le masque du tigre | vkook

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖈𝖎𝖓𝖖𝖚𝖆𝖓𝖙𝖊 𝖊𝖙 𝖚𝖓

La musique en arrière plan, je me laisse emporter par la vague d'émotions qui me submerge. Si au début mes pas étaient hésitants, mon corps s'est souvenu de la manière dont il dansait auparavant.

J'ai les yeux fermés, pour ne pas me voir dans le grand miroir de la salle. Je n'en n'ai pas le courage. Et pour voir quoi, de surcroît ? Un gamin pleurer ? Pas la peine. 

Taehyung me manque. Malheureusement, les paroles de Yoongi m'ont redonné espoir. Je n'en n'ai pas parlé à Jimin, il était tellement heureux de voir les photos de notre famille... Haneul, notre tante, lui a donné une photo où nous apparaissons tous les quatre, avec nos géniteurs. J'ai failli la déchirer et la mettre à la poubelle en la voyant. Jimin la garde dans sa coque de téléphone. Il s'accroche à des bribes de famille brisée, à des souvenirs qu'il aurait pu avoir, comme tous les autres enfants.

Je ne lui en veux pas. Mais pour ma part, cette mascarade se fera sans moi. Comment pouvons-nous former une famille alors que nous n'avons jamais compté à leurs yeux ?

Quel lien lie Taehyung et Yoongi ? Après tout, mon ancien amant est venu me récupérer sans aucun encombre lorsque mon cousin m'avait kidnappé, et voilà que ce dernier me donne des nouvelles de V. J'en ai marre qu'on me prenne pour un con.

La musique s'arrête, une autre se lance. J'avais oublié à quel point la danse peut se montrer libératrice. 

Je ne sais pas combien de temps je passe à danser, les yeux fermés, perdu dans mon monde. Lorsque je rouvre les paupières, la nuit est tombée. Plus aucune lumière ne traverse les fenêtres.

"Je savais que tu étais doué en danse, mais pas à ce point." déclare une voix douce.

Mon corps, épuisé, n'a pas la force de se figer. Je reconnais cette voix. Par le biais du miroir, j'aperçois une silhouette appuyée contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur son torse. Ses cheveux rouges retombent sur son front. Il porte des vêtements noirs, amples, et une multitude de bagues et d'autres bijoux.

Une semaine. Cela fait une semaine que je n'ai pas de nouvelles, et le voilà qui réapparaît comme si de rien n'était ? La colère se déverse dans mes veines. J'ai envie de lui foutre mon poing dans la gueule.

Les mains tremblantes, je ramasse mes affaires, coupe la connexion bluetooth de mon téléphone et éteins l'enceinte. Je n'ai pas la force d'entendre ses explications, ses excuses, et tout ce qu'il voudra bien me dire. J'en ai assez. 

Les dents serrées, je le dépasse simplement et sors de la salle, éteignant la lumière derrière moi. Il va lui falloir plus que ça pour que je lui pardonne. J'exige au minimum un voyage au Bali et une demande en mariage. Sinon, il peut aller se brosser.

"Jungkook." soupire-t-il, pinçant l'arête de son nez.

"Taehyung." rétorqué-je sur le même ton.

"S'il-te-plaît, tu veux bien m'écouter ?" reprend-il, l'air peiné.

"Non."

Ses lèvres s'entrouvrent sous la surprise. 

Je ne dois pas penser au fait qu'il est encore plus beau depuis la dernière fois que je l'ai quitté. Que j'ai envie de passer mes doigts dans ses cheveux, de l'attirer à moi et de l'embrasser. Que j'ai envie qu'il me rassure, de l'entendre me dire qu'il m'aime à en mourir

Ses doigts s'enroulent autour de mon poignet pour me retenir. J'ai un mouvement de recul, agacé : 

"Ne me touche pas."

Une ombre passe dans ses prunelles et il serre les dents. Même s'il n'a pas son masque, je devine aisément que Taehyung a laissé place à V. Et que V exige qu'on l'écoute, qu'on lui obéisse.

"Ecoute-moi." grogne-t-il.

"Je ne suis pas un de tes chiens, Taehyung." asséné-je d'une voix froide. "Tu veux me parler mais tu n'as même pas le cran de t'excuser ? Tu m'as laissé sans nouvelles pendant une semaine, juste après qu'on ait couché ensemble, et tu oses te pointer ici en exigeant que je t'écoute ? Mais tu te prends pour qui, au juste ? Je suis censé être ton mec. Pas un objet que tu balances quand tu t'en es lassé."

Taehyung souffle longuement du nez, l'air sombre. Je me détourne une nouvelle fois, mais il ne me laisse pas le temps de m'éloigner. Il m'attrape par l'épaule avant de me plaquer brusquement contre le mur, m'entourant de ses bras pour m'empêchant de m'échapper.

"Je n'ai pas peur de toi." soufflé-je. 

"Je n'ai pas envie que tu aies peur de moi. Jungkook," rajoute-t-il, la voix brisée, "laisse-moi au moins une chance de m'expliquer. S'il-te-plaît."

Je laisse tomber mon sac de sport à mes pieds et croise les bras sur mon torse, le regard noir. Je sais pertinemment que cela ne sert à rien que je tente de m'échapper ; il ne lui faudrait pas beaucoup de temps pour me retrouver. 

V passe une main dans ses cheveux, les yeux dans le vague, comme s'il cherchait ses mots. Un long soupir franchit la barrière de ses lèvres avant qu'il ne lâche d'une voix faible :

"Pas ici. Les murs ont des oreilles."

Lorsqu'il s'éloigne, je me rends compte que je retiens ma respiration depuis qu'il m'a plaqué contre ce mur. Je prends une grande inspiration pour me donner du courage, et suis Taehyung à travers les couloirs, pour sortir du bâtiment. 

Sa voiture est garée devant. Il a déverrouille à distance et je n'attends pas qu'il m'invite à entrer que j'ouvre la portière passager, le visage froid.

Il s'installe à son tour et démarre le moteur.

"Tu m'emmènes où ?" soupiré-je.

"Dans un restaurant, dans le centre-ville. Tu n'as pas mangé." dit-il.

"Comment tu sais que je n'ai pas mangé ?" tilté-je.

"Oh, chaton, tu pensais sérieusement que je t'avais laissé sans surveillance cette semaine ?"

Mon sang se glace dans mes veines. Yoongi avait raison. C'est rassurant, mais c'est également flippant, de se dire qu'il m'a surveillé pendant sept jours sans même que je ne le sache.

Taehyung se gare devant un restaurant, dont la façade est traditionnelle. Je déglutis, essayant de ne pas me montrer impressionné. 

"Il s'est passé beaucoup de choses, durant cette semaine." avoue-t-il sans me regarder. "Promets-moi de ne pas me juger pour les actes que j'ai pu commettre, chaton."