Chapitre 2

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Gabriel se trouvait avachi dans son canapé, bien loin de son image habituelle de Premier ministre. Un pot de glace à moitié entamé se trouvait dans sa main gauche et on pouvait entendre à la télévision en face de lui les répliques de la célèbre série Young Royals :

« Je ne voulais tout simplement pas te perdre. Tu es le seul ici à qui je sens que je peux parler. »

Autour de Gabriel se trouvaient encore les affaires appartenant à Stéphane, que l'on distinguait à peine dans la pénombre de la pièce. Lui et Gabriel s'étaient quittés quelques semaines plus tôt et, malgré la douleur, se débarrasser des affaires de Stéphane n'était pas une option envisageable pour le Premier ministre.

Ses cernes étaient creusées, et son sommeil pâtissait de la situation. Bien que ses sentiments pour Stéphane commençaient à s'estomper, tout ce qui se produisait autour de lui le lui rappelait, et la série qu'il était en train de regarder ne semblait pas aider.

L'appartement était sens dessus dessous, et on pouvait à peine distinguer les lattes du parquet sous l'amoncellement de vêtements et de pots de glace vides.

En temps normal, Gabriel était pourtant du genre ordonné, et son appartement, bien qu'assez simple, reflétait le personnage.

Des figurines de Warcraft sur les étagères du salon rappelaient le passé de gamer de Gabriel, dont le jeu préféré était Mario Kart sur la Nintendo 64.

Les dessins qu'il avait reçus de la part de certains enfants pendant ses déplacements étaient fièrement affichés sur le mur à sa droite.

Des plantes qui semblaient être négligées depuis quelques semaines au point de perdre leurs feuilles étaient placées des deux côtés du buffet sur lequel reposait la télévision.

L'état léthargique de Gabriel, qui ressassait sans cesse les souvenirs de lui et Stéphane, fut brusquement interrompu par la sonnerie du téléphone.

Gabriel laissa la sonnerie retentir dans l'appartement désespérément vide, n'ayant pas la force de répondre.

Il daigna se pencher pour attraper le téléphone sur la table basse quand il recommença à sonner une deuxième fois.

Appeler quelqu'un deux fois d'affilée un dimanche soir n'était pas commun.

Le nom « Emmanuel » était affiché sur l'écran.

Gabriel décrocha et colla le téléphone à son oreille.

« Gabriel, j'espère que tu as préparé de nouvelles choses pour le débat de demain soir. J'aimerais qu'on en discute demain matin. »

Évidemment, Gabriel n'avait rien préparé et avait tout sauf envie de participer à ce débat, mais ses obligations de Premier ministre passaient avant sa vie personnelle.

« Oui, monsieur le président, bien sûr, je serai là dès 8 heures demain. »

Il essayait de paraître enjoué et sûr de lui au téléphone, ce qui sembla fonctionner au vu de la réaction du président.

« Bien, à demain matin alors, Gabriel. »

Bip, bip, bip.

La journée de demain allait être longue.

Gabriel se leva difficilement du canapé et se dirigea vers la salle de bain, sans prendre la peine de mettre en pause sa série Netflix qui tournait en fond.

La pièce était spacieuse, une baignoire trônait même à droite de la cabine de douche.

Sur les étagères à côté du grand miroir se trouvaient alignés une dizaine de produits de skincare, que Gabriel ne prenait plus la peine d'appliquer depuis que Stéphane était parti.

Il alluma le robinet de la baignoire et la laissa se remplir pendant qu'il se déshabillait.

Les quelques gouttes de savon qu'il avait faites tomber dans l'eau recouvraient la surface de la baignoire en formant une mousse opaque.

Il se glissa dans la baignoire et y resta plusieurs longues minutes sans un bruit, essayant de réfléchir à ce qu'il pourrait proposer comme idées au président demain.

Il tourna la tête vers son peignoir de bain et se décida à sortir.

Il s'enveloppa à l'intérieur et frotta vigoureusement ses cheveux pour les essuyer avec sa serviette, les mettant sens dessus dessous, non sans lui donner un certain charme.

Il se dirigea alors ainsi vêtu vers sa chambre et attrapa son pyjama préféré 100 % coton.

Il l'enfila et se glissa quasiment instantanément dans son lit.

C'était le seul endroit qui lui offrait encore un peu de réconfort.

Il s'endormit, complètement épuisé par son état, quelques minutes après, dans un sommeil sans rêves.

Au-delà des idéologies [Attal x Bardella]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant