LES ÂMES TROUBLÉES

CHAPITRE II (Partie 1)

Alors qu'ils regagnaient les rails au milieu de cette verdure qui bordait la petite rue, ils commencent à dévaler le long de celles-ci quand soudainement, une question monte à la tête de la jeune femme.

"— Au fait, comment on trouve la Paix quand on ne connaît pas la source de notre mal être ?"

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CHAPITRE II 

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Vincent lui avait expliqué qu'il va bien falloir qu'elle trouve du temps pour y réfléchir. En effet, on ne peut pas commencer à aller de l'avant sans savoir où on va. Ils étaient en train de dévaler la route déserte, Vincent marchant avec entrain et Lorna, plus lente, comme alourdie par ses propres pensées. Vincent ressentait sa lourdeur à travers son intonation même : son débit était lent et bas. Comme il était devant Lorna, Vincent ralentit le pas pour revenir à elle.

"— Tu n'as toujours pas trouvé, Lorna ?"

Celle-ci répond négativement d'un bref hochement de tête. Son regard était figé sur un point, ses sourcils sont froncés et elle mord ses ongles. À l'intérieur d'elle devait avoir lieu un grand ouragan, contre lequel elle luttait pour trouver les réponses à ses questions.

"— Enfin, on a tous vécu des bas dans la vie.

— C'est sûr, confirme-t-elle.

— Il va falloir que tu me parles des tiens. De cette manière, on saura au moins sur quel genre de choses mettre le doigt. "

— Je ne suis pas sûre, souffle-t-elle les yeux au ciel, l'air de désapprouver l'idée.

— Mais si, moi je suis sûr Lorna. Ce n'est pas sorcier, dis ce que te passe par la tête. Laisse ton inconscient parler.

— Ce n'est pas sorcier, tu dis ? Si, ça l'est, contredit Lorna."

Vincent dépité, ralentit sa marche. Peu à peu, les deux s'arrêtaient en chemin.

— Et pourquoi ça le serait ? Demande-t-il.

— Je suis habituée à ne pas le faire, j'en ai perdu l'habitude.

— Pourquoi cela ?

— Parce-que c'est très dur de vouloir confier ce qu'on a sur le cœur, mais très bien savoir que personne n'en a vraiment quelque chose à faire des tes sentiments. Être la gentille, celle qui va toujours dans le sens des autres, celle qui n'arrive pas à s'exprimer, qui a peur de contredire... c'est malheureux ! Ma façon d'être est trop complexe."

Un silence s'installait. Alors que Vincent l'écoutait avec attention, Lorna était à présent en pleine réflexion. Elle continua alors :

"— Je ferais bien mieux de m'isoler et de ne plus jamais voir personne. Ma famille, les autres personnes sont trop fatigantes émotionnellement, et il est difficile de supporter cette surcharge émotionnelle. Les conflits, l'hypocrisie... C'est vraiment fatiguant. Combiens de maux faudra-t-il encore que je subisse pour qu'on me prenne en compte ? Car je ne crie pas on ne pose même pas un regard sur moi. Car ils savent que je ne crierais pas, ils me rongent. Si j'émet - ne serait-ce - qu'un gémissement, "Tu as changé. Tu es égoïste". Alors je...

— Alors tu te tais et l'idiote que tu es se persuade que tu dramatise" finit Vincent.

Lorna s'était exprimée avec une soudaine sincérité, la forte émotion qui accompagnait son discours lui mit les larmes aux yeux et la boule au ventre. Elle avait sûrement encore tant à dire, mais c'est comme si sa gorge se serrait, refusant de laisser sortir d'autres mots de sa bouche. Alors tout ce qu'elle ne disait pas, elle l'exprimait dans le fond de ses yeux luisants, dont le regard était si puissant que même Vincent ressentait la profondeur de celui-ci sans qu'il n'ait à le voir.