Dernier Souffle | VALD Tome 2

Partie 5

J'enfile ma combi short noir, Sav me maquille et me coiffe pour l'occasion. J'aime assez prendre le temps de prendre soin de moi et sans mentir, une part de moi rêve de prouver à Valentin qu'il ne m'a pas atteint autant qu'il le pense ou l'espère. Ou est-ce simplement le fait que j'ai ce besoin irrépressible de lui plaire ? Dans tous les cas, ce soir, je me sens plutôt bien. Malgré le trac que j'ai pour mon fils qui va passer dans une émission internet plutôt connue que j'ai moi-même regardé à plusieurs reprises.

Merkus passe nous chercher. Il continue ses dernières recommandations auprès de mon fils :

- Surtout si tu es stressé ou tu sais pas quoi dire t'hésite pas à faire un signe à Valentin, il prendra la relève. Puis tu verras les deux gars sont plutôt cools. Ils vont te mettre à l'aise et tu ne participeras qu'à une partie de l'émission si à la pause tu en as marre, t'es pas obligé d'y retourner ok ?

- Oui Merkus. Dit-il d'un ton lasse.

- J'te soule ? Rit l'homme qui conduit.

- C'est juste que tu m'as déjà répété ça mille fois. Je suis pas complètement bête tu sais.

- Je sais ouais. Conclut-il en lui lançant un regard attendri dans le rétroviseur. Tu vas cartonner.

- Il est où Valentin ? Demande le petit garçon.

- Il est déjà là-bas avec Ad et Itaa. Sa sœur va venir aussi.

On arrive dans un immense batiment. On suit Merkus qui a l'air de connaître les lieux et Eliott est fermement attaché à ma main. Même s'il refuse de le montrer, je sais qu'il est angoissé parce que c'est nouveau et parce qu'il sait qu'il pourrait les décevoir et surtout décevoir le rappeur qui a cru en lui au premier regard. Quand on arrive dans une espèce de grand salon. Val et Itaa discutent avec les deux présentateurs de l'émission Doigby et Gotaga.

- Salut Merk ! Hey tu dois être Eliott. J'm'appelle Doigby.

- Bonjour. Murmure mon fils en se glissant un peu plus contre moi.

Après les présentation d'usage, on nous emmène dans une petite loge où une femme maquille légèrement Eliott pour qu'on son visage ressorte parfaitement à la caméra quand elle sort enfin, le visage de plus en plus tendu de mon fils se décompose et des larmes se mettent à perler sur ses joues.

- Hey mon cœur. Qu'est-ce qui ne va pas ? Dis-je en le prenant contre moi.

- J'ai peur Maman... Je vais pas y arriver.

- Tu vas pas réussir quoi ?

- Il y a plein de lumière là-bas et ils vont me parler et je vais devoir me concentrer longtemps. J'ai peur de dire des bêtises et que tout le monde se moque de moi.

- Qui oserait se moquer de toi ? Tu crois vraiment qu'il y a beaucoup de petit garçon de ton âge qui ont la chance de vivre ce que tu vis ? T'es le p'tit gars le plus malin que je connaisse. Tu connais des tas de trucs et tu sais toujours quoi dire. Reste toi-même Eliott tu n'as pas besoin de faire d'effort pour plaire à qui que ce soit. Je serai fière de toi. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses. Je serai fière de toi et je t'aimerai sans condition.

- Tu vas rester là ?

- Je serai là tout du long. Et si ça ne va pas tu n'as cas toucher la main de Val et je demanderai à ce qu'on abrège pour te faire sortir ok ?

- D'accord Maman. Tu peux me serrer fort s'il te plait ?

Je sers mon fils aussi fort que je le peux et l'embrasse sur le front.

- Tu vas tout déchirer mon bébé. Ai-je conclu en l'embrassant encore.

Ma sœur finit par nous rejoindre et j'en profite pour aller aux toilettes. Tout est grand et luxueusement geek. Il y a des affiches de jeux absolument partout et des trophée Youtube à n'en plus finir. Même dans la toilette, il y a des affiches de Youtubeurs que je ne connais pas. Quand je sors, Valentin est là. Appuyé au lavabo, il se frotte la narine pour faire partir la légère trace blanche.

Je lave mes mains au lavabo voisin et je ne peux m'empêcher de regarder son reflet dans le miroir. Il a le visage baissé. Les mains fermement agrippées au lavabo.

- T'arrêtes quand tu veux, c'est ça ? Ai-je demandé sans camoufler mon inquiétude.

- J'ai juste besoin de me détendre pour l'interview. Fais pas chier.

- T'as l'air super détendu. Ai-je rétorqué en levant les yeux au ciel.

- Je le serais si tu ne me cassais pas les couilles.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je plaque main contre son torse pour qu'il se retrouve collé contre le mur. Il n'a même pas la force de rétorquer.

- C'est sa première interview et il est flippé alors fais pas le con. S'il te touche la main tu abrèges et tu fais en sorte qu'il puisse sortir.

- A vos ordres. Dit-il en se laissant glisser contre le mur.

Je m'assieds en face de lui. Nos jambes mêlées les uns aux autres. Je le détaille du regard. Il est plus maigre, plus cerné, ses yeux plus rouges. Et je sais que je n'ai pas le droit de le laisser se faire du mal comme ça. Il a été là pour moi. Il est là pour Eliott. Et par-dessus, je tiens à lui. On reste là un bon quart d'heure sans échanger un mot. Je le regarde planer en espérant qu'un jour tout ça sera loin derrière. Pire encore, je me prends à espérer qu'un jour, il sera clean et que ce jour-là, ce sera toujours vers moi qu'il se tournera.