Le visage de Gabriel était rempli d'émotions diverses. La surprise, la peur, la joie. Tout se traduisait sur ses traits, si bien que Jordan, qui le fixait depuis maintenant quelques secondes, un sourire en coin sur son visage, brisa le silence pesant.
« Je vous ai fait peur, Monsieur Attal ? Ce n'était absolument pas mon intention. »
Volta aboya vers Jordan en grognant, comme si elle cherchait à défendre son maître d'une menace en approche. À cette heure-ci, la nuit était tombée depuis un moment, et la seule chose qui empêchait les deux hommes d'être dans le noir complet était le lampadaire qui éclairait le banc sur lequel était assis Jordan.
Ses jambes se décroisèrent quand il se décida à se lever pour s'approcher de Volta, alors même que Gabriel était encore figé face à la scène.« Chuuuut, calme-toi, je ne vais pas faire de mal à Gabriel, ne t'en fais pas. »
À ces mots, la petite chienne se calma immédiatement et se laissa même caresser doucement par la main du président du Rassemblement national.
La gorge de Gabriel se dénoua, et, incapable de réagir autrement que par instinct, il se contenta de quelques mots simples, qui eurent du mal à sortir de sa bouche.« Vo... Volta, elle s'appelle, c'est son nom. »
Jordan, qui s'était accroupi pour caresser Volta sur le ventre après que cette dernière s'était mise à se rouler au sol pour quémander plus de gratouilles, releva doucement la tête en direction de Gabriel et lui adressa son plus beau et sincère sourire.
« Volta, c'est un joli prénom, vous avez du goût, Monsieur le Premier ministre... »
Heureusement pour Gabriel, la seule lumière du lampadaire n'était pas suffisante pour que Jordan remarque la couleur de ses joues, qui venait de virer au rouge vif.
Le sourire de Jordan avait laissé sur son passage un tourbillon de papillons, et son cœur ne cessait de faire des loopings. L'instant était suspendu, et la seule chose dont rêvait Gabriel maintenant était la réciprocité de ce sentiment.
Jordan était calme. Lui qui avait passé une journée exécrable — que ce soit de son réveil, à l'homme qui lui avait craché sur ses chaussures, à toutes ces histoires avec Gabriel, ou pour clôturer le tout en beauté, aux réprimandes de Marine — était pourtant apaisé par la présence de Gabriel.
Au fond de lui, il le savait, un sentiment bien plus fort que ce qu'il aurait imaginé était en train de naître. Son cœur s'accélérait alors qu'il regardait le visage presque enfantin de celui qui était pourtant son aîné, et il résistait tant bien que mal à ses pulsions, et à cette envie que lui dictait son corps d'étreindre Gabriel contre lui.
Il détourna le regard, gêné.
Comme quoi, peut-être bien que Marine avait raison. Ces regards en disaient bien plus que ce qu'il ne pensait.« Je peux savoir ce que vous faites à une heure si tardive dans ce parc, Monsieur Attal ? Dois-je vous rappeler qu'il y a un dîner demain soir, et que vous feriez mieux d'être reposé si vous ne voulez pas vous effondrer face à mes attaques politiques implacables ? »
Le ton de Jordan était à la fois amusé et protecteur ; Gabriel en sentait la sincérité, mais il fut trop perturbé pour le remarquer.
« Le, le, le dîner ?? MAIS OUI, LE DÎNER ! »
Jordan éclata de rire face à la détresse apparente de Gabriel. Pourtant, il s'en voulait un peu. Le Premier ministre était surchargé de travail au point d'en oublier les événements incontournables de la vie politique. Il se reprit quelques secondes plus tard, voyant la panique apparaître sur le visage de son rival politique.
« Non, Monsieur Attal, ne vous en faites pas, ça va aller. Je peux vous raccompagner si vous le souhaitez. Il se fait tard, je ne peux pas vous laisser rentrer seul dans les rues de Paris. »
À ces mots, le visage de Gabriel devint encore plus rouge, mais la différence n'était pas notable tant le Premier ministre arborait une couleur tomate.
« Oh euh, je... ne vous en faites pas, je vais rentrer, merci de votre proposition et du rappel ! »
Il passa sa main gauche dans ses cheveux, à l'arrière de son crâne. Sa gêne était presque palpable, si bien que Jordan n'insista pas plus, par peur de le mettre encore plus mal à l'aise qu'il ne l'était actuellement.
« Bon eh bien, faites attention à vous, et à demain, Gabriel. »
« À demain, Jordan. »
(...)
Le réveil de Gabriel venait de le tirer d'un sommeil profond et réparateur. Qu'il le veuille ou non, cette rencontre fortuite avec Jordan lui avait fait beaucoup de bien et il s'était endormi en quelques minutes en se jetant dans son lit.
Il restait cependant hanté par une idée : Jordan était le président du Rassemblement national, le parti dont les députés ont voté contre le mariage pour tous, et dont la majorité des élus restent conservateurs au sujet des droits LGBT.
Jamais, au grand jamais, le sentiment qu'il ressentait pour son ennemi politique ne serait réciproque, et ça lui brisait le cœur.
Son réveil sonna une seconde fois, le ramenant à la réalité. Il avait rendez-vous avec sa maquilleuse en fin d'après-midi, mais avant cela, il avait encore des tonnes de dossiers à gérer.
Il n'avait pas de temps à perdre.(...)
La pile de dossiers avait certes diminué de taille, mais elle faisait encore un bon 70 centimètres. Malheureusement pour Gabriel, il fallait qu'il se rende au rendez-vous fixé avec sa maquilleuse, l'heure approchait à grands pas. Dans son malheur, il avait quand même une chance : sa loge se trouvait à seulement quelques portes de son bureau.
Il se leva et attrapa sa tasse de café, qui était restée en plan après qu'il eut été happé par son travail, et but quelques gorgées de la boisson qui était devenue froide.
Il grimaça et se dirigea vers la porte de son bureau, soufflant un bon coup. Il devait assurer ce soir, et il était hors de question qu'il ait le moindre écart de comportement parce que Jordan serait présent. Avec un peu de chance, ce dernier serait loin de lui et il n'aurait même pas à lui adresser la parole.
En ouvrant la porte, il tomba sur sa maquilleuse qui l'attendait de pied ferme avec un grand sourire, un ceintre et ce qui semblait être un costume, mais il était couvert dans un sac de protection en toile grise.« Tu aimes le bordeaux, Gaby ? »
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Au-delà des idéologies [Attal x Bardella]
FanfictionJordan est en couple avec Nolwenn depuis plus de 3 ans. Ils habitent ensemble et elle est un soutien immense dans sa carrière politique montante. Gabriel est le plus jeune premier ministre de l'histoire de la 5ème République. Pourtant sa vie personn...