Un mois s'est écoulé depuis que je me suis faite balancer par ma mère. Ma patience commence à atteindre ses limites, si je ne tente pas quelque chose pour sortir d'ici je vais finir par devenir folle et je vais étriper Jane dans son sommeil.
Durant ce premier mois, j'ai au moins découvert le genre de punition que peut nous attendre et je peux vous dire qu'entre la privation de sommeil, de nourriture, l'intimidation et les travaux d'intérêt généraux, j'ai choisi de faire profile bas. Même si je me suis déjà pris quelques petites punitions quand il m'est arrivé de m'endormir en cours, mais rien de bien grave.
A l'heure du petit-déjeuner, alors que j'ai la tête baissé sur le contenu de mon bol, une main se pose sur mon épaule me faisant sursauter.
« Katherine, l'infirmière EATON souhaite te voir dans son bureau. Finis ton petit-déjeuner et je t'attendrais vers la plonge pour t'y emmener. Ne t'en fais pas, tes professeurs ont été mis au courant pour ton absence à leurs cours. »
Je réponds à EATON d'un hochement de la tête et reprends mon repas. Depuis que Dorothy m'a mis au courant qu'ATKINS est comme nous, je ne lui en veux plus pour son comportement, après tout, il fait son « métier ».
A chaque bouchée que je prends de ma tartine à la confiture de cerise, je me pose des milliers de question, cherchant à connaître la raison pour laquelle Dorothy m'a convoqué dans son bureau.
La sonnerie annonçant la fin du petit-déjeuner retentit à l'instant même où j'avale ma dernière cuillère de muesli. Comme les autres, je me lève avec mon plateau, le dépose à la plonge et me dirige vers ATKINS, les yeux baissées.
« On peut y aller, lui soufflais-je. »
Escortée par ATKINS, qui pour la forme me tient le bras, nous nous rendons tous les deux à l'infirmerie et ça me stress qu'ATKINS ne m'ai pas soufflé la raison de cette convocation.
Face à la porte, ATKINS frappe et entre après que la voix de Dorothy lui en ai donné l'autorisation. Une fois loin des yeux de tout le monde, ATKINS relâche mon bras.
« Infirmière EATON, je vous emmène Mademoiselle Katherine HAMILTON, comme vous l'avez demandé, dit-il assez fort, au cas où des oreilles traîneraient dans le couloir.
- Pas seulement Katherine, je voulais te voir aussi.
- Pardon ? Réagit ATKINS.
- Tu as bien entendu. Je dois vous parler à tous les deux, répète-t-elle. Mais pas ici, les murs ont des oreilles.
- On peut se rendre au sous-sol, propose ATKINS. Les cellules d'isolement sont insonorisées et les caméras de surveillances doivent être activées par le gardien en charge de la cellule.
- Parfait, allons-y, se réjouit Dorothy.
- Le seul problème, ajoute ATKINS. C'est que l'accès aux cellules est réglementé.
- Comment peut-on faire ? S'enquiert Dorothy.
- Les gardiens peuvent s'y rendre pour y enfermer un jeune.
- Dans ce cas, servez-vous de moi, me fis-je entendre.
- Hors de question ! S'exclame l'infirmière.
- Si c'est le seul moyen, alors menottez-moi et allons là-bas.
- Nous n'avons pas d'autre chose, tente-t-il de la raisonner.
- Alors c'est d'accord, finit-elle par lâcher. Mais tu es bien consciente que tu vas devoir y passer la journée ?
- Oui, j'en suis consciente. »
Dorothy me répond en levant seulement les mains, sans aucun argument de plus. Décidée à me faire enfermer, je me mets dos à ATKINS, y croise les mains pour qu'il me passe les menottes et je regarde Dorothy remplir des papiers, sans doute pour ma mise en isolement.