ÉPILOGUE

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Plusieurs semaines sont passées depuis la fin des élections législatives, les Jeux olympiques sont enfin terminés. La France s'est calmée, faisant taire petit à petit, les derniers scandales qui demeuraient à notre sujet. Depuis quelques semaines, je ne suis officiellement plus Premier ministre démissionnaire. Et même si, au départ, cela était très difficile pour moi, aujourd'hui, je me rends compte que c'est la meilleure chose qui me soit arrivée, ce n'était juste pas le bon moment pour moi, je pense. Maintenant, je me sens plus confiant, plus serein, moins fatigué, moins stressé. Plus heureux, tout simplement.

Mais ça, je le dois aussi à Jordan.

Parce que tomber pour Jordan a été quelque chose de facile, un processus long et rapide à la fois. Je ne saurais pas exactement vous dire quand c'est arrivé. Ça m'est tombé dessus comme ça, sans que je m'y attende. Mais c'est arrivé doucement, puis durement. Je suis tombé irrévocablement et éperdument amoureux de lui. Et quand je m'en suis rendu compte, il était déjà trop tard. Je savais que je pouvais plus faire machine arrière.

Jordan Bardella avait marqué mon coeur à tout jamais.

Je pense que, au fond de moi, je l'ai tout de suite aimé, dès notre première rencontre dans l'avion. Quelque chose en lui pétillait dans ses yeux. Il avait ce petit truc en plus qui m'a plu, cette simplicité et cette sensibilité marquantes, qui m'ont donné envie d'en apprendre plus sur lui. Et en plus de le trouver terriblement séduisant, je l'ai tout de suite trouvé drôle et taquin, perdant à mon propre jeu, lors des différentes campagnes. J'aimais la tension palpable qu'il y avait entre nous à chaque débat, l'excitation de piquer l'autre, repoussant les limites, sans jamais être médisants ou mesquins. Mais je me suis mis beaucoup de barrières, m'interdisant d'éprouver des sentiments à son égard, ayant peur que tout cela soit le fruit de mon imagination. Mais finalement, j'ai pris mon courage à deux mains, et je l'ai laissé entrer dans ma vie.

Et maintenant, je suis comblé.

Mon regard se tourne vers ma droite, en direction de l'homme allongé sur le transat à côté de moi. Nous sommes dans mon jardin, confortablement installés autour de la piscine, profitant des derniers rayons de soleil de l'été.

Ses yeux sont fermés, protégés par ses lunettes de soleil. Sa respiration est lente et régulière, je pense qu'il s'est endormi. Il est adorable. Mais ça ne va pas m'empêcher de le réveiller. Je veux profiter de lui un maximum avant que je ne reprenne le travail.

Je meurs de chaud, j'ai envie d'aller me rafraîchir dans la piscine, mais avec lui. Alors lentement, alourdi par la chaleur, je me lève de mon transat et me dirige vers Jordan. Sans aucune délicatesse, je m'allonge sur lui, calant ma tête dans son cou. J'en profite pour y déposer quelques doux baisers furtifs. Je le sens frissonner sous mes lèvres, malgré la température élevée de ce début de mois de septembre. Je souris, satisfait de l'effet que je lui fais, alors qu'il émerge lentement de sa sieste. Je sens ses bras se déplacer sur ma peau, me caressant le dos distraitement, me donnant encore plus chaud.

« Tu me donnes chaud. » Déclarais-je. Un petit rire s'échappe de ses lèvres. « C'est toi qui es venu te coller à moi, je te rappelle. » Me dit-il, amusé. « Tu me manquais. » Lui répondis-je, m'installant un peu mieux contre son torse, entremêlant mes jambes avec les siennes. « T'es mignon. » Me répond-il, avant de me serrer fort contre lui, souriant contre ma peau. Puis, il dépose un baiser sur mon front.

J'ai à peine le temps de profiter, quelques minutes, de cette sensation de bien-être, que je sens Jordan se relever, m'entraînant avec lui dans ses bras. Il marche rapidement, courant presque. J'enroule alors mes jambes autour de sa taille et mes bras derrière sa nuque, afin de ne pas tomber. Je n'ai pas le temps de lui demander où il nous emmène, que je nous vois tomber dans la piscine, sentant la fraîcheur de l'eau m'entourer.

« Mais ça va pas ou quoi ? » Lui demandais-je, faussement énervé, après être remonté à la surface. Il rit, laissant sa tête retombée vers l'arrière. « T'as dit que tu avais chaud. » Me répond-il simplement, s'approchant de moi, sourire aux lèvres. « Idiot. » Dis-je en gloussant, m'agrippant à lui tel un koala.

Il agrippe l'arrière de mes cuisses, me tenant fermement contre lui, puis pose furtivement ses lèvres sur les miennes, avant de plonger son regard dans le mien, collant nos fronts ensemble. Mes mains se plongent naturellement dans ses courts cheveux, jouant avec.

« Dis, je voulais avoir ton avis concernant un truc. » Chuchote-t-il. « Dis-moi tout. » Lui dis-je, lui offrant un baiser encourageant. « J'ai envie de reprendre des études. »

Mes sourcils s'écarquillent de surprise, et un grand sourire prend place sur mon visage. « Ah mais trop bien ! En quoi ? Et tu sais déjà où ? » L'interrogeais-je, impatient de connaître ses plans. Il acquiesce en rigolant doucement, puis prend la parole. « Je veux faire des études de psychologie. » M'annonce-t-il, sûr de lui. Il continue. « Madame Boucher, la psy qui me suit, m'a beaucoup aidé. Ça m'a donc donné l'envie d'aider les autres à mon tour. » M'explique-t-il.

« T'es mignon. » Lui dis-je, faisant référence à ce qu'il m'a dit précédemment. Il sourit, secouant la tête de gauche à droite. « Vous êtes incorrigible, monsieur Attal. » Il dépose un baiser furtif sur mes lèvres. « C'est faux. » Répondis-je au tac-au-tac, me remémorant nos anciens débats. « C'est vrai. » Dit-il, amusé.

Un silence prend alors parce, pendant quelques secondes. Une question me vient à l'esprit. « Mais tu vas faire ça où ? Parce que ce n'est pas évident d'être accepté dans une fac. » Lui dis-je incertain, ayant peur de briser son nouveau rêve. « Justement, j'y ai beaucoup réfléchi. Et la meilleure option reste de faire mes études à l'étranger, dans un pays où le parcours sup' n'existe pas, où tu rentres comme tu veux dans la faculté de ton choix. Et puis j'ai besoin de changer d'air. J'aime Paris, mais j'ai besoin de renouveau. » Je me crispe dans ses bras. Son annonce me fait l'effet d'une bombe, me pinçant le coeur à l'idée de le voir partir loin de moi.

« Détends-toi, bébé, je pensais à la Belgique, pas à un pays à l'autre bout de monde. » Me dit-il en rigolant légèrement, m'embrassant la joue. Je me détends instantanément, et détourne le regard, honteux d'avoir d'abord pensé à moi plutôt qu'à ses ambitions. « Ça va, ce n'est pas très loin d'ici. » Répondis-je simplement. Il tient mon menton entre ses doigts, me faisant plonger le regard dans ses prunelles rassurantes. « Et tu ne sais pas le meilleur. » Me dit-il ajoutant du suspense.

Je secoue la tête, ne sachant pas où il veut en venir.

« L'Université de Mons n'est qu'à 240 kilomètres d'ici, soit à 2h30 de toi. Et l'horaire de cours n'est pas très chargé. Je pourrai me permettre de revenir très souvent, toutes les semaines, même. La Suisse me tentait pas mal aussi, mais c'est bien plus loin. Alors, le choix a été vite fait. » M'annonce-t-il en murmurant, sourire en coin.

Mon coeur se réchauffe à cette nouvelle. « On met bien le même temps pour traverser Paris, alors tranquille, ça va le faire. » Dis-je en riant. Son rire rejoint alors le mien.

« Je suis fier de toi, Jordan. Et de tout ce que tu accomplis. Quoi que tu choisisses de faire, je serai derrière toi. Toujours. » Ajoutais-je. « J'ai eu un très bon professeur. » Dit-il d'une voix amusé, mais douce, avant de plonger sur mes lèvres, nous transportant dans un baiser passionné, amoureux.

À bout de souffle, il se détache de mes lèvres, me regardant intensément. « Moi aussi, je serai toujours avec toi, pour t'encourager. Quoi que tu fasses. » Me dit-il. « J'espère bien. » Répondis-je, avant de continuer, sourire en coin, le regard espiègle. « Je compte bien devenir président de la République, un jour. Et j'aurai besoin de ma première Dame à mes côtés. » 

LA FACE CACHÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant