Chapitre 14

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Le tas d'affaires appartenant à Stéphane avait disparu de l'appartement de Gabriel.
Le rangement que le Premier ministre avait effectué était enfin terminé et il était décidé de passer à autre chose. Le message de sa sœur sur le plan de travail, ses activités de Premier ministre et le retour de Volta lui avaient permis de se convaincre enfin de laisser son histoire avec Stéphane derrière lui.
Il redoutait cependant toujours de le croiser au détour d'un couloir de l'Assemblée. Son cœur ne devait pas chavirer de nouveau, pas après la façon dont leur histoire s'était terminée.

« Gabriel, tu rentres encore après 21h, tu ne m'aimes plus ou quoi ? »

Le Premier ministre se trouvait dans l'entrée de son appartement et Stéphane était assis devant la télévision, Volta sur ses genoux.

« Non mais Stéphane, tu sais très bien que ça n'a rien à voir, je suis juste très occupé en ce moment, et Emmanuel me demande beaucoup...
Il a même évoqué le fait que je puisse devenir Premier ministre un jour pendant la réunion. »

Stéphane, qui avait baissé le son de la télévision pour entendre Gabriel, se contenta de lever les yeux au ciel.

« Et Macron ceci, et Macron cela, c'est bon, tu veux pas te marier avec tant qu'on y est ? »

Gabriel ravala sa salive et accrocha son manteau derrière la porte. Il savait que cette situation n'était pas saine, mais il était terriblement amoureux de Stéphane, et il ne parvenait pas à imaginer sa vie sans lui. Alors il restait, et il subissait son comportement qui devenait de plus en plus exécrable au fur et à mesure des années.
Il se dirigea machinalement vers la salle de bain pour prendre une douche bien méritée après sa longue journée.

« Et mon bisou, c'est trop demander à monsieur le futur Premier ministre ? »

Gabriel se stoppa dans son élan et fit volte-face pour se diriger vers le canapé. Il s'abaissa à la hauteur de Stéphane et déposa ses lèvres sur les siennes, dans un baiser qui traduisait son épuisement.
Stéphane recula sa tête et boucha les narines, sa tête grimaçant de dégoût.

« Ouais, nan, t'as raison, va à la douche, c'est horrible, comment on peut transpirer autant en étant assis le cul sur une chaise toute la journée à rien foutre ? »

Gabriel baissa la tête, comme pour s'excuser, et se dirigea sans volonté vers la salle de bain et ferma le verrou derrière lui. Son corps glissa, dos à la porte, jusqu'à ce qu'il s'effondre en larmes, complètement recroquevillé sur lui-même.

Ce genre de soirées ne faisait que se répéter et s'intensifier avec le temps, jusqu'à ce que Stéphane ne le quitte définitivement. Gabriel avait alors passé des journées, soirées et nuits entières à déprimer.

Mais depuis quelque temps, il se sentait mieux. Comme s'il ressentait de nouveau ces petits papillons, ceux des premiers émois amoureux, ceux qui transportent, ceux qui font rêver, ceux qui motivent. Gabriel tentait inévitablement de repousser ses sentiments, mais pourtant son corps entier lui criait ; il ne rêvait que d'une chose : sentir le corps de Jordan Bardella contre le sien.

Alors qu'il était assis dans son canapé à penser à son ennemi politique numéro un, il se décida à ouvrir l'application TikTok. Jordan n'avait rien d'exceptionnel, et un tour sur son compte devrait le lui confirmer sans problème.
Il pianota dans la barre de recherche et le visage du président du Rassemblement national recouvrait maintenant son écran.
Gabriel sentit de nouveau les papillons prendre leur envol au cœur de son estomac, et il défila les vidéos.

Au-delà des idéologies [Attal x Bardella]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant