CHAPITRE 1

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Ça y est.

L'heure de la campagne présidentielle pour les élections européennes a sonné. C'est le moment de tout donner. Les semaines à venir s'annoncent rudes, tout comme les précédentes. C'est dans ces moments-là que l'expression 'avoir un horaire de ministre' prend tout son sens. Je n'ai plus une seconde à moi.

Un nouveau débat m'attend ce soir. Et devinez contre qui ?

Bardella.

Nous nous ne sommes pas vraiment revus depuis plusieurs mois, la dernière fois datant de 2023 lors d'un énième débat. Depuis, je l'aperçois de loin à l'Assemblée.

Enfin, quand il daigne venir.

Il paraît qu'il est de moins en moins mauvais dans cet exercice. Je ne sais pas du tout si c'est vrai, donc j'appréhende un peu. On dit qu'il suit un programme intensif de coaching, j'ai peur d'être déstabilisé d'une quelconque façon et de perdre mes moyens. En plus, je n'ai pas le droit à l'erreur, ce débat pourrait donné une image décisive à notre parti pour les élections. Ils est hors de question que les extrêmes l'emportent. Je dois le gagner.

« Monsieur, il est l'heure. » Me dit-on. « Bien. » Répondis-je en suivant l'assistant.

Je souffle un bon coup, je me donne une bonne dose de courage et je monte sur le plateau. La présentatrice, Caroline Roux, est déjà là. Bardella aussi. Il me regarde fixement, les mains croisées, un sourire amusé en coin avec un air confiant. Je les salue tous les deux et m'installe à mon tour.

Que la fête commence.

*

Nous sommes assis, tous les trois autour de la table. L'émission est lancée, la présentatrice comment son speech habituel. Pendant son discours, je ne peux m'empêcher de sourire comme un imbécile heureux. Toute sorte de stress à quitté mon corps à l'instant où j'ai croisé le regard de Bardella. Toujours avec un sourire en coin, je jette un coup d'oeil vers mon adversaire. Sa tête est penchée vers le bas, en direction de ses notes. Comme si il avait senti le poids de mes yeux sur lui, il lève son regard et le jette dans le mien.

C'est intense.

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Je suis un peu gêné. Je détourne le regard et balade mes yeux partout autour de moi, toujours avec un air joyeux sur la face.

Bordel, il faut que je me calme.

Le débat commence enfin. Le premier sujet tombe à peine que nous sommes déjà en désaccord complet.

« C'est faux. » Bardella me contredit. Je réponds. « Je viens de le dire- » Il me coupe. « C'est faux. » Je renchéris. « Si, c'est vrai. »

« C'est faux » Il force. « Notamment pour des raisons de sécurité, c'est vrai. » Il continue de me contredire tel un enfant de quatre ans. « C'est faux. » Je fronce les sourcils, il me saoule.

Même Caroline Roux a l'air perplexe face à cet échange.

« Si c'est vrai. » « C'est faux. » Il a que ça à la bouche ou quoi? Je persiste, je sais que j'ai raison. « Bah si. » Il se tait enfin.

Quelques minutes plus tard, lors d'une discussion autour d'un nouveau sujet, Bardella insinue clairement que je mens au peuple français. Je décide de ne pas me laisser faire. « Tout à l'heure, lorsque je vous ai traité de menteur vous avez dit que j'étais irrespectueux. » Lançai-je, sourire en coin. Il fronce les sourcils. « Un point partout. » Il balance d'un air amusé.

On passe à un autre sujet.

« Il y a deux ans, pendant l'élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen écrivait noir sur blanc 'il faut sortir du marché européen de l'électricité'. Maintenant, vous nous dites qu'il faut rester dedans- » Jordan me coupe. « On sort de règles de fixation des prix. Ne faites pas semblant de ne pas comprendre. Le marché, il existe monsieur Attal. » Il ne me laisse pas en placer une, c'est insupportable.

LA FACE CACHÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant