Chapitre 42

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Mariage Soren et Arié

Soren :

J'ai envie de vomir, pour de vrai cette fois. Mon costume est étendu sur la chaise devant moi, entièrement repassé. 

Ils me détestent. 

Je le vois aux regards sévères remplis de dégoût, je l'entends aux injures que sifflent leurs bouches, je le sens quand leurs mains m'enserrent l'épaule. 

Ils me détestent. 

Il n'y a plus aucun moyen pour qu'ils soient fiers de moi, ils ne me le pardonneront jamais. J'ai l'impression de mourir sous leurs regards et leurs paroles, j'étouffe sous cette vague brûlante de haine. Et j'aimerais revenir à cette époque où je n'avais pas cette impression mais en y réfléchissant, je me rends compte qu'avant ma rencontre avec les Osher, j'étouffais également, je mourais sans m'en rendre compte, périssait un peu plus chaque année. Cette souffrance n'était que retardée. 

Mais il y a autre chose, en rencontrant les Osher, j'ai trouvé une source de bonheur. Parce que si aimer Arié signifie me mettre ma famille à dos, me faire critiquer par le monde entier et souffrir de ces regards haineux, l'aimer c'est aussi passer ma vie avec une personne que j'aime et qui m'aime, nous soutenir ensemble, être heureux tous les deux. 

Comme je n'ai pas honte de me montrer avec Aelyn ou Maël, comme je soutiens Maodan et comme je me sens bien avec eux trois, ce sera la même chose avec Arié. Juste une personne de plus qui peut me rendre heureux avec un sourire. Alors je me concentre sur cette vision, celle d'Arié qui sourit pour me lever et enfiler ce costume.

Bien sûr que cette journée va être compliquée, mais si je n'y vais pas je me retirerais tout seul ces instants de bonheur. Je ne vais pas retarder les étapes compliquées de ma vie au risque de les rendre plus longues et plus dures pour après. Je vais me rendre à la cérémonie et me marier avec Arié. Je vais me bouger le cul et essuyer ces larmes. 

Je vais y arriver.

J'enfile ma chemise en vitesse, il ne me faut pas le temps de prendre plus peur, je ferme les boutons avant d'avoir aperçu mon tatouage. C'est un miracle que personne d'autre ne l'ai remarqué. Je mets mon pantalon et finit par ma veste. 

A peine les manches enfilés, je sens l'odeur de ma grand-mère me monter aux narines. Elle veut me pourrir la journée jusqu'au bout. Je soupire au moment où ma sœur rentre dans la pièce. Elle grimace en ajustant ma veste, elle aussi l'a senti.

-Bon, on va changer ça. Il doit bien y avoir un truc de rechange.

Elle attrape une veste de costume dans mon armoire, ce n'est pas exactement la même couleur et les manches sont légèrement plus longues mais selon Aelyn ça va passer. Elle me pousse hors de la pièce sans écouter mes protestations. Ses mains sur mes oreilles, nous traversons les couloirs de la maison Iversen jusqu'à être dehors. Elle me fait monter dans une voiture et s'installe à côté de moi.

-Je ne compte pas te lâcher avant que tu n'ai dit oui, Soren Iversen, sinon tu vas le regretter toute ta vie et je me taperai tes lamentations.

-Je me disais bien que ce n'était pas par pure charité.

Je penche la tête en arrière sur l'appuie-tête en lâchant un rire nerveux, Aelyn me prend la main sans un bruit et je la serre dans la mienne. 

Against Traditions (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant