CHAPITRE I (3/3)

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"— Lorna, à ce sujet..."

Il sembla mal à l'aise, s'agitant sur place, comme s'il ressentait de l'angoisse à l'idée de lui faire une certaine révélation. Lorna sentit cette inquiétude et la ressentit à son tour. C'est avec appréhension qu'elle le questionna alors

— Oui, Vincent, qu'est-ce qu'il y a ?" fit-elle en le fixant du regard.

Il tenait sa manche pour se guider dans le quartier. Tenir son vêtement était une manie chez lui, il touchait beaucoup ses vêtements.

"— Lorna, et si nous partions ensemble en quête de cette paix ? J'aimerais t'aider, et... Et sûrement j'aimerais t'avoir avec moi. Ça fait longtemps, que je n'ai pas parler à quelqu'un."

Il sourit bêtement, alors gênée, elle fit de même. Cependant le fait qu'il dise la vouloir auprès de lui si rapidement lui suscitait de la méfiance, elle trouvait ça étrange, et la plupart des garçons sont trop perfides pour qu'elle puisse se permettre de se poser aucune question. Jamais elle n'a été en couple, elle est trop maladroite pour maintenir — ne serait-ce — qu'une relation amicale à long terme. Parfois ils viennent lui parler puis quand l'apparence termine enfin de les duper, ils s'en vont et ne reviennent plus. Voilà les questions qui se bousculent dans sa tête, mais son cœur a tendance à parler trop vite.

"— Vincent, l'idée de partir à deux en quête d'une Paix n'est-elle pas sublime ?"

Alors qu'elle lui commençait une tirade à ce sujet, lui pouffe de rire. Ce ricanement se transforme en un fou rire qu'il se prend en se recroquevillant. Mal à l'aise, elle se tut alors.

"— Ah ! Qu'est-ce que t'es bizarre, toi..."

Alors qu'il ricanait encore, elle était plus que gênée, et elle souhaitait juste qu'il finisse de se rire d'elle. Pendant ce temps, elle l'observa. Elle observa les boucles blondes rebelles qui se redressent sur sa tête, elle observe ses yeux morts qui possèdent une lueur de joie permanente, ils luisent sous le soleil naissant lorsqu'il les pose en sa direction, sans pour autant qu'il parvienne à trouver les siens. Ses yeux sont toujours figés autre part, toujours il lui semble rêveur ou distrait, et souvent ses lèvres s'étiraient en un sourire amusé, la persuadant presque qu'il devait voir une chose formidable dans son obscurité. Lorsque Vincent se calmait, peu à peu, il remarquait que son amie ne se faisait plus entendre. Il comprit alors son embarras, et cesse définitivement ses moqueries.

"—... Tu parles comme un livre, dit-il avec un sourire qui exprimait la sincérité de ses dires, je t'admire, tu as l'air d'être tout droit sorti d'une vieille romance médiévale, ou un truc dans le genre... Je ne sais pas, tu dois savoir mieux que moi, « madame la poète » !"

Aussi étrange que cela puisse paraître, cette taquinerie sonnait comme un très joli compliment à ses oreilles. Alors que lui souriait avec enthousiasme et admiration, elle possédait une lueur d'émerveillement dans ses yeux après avoir entendu ces mots. Était-il sincère ? En tout cas, c'était très flatteur.

"— Je ne sais encore ce qu'est la paix, c'est une évidence, mais...

— Oui ?

— Être avec toi me fais déjà connaître une étrange sérénité."

Il ricane.

"— Quoi ? Pourquoi tu rigoles ? J'ai toujours l'impression d'être bête avec toi, tu ne sais pas mettre les gens à l'aise, c'est fou.

— Non non, loin de là, fit-il. C'est juste que tu viens de mourir, tu viens de voir une maman hurler ses entrailles, un enfant qui quitte notre monde... mais tu arrives à dire que tu es sereine.

LES ÂMES TROUBLÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant