Chapitre 36

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Arié

7 jours avant le choix final :


Il se retourne, ses pas l'éloignent de moi. Je le suis ma main tendue vers lui. Mes doigts se posent sur son bras, il se retourne immédiatement. J'ai comme une piqûre dans chaque doigt, des fourmillements qui se sont invités et qui remontent le long de mon bras. Une chaleur qui s'installe dans mon corps.

Je voulais rester loin de lui, j'étais persuadé que c'était la meilleure chose à faire pour arrêter cette douleur. Et je le suis toujours. Je suis persuadé que rester loin de lui est bénéfique pour moi, l'arrivée de Derya a été un nouveau souffle dans ma vie, une libération. Alors pourquoi je n'arrive pas à rester loin de lui ?

Je ne peux pas le laisser partir, j'aime lorsque nous sommes proches, lorsque ses lèvres se délient pour parler, lorsque ses yeux sont sur moi. Mais je n'aime que les paroles douces, les regards pétillants, je ne supporte plus la colère et la haine.

En ce moment, je ne vois plus aucune aigreur envers moi, il est mal et je n'arrive pas à décider si ça me dérange plus que la colère ou autant parce que ça aussi c'est douloureux.

Je ne cherche plus à me comprendre, ce malheur qui s'abat sur moi lorsqu'il va mal, cette peine qui s'ancre en moi lorsqu'il me fait mal.

Les deux ne devraient pas aller ensemble pourtant je crois que c'est normal, c'est ce qui arrive quand l'on aime quelqu'un. Alors ça veut dire que je l'aime. Etrangement, je ne rejette pas cette idée. Oui je l'aime et puis voilà.

Il me questionne du regard, voulant savoir pourquoi je l'ai retenu. Je n'ai pas vraiment de raison si ce n'est celle de vouloir plus de lui.

-Il n'y a pas de problème entre nous ?

-Il n'y a pas de problème entre nous. Me répond-t-il.

Je l'observe avec insistance, pour déceler sur son visage s'il me ment et pour graver chaque détail dans mon esprit. Ses yeux verts sont fixés sur moi, sur mon regard qui le dévisage, peut-être qu'il descend plus bas ou ce n'est que mon imagination. Moi, en tout cas, je laisse mon regard glisser sur ses lèvres.

-Alors pourquoi j'ai l'impression que tu me fuis ?

-Ce n'est pas toi que je fuis Arié.

Ses yeux paraissent plus noirs, plus fermés, je n'y déchiffre plus rien et ça me frustre.

-Mais quoi alors ? Que fuis-tu ?

Ses paupières se ferment et sa tête se penche en arrière.

-La douleur.

J'avale ma salive en le regardant fuir à nouveau. Que dois-je comprendre ? Que je ne suis que douleur ? Pas seulement pour moi mais pour les autres aussi ?

Je remonte dans ma chambre où je passe le reste de la matinée, je ne sors que pour le repas. Puis l'après-midi passe, longue dans ma tête, plus que les autres. Je me demande comment va Soren, quelle est cette douleur dont il parle.

Est-ce moi le problème ? Il ne semble pas fuir les autres. Je serai donc l'allégorie de la douleur pour lui. Ou peut-être que je suis aveuglé par sa façon de m'éviter, peut-être qu'il réagit de la même manière avec les autres mais que je ne fais pas attention.

Malgré mon esprit encombré, je ne change pas ma routine. Je remplis quelques papiers, discute avec mes sœurs, écoute en étant forcé Hannah me faire un développement complet de sa dernière lecture. Un entraînement à la piscine seul parce que c'est le jour de l'entraînement à la salle et que Maël ne fait jamais les deux. Une heure à la salle où je ne peux pas empêcher mes yeux de scruter le terrain de basket vide.

Against Traditions (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant