil trop loin. Mais mon corps s'avança de lui-même, comme si quelque chose me disait de le retrouver.