Chapitre 3

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Le réveil sonna dans la chambre de Gabriel, qui dormait profondément, un filet de bave dessinant une tache sur l'oreiller. Il frappa violemment le réveil pour le faire taire, et lâcha un grognement.

Il s'extirpa avec difficulté des couvertures et se dirigea vers sa salle de bain afin de revêtir une chemise et un pantalon. Pas le temps pour plus de folies, le rendez-vous avec le président était dans une heure, il aurait tout le loisir d'être maquillé et habillé avec plus de grandeur plus tard dans la journée.

Pendant qu'il troquait son pyjama contre ses habits du jour, il passait en revue ses adversaires pour ce soir : Manon Aubry, François-Xavier Bellamy, Léon Deffontaines, Raphaël Glucksmann, Marion Maréchal, Marie Toussaint, et enfin Jordan Bardella.

Jordan Bardella. C'était probablement la tête de liste qui intimidait le plus le Premier ministre. Il savait qu'il pouvait facilement prendre le dessus en débat, et sa personnalité forte le démarquait.

Le temps de réfléchir à cela, Gabriel s'était brossé les dents et coiffé, et se dirigeait vers son salon afin de rassembler les quelques affaires nécessaires à son rendez-vous avec le président.

Il attrapa son fidèle sac en cuir qu'il ne quittait jamais, y enfourna ce qui semblait être des notes prises à la hâte pour le débat, son téléphone portable, son stylo préféré pour prendre des notes, et claqua la porte de son appartement pour rejoindre son chauffeur qui l'attendait en bas.

Sur le trajet, il ne pouvait s'empêcher de regarder par la fenêtre et fut sorti de ses pensées par le conducteur qui lui signala leur arrivée à l'Élysée.

Quand il quitta la voiture, sa première vision fut celle d'Emmanuel Macron qui l'attendait de pied ferme sur le parvis. Il le salua de la main en claquant la portière derrière lui, et s'avança sous les signes de main des agents de sécurité présents sur le site.

Il se mit à la suite du président une fois arrivé sur le parvis et ils entrèrent dans le palais en direction de leur salle de réunion habituelle. Alors qu'ils traversaient les longs couloirs de l'Élysée, Emmanuel s'adressa à Gabriel :

« Je suis vraiment désolé de devoir t'envoyer en débat alors que tu n'as eu que quelques jours pour te préparer. J'ai essayé de discuter avec Valérie, mais elle n'est vraiment pas en capacité de pouvoir assurer un débat face à autant de candidats... »

Il ouvrit la porte à Gabriel qui lui répondait en entrant :

« Ne vous en faites pas, monsieur le président. J'assurerai le débat comme Valérie l'aurait fait. »

Ils s'installèrent alors dans la salle. Cette dernière était plutôt spacieuse, et les tables étaient alignées en rectangle, laissant un espace au milieu. Un vidéoprojecteur retransmettait sur le mur l'écran de l'ordinateur. L'application Zoom était lancée.

« Valérie devrait être présente avec nous en visioconférence pour évoquer les quelques éléments qu'elle a initialement préparés pour le débat » dit le président en s'asseyant à côté de l'ordinateur. Il indiqua un siège juste à côté de lui pour que Gabriel puisse s'y asseoir.

Le président lança l'appel et Valérie s'y connecta. Elle semblait très fatiguée, et sa voix était faible. Ils évoquèrent ensemble de nombreux points du programme en vue des élections européennes. Mesures économiques, mesures sociales, immigration, tous les sujets furent passés en revue.

Gabriel semblait maîtriser tous les points abordés, et on aurait presque pu croire qu'il avait préparé ce débat depuis longtemps, alors même qu'il était une roue de secours.

Après deux bonnes heures de discussion, le président mit fin à la réunion. Valérie retourna se coucher complètement épuisée, sans même prendre la peine de quitter la réunion Zoom.

« Bien, je pense que nous avons tous les éléments en vue de ce soir. Ne sous-estime aucun de tes adversaires, ils sont tous aussi redoutables les uns que les autres. Ne te laisse en aucun cas déstabiliser, et tout devrait bien se passer. »

Gabriel hocha la tête en guise de réponse à son mentor et se retira en direction des toilettes.

Ces deux heures de réunion l'avaient fatigué et il avait besoin d'une pause.

Il entra dans les toilettes les plus spacieuses qu'il connaissait, et même après quelques années au gouvernement, il était toujours aussi impressionné par la taille et la grandeur de l'Élysée.

Il était appuyé contre un des lavabos, le deuxième sur la gauche en partant de l'entrée, son préféré. Ses mains recroquevillées en forme de soucoupe faisaient passer l'eau qui coulait du robinet à son visage. Il tourna la tête sur la gauche quand il entendit la porte s'ouvrir.

Stéphane.

Un instant de gêne envahit instantanément la pièce ; les deux hommes se regardaient fixement, et Gabriel fut le premier à détourner le regard.

Stéphane tenta une approche sympathique envers le Premier ministre :

« Eh salut Gab', je ne m'attendais pas à te voir ici, aha, ça va ? »

Le malaise était palpable dans sa voix, si bien que Gabriel fut incapable de répondre et se contenta de passer à côté de lui sans un mot, avant de quitter la pièce.

Pourquoi fallait-il qu'il croise son ex aujourd'hui ? Il avait besoin de se concentrer sur le débat à venir, pas de ressasser encore et encore ses souvenirs passés.

Quelques heures plus tard, Gabriel se trouvait dans les longs couloirs du bâtiment de la chaîne TF1.

Il croisa Raphaël Glucksmann et Manon Aubry qui discutaient à côté de la cafétéria, et il les salua d'un geste de main cordial.

Les deux hochèrent la tête en direction du Premier ministre en guise de réponse, avant de reprendre leur conversation.

Gabriel cherchait sa loge, mais aucun panneau n'indiquait où il devait se rendre.

Son air perdu intrigua un agent d'entretien, qui s'adressa timidement à lui :

« Oh euh bonjour, enfin bonsoir monsieur le Premier ministre, je peux vous aider ? »

Gabriel sursauta et se retourna vers l'agent :

« Oh bonsoir, excusez-moi, je ne vous avais pas vu, et oui, je cherche ma loge, j'aimerais me changer, vous savez où elle se trouve ? »

L'agent répondit par un hochement de tête négatif, mais lui indiqua l'endroit où se trouvait le vestiaire dans lequel Gabriel pourrait se changer.

Il avait vu juste. Après avoir tourné une fois à droite et deux fois à gauche, Gabriel se retrouva en face d'une porte sur laquelle était placardé le mot « Vestiaire ».

Il poussa la porte et personne ne se trouvait à l'intérieur.

Sur la coiffeuse se trouvait un saladier rempli de diverses sucreries. Gabriel y prit une fraise Tagada avant de se diriger vers le miroir qui se trouvait de l'autre côté de la pièce.

À côté de ce dernier se trouvaient des costumes tous aussi immaculés les uns que les autres, parfaitement alignés le long d'une penderie.

Sur l'un d'eux se trouvait une petite étiquette avec inscrit son nom. Il attrapa le cintre et déposa le costume à côté de lui, avant de commencer à déboutonner sa chemise.

Il retira cette dernière et alors qu'il allait attraper celle de son costume, il releva la tête d'un coup.

La poignée de la porte s'abaissa et la porte s'ouvrit, laissant Gabriel figé sans un mot.

Au-delà des idéologies [Attal x Bardella]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant