Au-delà des idéologies [Attal x Bardella]

Chapitre 4

Jordan était prêt. Il y avait réfléchi toute la nuit. Tous ses arguments étaient préparés et il était de très bonne humeur. Dans le taxi, il répétait encore et encore pour être sûr de ne rien oublier, mais le chauffeur le sortit de ses pensées :

« Nous y sommes, monsieur Bardella. »

Il ne répondit pas et sortit rapidement. Il avait en face de lui le grand bâtiment de la chaîne TF1. Quand il passa la porte, il croisa plusieurs de ses adversaires, mais essaya du mieux possible de les éviter pour ne pas se laisser déconcentrer. Même si Jordan paraissait très sûr de lui en apparence, il était facilement perturbé, mais il le cachait très bien.

Il cherchait désespérément sa loge, mais aucune indication ne lui permettait de dire laquelle était la sienne. Il finit par demander à une maquilleuse qui lui montra une des portes où simplement le panneau « vestiaire » était accroché. Il allait pousser la porte, mais quelqu'un l'interpella :

« Jordan ! Alors, es-tu prêt ? »

C'était Marine Le Pen, son mentor de toujours.

« Parfaitement prêt, comme toujours. » Il fit son fameux sourire sûr de lui.

« Viens avec moi, je sais que tu as toujours faim avant les débats. On va aller chercher un truc à la cafétéria. »

Il n'eut même pas le temps de répondre qu'elle le prit par le bras pour l'emmener vers l'ascenseur. En même temps, elle avait vu juste et le bruit que son ventre fit témoigna qu'il était affamé, alors il la suivit.

Arrivé à la cafétéria, il prit un café, une pomme, et Marine lui mit dans les mains un paquet de bonbons :

« Il te faut plus de sucre que ça si tu veux gagner le débat, » lui dit-elle avec un clin d'œil.

Il paya puis se dirigea à nouveau vers l'ascenseur, mais il fut encore une fois retenu par la blonde.

« Je préfère manger au calme dans ma loge. »

« Non, tu vas manger avec moi à une table. On va discuter. » Elle lui tendit la chaise où il s'assit lourdement, non sans souffler pour montrer son léger agacement.

« Dis-moi, que comptes-tu faire ? » lui lança-t-elle avec un regard noir en réponse à son attitude.

« Je ne souhaite pas en parler et vous le savez très bien, » répondit-il sèchement.

Sur ces paroles, il se leva et se dirigea enfin vers son but principal : s'asseoir seul dans sa loge au calme pour se concentrer avant le début du débat. Elle le regarda s'en aller sans le retenir mais souffla à son tour. Elle ne comprenait pas qu'il puisse être anxieux pour un débat qu'il était sûr de gagner, mais elle n'allait pas l'embêter plus. Elle voulait lui parler d'autre chose, mais ce n'était peut-être pas le moment finalement.

Jordan arriva enfin au bout du couloir vers la loge qu'on lui avait indiquée. Il s'en voulait d'être parti, il n'aimait pas être désagréable envers Marine car c'est elle qui lui avait tout appris. Alors, pour alléger sa conscience et passer à autre chose, il lui envoya un message en s'excusant. La conscience tranquille, il posa sa main sur la poignée puis effectua une légère pression sur celle-ci. La porte s'ouvrit et Jordan pénétra dans la pièce, toujours le visage rivé sur son téléphone, lisant la réponse de Marine. Un cri de surprise le fit lever les yeux et il aperçut son premier rival, Gabriel Attal, sans t-shirt, devant le miroir, les yeux grands ouverts. Ils restèrent là à se regarder à travers le reflet, figés, sans savoir quoi dire. L'homme à moitié nu devenait de plus en plus rouge et l'autre homme en face de lui rougissait davantage. Jordan finit par détourner le regard mais ne bougea pas pour autant. Gabriel, quant à lui, continuait de regarder son adversaire, tétanisé par ce qu'il venait de se passer. Jordan ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. C'est Gabriel qui décida de briser ce silence gênant :

« Vous comptez rester planté là ou vous allez finir par sortir ? J'aimerais finir de me rhabiller. »

Jordan ne savait pas quoi répondre, il ne regardait plus l'homme mais avait encore dans la tête les images du torse nu d'Attal. Il n'était pas très musclé mais on pouvait apercevoir de légers abdos se dessiner. À cette pensée, Jordan secoua la tête et sortit brutalement en oubliant de fermer la porte. Quand il s'en aperçut, il fit deux pas en arrière et claqua celle-ci. Il lâcha un « désolé » furtivement avant de pratiquement courir jusqu'à une autre pièce, cette fois-ci vide.

Il se laissa tomber sur une chaise et croqua dans sa pomme. Il n'en revenait pas. Pas pour ce qu'il venait de voir, même si la situation était très gênante et qu'il aurait du mal à regarder l'autre homme dans les yeux après cela, non. Il n'en revenait pas de ses pensées après l'avoir vu à moitié nu, Gabriel Attal n'était pas si mal. GABRIEL ATTAL, son rival numéro un, était plutôt pas mal.

Il continuait de manger sa pomme quand il entendit au haut-parleur que le débat allait commencer dans 10 minutes. Il fallait qu'il se reprenne et qu'il se reconcentre, lui qui ne voulait en aucun cas être distrait, et bien c'était raté...

Heureusement, il était déjà habillé, tant pis pour le maquillage. Il finit sa pomme à la hâte, avala son café qui était déjà froid d'une traite et sortit de la pièce. Il jeta un regard furtif en arrière pour voir si Attal était derrière lui et effectivement, l'homme sortait de sa loge, les joues encore rouges de gêne, mais cette fois-ci habillé d'un costume avec une chemise, une cravate et une veste de costume qui ne laissait apparaître aucune parcelle de son torse ou de ses bras. Jordan détourna encore le regard et marcha rapidement jusqu'à l'ascenseur pour ne pas croiser son rival.

Quand il arriva à l'étage du plateau télé, il salua brièvement le présentateur et les membres de l'équipe avant de finir ses bonbons. Il jeta son paquet et alla s'installer sur sa chaise. Un technicien lui installa un micro et une maquilleuse lui fit quelques retouches. Il revit Gabriel quand il s'assit à côté de lui, le visage cette fois-ci concentré. Il ne lui adressa aucun regard jusqu'à ce que le débat commence, où il leva légèrement les yeux vers lui, avec un léger sourire.