Chapitre 17 : Discussion nocturne

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Dans un trajet des plus silencieux qui les menaient à Javenche, Arizona ne pouvait s'empêcher de regarder Bobby. Son visage lui rappelait définitivement des souvenirs. Mais avec tout le poids de son enfance, elle était incapable de faire un lien. 

Quand la porte de l'appartement s'ouvrit et laissa apparaître le visage de Nathanael, Soledad rêvait de lui sauter dans les bras. Elle n'en fit rien. Le poids des événements laissait un silence lourd. La nuit qui se profilait n'aida personne à dormir. Soledad ne supportait plus d'être allongée sans que le sommeil ne vienne. Elle traversa l'appartement silencieux, un courant d'air vint lui caresser le visage. Cet air frais l'appelait. À travers la baie vitrée, elle reconnut facilement l'ombre de son frère qui fumait sur le balcon. La jeune femme au cœur en pleurs, traversa le salon sans un bruit car Arizona s'était endormie sur le canapé. 

- Toi non plus tu n'arrives pas à dormir ? 

Le jeune homme tourna la tête. Il esquissa un sourire avant de perdre de nouveau son regard dans le vide. Soledad s'installa près de lui, posa sa tête contre son bras et pleura à nouveau.

- Il me manque à moi aussi, dit Bobby se voulant rassurant. 

Soledad soupira en levant les épaules pendant que ses larmes ne s'arrêtaient plus de couler. 

- Je sais que ce n'est pas facile, mais il faut que l'on tâche de garder le bon dans tout cela ! 
- Comment veux-tu ? Tout ce que je pensais savoir de ma famille n'était que mensonge… Et voilà qu'à cause de riches connards, tout notre équilibre vole en éclat. 
- Le chemin a toujours des embûches. 
- Tu parais tellement détaché… C'était aussi ton père merde ! C'est tellement injuste… 
- Oui c'est injuste, oui je suis triste mais ma vie avec papa, elle a pas été aussi simple que toi et lui.. 
- D'accord mais tout de même. 

Il y eut un silence, puis Bobby reprit. 

- Tu te souviens du week-end de pêche qu'on devait faire lui et moi ? 
- Oui, dans le Vermet ? Dans la cabane de grand papa. 
- Bah c'est pas vraiment ce qui s'est passé. Sur la route on a eu un pneu crevé. Un type un peu sympa nous a aidé à changer la roue et dans sa voiture, il y avait 2 enfants, dont cette gamine. Aujourd'hui je la reconnais enfin. 

D'un mouvement de tête, il indiqua la blonde qui dormait sur le canapé. Puis il poursuivit. 

- Elle était couverte de bleu, amaigri et elle avait peur. Elle ne devait avoir que 6 ou 7 ans. Papa m'a appelé pour me dire de remonter en voiture. Quand je me suis installé, il était livide, et on n'est jamais rentrés si vite chez nous. Ce soir-là, on était chez la voisine, tu te souviens ? Celle qui fait des biscuits immangeables au raisin sec. 

Le frère et la sœur rigolèrent à l'évocation de ce souvenir. 

- Je me souviens, quelle soirée de merde. 
- C'est ce soir-là qu'il a été décidé de protéger maman. Tout le village rassemblé par papa, tout le monde était prêt à enterrer même vivant un Torres ou un Ferrari. Papa me l'a raconté des années après quand je lui ai demandé de retourner pêcher tous les deux. Tu sais, notre petit village cache de lourds secrets que personne ne devrait connaître. 
- Putain c'est des fous… 

Jamais Soledad n'aurait pu croire qu'il existait des mensonges tel qu'un village entier était capable de les taire. Cette conversation avec son frère lui faisait autant de bien qu'elle ne lui rendait l'espoir encore plus flou. Allait-elle sortir enfin de toute cette vie qu'on lui a caché. La jeune femme se surpris à penser qu'avec Nathanael, jamais ils ne mentirai à leurs enfants. Déjà, elle espérait bien un troisième et vrai rencard avec lui. Ricks était une vraie malédiction, mais elle n'allait pas renoncer à Nathanael si facilement. 

Le lendemain, Nathanael se réveilla avec un mal de tête exponentiel. Il avait l'impression qu'on lui avait écrasé la tête avec un camion. Mais il savait que c'était les effets secondaires de la drogue qu'il avait reçu. Il avait dormi dans le lit de Soledad avec son frère. Il y avait un canapé convertible qui permettait aux trois femmes de dormir ensemble. Beaucoup de choses se sont passées depuis la rencontre avec Soledad et il était peiné qu'elle ait dû faire face à tous ses problèmes.

Il alla dans le salon et constata que tout le monde était levé et ne parlait pas. Il faut dire qu'il fallait encaisser le coup. Ils prenaient le petit déjeuner. Son regard se posa immédiatement sur Soledad, qu'il trouvait magnifique. Il se devait de lui offrir un vrai troisième rendez-vous. C'était leur deal. Alors il s'approcha de tout le monde et dit : 

- Bonjour ! Tu aurais de l'aspirine s'il te plaît Soledad ?
- Bien sûr attends.

Elle lui sourit avec son plus beau sourire et alla chercher le médicament.

- Mal au crâne ?, demanda Bobby.
- Ouais, la drogue, c'est mal.

Il jetta un regard à Arizona qui semblait perdue dans ses pensées, voire terrifiée. Elle avait sûrement peur qu'ils les retrouvent. Nathanael aussi avait peur de ça mais ils ne pouvaient savoir qu'ils étaient là. Tout ça les avait traumatisés et il ne pensait pas s'en remettre comme ça.

Après avoir avaler le médicament, il s'assied sur le canapé à côté d'Arizona et toucha son bras. Elle le regarda, non sans peine, et il vit dans son regard toute la souffrance qu'elle avait enduré ses derniers temps.

- Tout va bien, on est en sécurité ici, tenta-t-il de la réconforter.
- Pour combien de temps ?, fit-elle la voix tremblante.
- On laissera personne t'approcher Arizona, confirma Bobby.
- Promis ?, demanda-t-elle.
- Promis.

Elle lui sourit et observa l'homme en face d'elle. Brun aux yeux noirs profond comme la nuit, elle se sentait protégée. Elle ne savait pas ce que la suite des évènements allait donné mais pour l'heure, elle était rassurée. Elle attrapa la main de Nathanael et la serra fort.

Les malheurs de RicksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant