CHAPITRE 2

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Les jours suivants sont passés à une vitesse folle. Deux semaines se sont déjà écoulées depuis le débat avec Bardella de jeudi dernier. À partir de là, je n'ai fait que de bosser. En effet, nos petits jeux de regards ne sont pas passés inaperçus, les gens me prennent maintenant à la rigolade. Au début, je trouvais ça drôle, mais maintenant, un peu moins. J'ai dû redoubler d'efforts afin de récupérer une image plus sérieuse auprès des citoyens. J'ai clairement passé la plupart de mon temps à l'Élysée, dans mon bureau, à traiter des dossiers et à élaborer des stratégies. Quand ce n'était pas le cas, j'assistais à différentes réunions, ou bien, j'étais sur différents plateaux télé afin de donner des interviews.

La fatigue se fait de plus en plus ressentir. Pour vous dire, si je dors quatre heures par nuit, je m'estime chanceux. J'ai le visage plus fatigué, avec des cernes. Je pense même que mon visage s'est affiné, me donnant un petit coup de vieux -mes cheveux gris n'aidant pas. En même temps, je me nourris essentiellement de Coca zéro et de clopes (enfin, c'est plutôt une cigarette électronique), nutritionnellement c'est pas fou, on peut le dire. Heureusement, c'est bientôt la fin.

J'ai eu le droit à un entretien privé avec le président de la République. Il m'a expliqué l'importance de notre image pendant au moins 45 minutes. J'ai également eu le droit à un petit coup de pression. Il ne faut pas que j'oublie que les élections sont dans quelques jours.

Comme si c'était possible.

Vous l'aurez donc compris, j'ai passé une semaine de merde. Mais si seulement il n'y avait que ça...

Les édits n'ont pas seulement changé mon image, elles ont aussi adouci celle de Jordan Bardella. Et ça, c'est pire que tout. J'ai bien peur que cet événement dédiabolise le RN, que les gens en n'oublie ce que c'est vraiment l'extrême droite. Je crains qu'ils ne gagnent des voix grâce à ça. Heureusement, ce sont les plus jeunes qui n'ont pas encore l'âge de voter, qui sont le plus influençable. J'espère donc que cela ne causera pas trop de dégâts. Je n'ai pas encore envie de me faire sermonner à nouveau par tout mon parti.

*

Nous sommes le vendredi sept juin, plus que quelques jours avant les élections, et plus que quelques heures avant la fameux dîner en compagnie de tout le Parlement. Rien que d'y penser, j'en suis déjà fatigué. Mais je n'ai malheureusement pas le choix de m'y rendre. Cela fait partie de mon travail.

En attendant ce soir, je m'active afin de clôturer mon dossier. Si je le termine aujourd'hui, je pourrai me permettre de me reposer un peu demain matin. Cela me ferait le plus grand bien.

Une fois mon travail fait, je souffle longuement de soulagement et me passe une main sur le visage. Bordel, que c'était long. Je remballe mes affaires à la vitesse de la lumière pour quitter mon bureau afin de rentrer chez moi. Arrivé à Matignon, je me précipite à l'intérieur de mon appartement pour me préparer un bon bain chaud pour me détendre.

*

Une sonnerie de téléphone me sort de ma sieste. Merde, je suis toujours dans mon bain. Je me dépêche de sortir de là, l'eau à bien refroidi. Merde, merde, merde. Je suis en retard. J'ai plusieurs messages non lus de la part de collègues me demandant quand j'allais arriver. Mon téléphone sonne une nouvelle fois. Stéphane Séjourné, mon ex-compagnon et accessoirement collègue, m'appelle. Je décroche.

« Gabriel ? » Dit-il d'un air inquiet. « Oui ? » Répondis-je d'un air innocent. « Où est-ce que tu es ? Le verre de bienvenu est quasiment terminé, on va bientôt passer à table. » S'empresse-t-il de me dire. « Désolé, je me suis endormi. J'arrive au plus vite. Merci beaucoup, vraiment. » Je raccroche, sans plus attendre et me prépare à toute vitesse.

LA FACE CACHÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant