CHAPITRE 9

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Nous sommes mercredi soir. Plus que quatre jours avant le deuxième et dernier tour des législatives. J'ai passé une journée HORRIBLE. Cette folle furieuse de Marine Le Pen continue de s'acharner sur moi. Elle a déclaré, la nuit passée, que j'étais obsédé par Jordan, à tel point que je le harcelais de message, et que je le suivais même jusqu'à chez lui. Elle a bien évidemment ajouté que je l'avais forcé à m'embrasser.

Depuis ce matin, je reçois donc des milliers de messages sur les réseaux. Certains n'y croient pas, d'autres oui. Évidemment, je reçois énormément de haine, des menaces, d'insultes homophobes en tout genre. Même si tout ça, j'en recevais déjà avant, malheureusement. Mais là, c'est bien pire. Les gens se lâchent. On dirait que certaines personnes attendaient une erreur de ma part pour pouvoir me descendre. Mais je ne suis pas en pierre, alors tout ça me touche. J'ai été mal toute la journée, j'avais la tête ailleurs et une irrésistible envie de chialer toutes les larmes de mon corps. Jordan me manque terriblement, j'aurais aimé l'avoir à mes côtés, lui et ses bras réconfortants autour de moi pour me soutenir. Mais je ne peux pas. Je ne lui ai plus parlé depuis vendredi, afin d'honorer ma promesse faite à Macron. C'est le moins que je puisse faire vu la clémence qu'il a eu envers moi. Heureusement, Stéphane et d'autres de mes collègues, comme Valérie, sont là. Ils m'aident beaucoup.

Je ne sais pas exactement pourquoi Le Pen fait ça, le RN a remporté le premier tour, dimanche dernier. Je pensais qu'elle allait me lâcher la grappe. Mais visiblement pas. À moins que ce soit plus... personnel ? Peut-être essaie-t-elle de blesser Jordan à travers moi ? Je n'en sais rien, mais c'est une possibilité.

Quoi qu'il en soit, je suis épuisé. 

J'ai eu un rendez-vous de toute urgence avec Emmanuel Macron. Par je ne sais quel miracle, il est toujours de mon côté. Il ne m'en veut donc pas directement, bien qu'il soit énervé par la situation. Il est chamboulé, c'est l'image du parti en entier qui est remise en jeu. Il se rend bien compte que nous pouvons tout perdre à cause de ça. Nous nous sommes donc mis d'accord sur des solutions. Nous avons décidé qu'il ferait taire, comme convenu précédemment, les médiats. Mais nous devons quand même des explications aux Français. C'est pourquoi, je prendrai la parole devant la France entière, dans quelques minutes. Mon discours sera retranscrit en direct à la télévision. Je dois être convaincant, afin de regagner la confiance de nos supporters et de limiter les dégâts. Je me dois d'être honnête avec eux, afin qu'ils comprennent quel genre de personne est Le Pen.

Seulement, je ne suis pas super confiant. Je ne suis pas sûr de pouvoir les convaincre, étant donné que je dois cacher une partie de l'histoire. En effet, je ne peux pas révéler ce que vit Jordan, c'est à lui de le faire, s'il en a envie. Et je ne peux pas non plus, révéler la nature de notre relation. Je ne me vois pas faire une telle chose, sans en avoir discuté avec lui. Puis même, Macron souhaite qu'on soit discrets encore quelques jours au moins, alors la question ne se pose pas.

*

« Chères Françaises, Chers Français, l'heure est grave. Comme vous en avez sans doute entendu parler, des rumeurs circulent à mon sujet. Ces accusions sont fausses. Elles ont été inventées de toute pièce par Marine Le Pen, présente du groupe RN à l'Assemblée nationale. En plus de me diffamer, et de porter préjudice à la coalition 'Ensemble pour la République', cette rumeur vise à décrédibiliser les agressions sexuelles. En effet, en France, le nombre de victimes de violences physiques, sexuelles, et/ou psychologiques, est estimé à 321 000 femmes. Ce chiffre ne cesse d'augmenter d'année en année. Il s'agit là d'un sujet très sérieux, que nous ne pouvons pas prendre à la légère. Je trouve donc cela inacceptable, que Madame Le Pen utilise la souffrance de milliers de personnes afin de me nuire. Cela est complètement immoral et injuste, alors qu'à l'heure actuelle, les agressions sexuelles sont bien trop prises à la légère, dans notre société. » Dis-je en dirigeant mon regard de gauche à droite, balayant du regard les plusieurs dizaines de journalistes face à moi. Quelques membres de mon parti sont aussi présents, je les vois hocher la tête régulièrement, approuvant mes dires.

LA FACE CACHÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant