le masque du tigre | vkook

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖖𝖚𝖎𝖓𝖟𝖊

Même s'il a un masque, je peux parier que V a un grand sourire sur le visage. Ses doigts quittent mon poignet et se lient aux miens, et mes joues prennent une teinte rouge. Je m'assois timidement à ses côtés, et heureusement pour moi, RM est de l'autre côté. Je n'aurais pas du tout été à l'aise s'il s'agissait plutôt de G-Dragon ou Zico.

J'attrape mon verre, et constate qu'il s'agit d'un soda sucré, et non d'un alcool fort comme je l'aurais imaginé. J'y trempe mes lèvres et bois une petite gorgée, profitant de la fraîcheur pour essayer de calmer mon angoisse. Je n'ai jamais été aussi proches d'eux, et je dois bien avouer que je suis mortellement effrayé d'être parmi les quatre As.

« Alors, Jungkook, parle-nous un peu de toi. » glisse le vert avec une moue narquoise.

Il a complètement délaissé son téléphone, qui repose actuellement sur sa cuisse. Les yeux brillants, il me regarde d'une manière espiègle.

« Laisse-le tranquille, Dragon. » siffle V en prenant une gorgée de whisky. « Répond-lui que si tu le souhaites, chaton. »

Je prends une teinte écarlate, et baisse le nez sur mon nez, sous les ricanements des quatre hommes autour de moi. Mordillant ma lèvre, je suis assez gêné du surnom employé, bien que je ressente une sorte de satisfaction. S'il m'a donné un surnom, c'est que je compte un peu pour lui, non ? Un petit sourire étire mes lèvres roses, malgré moi.

« Et bien, je m'appelle Jungkook, et j'ai dix-neuf ans. » fais-je d'une petite voix.

Ils s'échangent tous des regards étonnés.

« Tu as dix-neuf et tu travailles dans un bar comme le Sangeo ? » répète Zico d'une voix blanche. « Pourquoi est-ce que tu ne fais pas des études ? »

Je prends une gorgée de mon verre pour avoir plus de temps pour répondre. Qu'est-ce que je suis censé dire ? Que bien que j'ai les capacités pour faire des études importantes, je n'ai pas les moyen de financer mes études et celles de mon petit-frère ? Que je me sacrifie pour que Jimin ait les capacités pour évoluer dans ce monde ? Et puis, je pense que leur dire que je n'ai pas d'argent pour me payer des études est assez déplacé ; ils peuvent peut-être comprendre un sous-entendu qui n'a pas lieu d'être.

« Je n'avais pas envie de faire des études, c'est tout. »

V tourne la tête vers moi, silencieux. Ses doigts pianotent sur sa cuisse, tandis que les autres sont enroulés autour de son verre, comme ils l'étaient autour de mon poignet quelques instants plus tôt.

Le canapé en cuir est drôlement confortable. D'ici, on entend la musique en fond, et elle n'est pas trop forte, comme sur la piste de danse. C'est reposant, pour tout dire. Je remarque qu'ils ne semblent pas vraiment convaincus de mon explication, mais tant pis. Il faut dire qu'il y a vraiment peu de personnes de mon âge qui refusent de faire de grandes études ; les lycéens sont poussés par ses parents, qui leur mette une pression monstres pour qu'ils réussissent. Ici, tout le monde aspire à avoir un travail qui rapporte beaucoup. Et puis, ils n'ont pas besoin de savoir que je n'ai pas les moyens.

« Et tu as quelqu'un dans ta vie, en ce moment ? » reprend G-Dragon, mordillant son petit doigt avec une moue perverse.

Je pique un far, et secoue doucement la tête. Je me suis toujours senti isolé sur le plan amoureux. Je n'ai jamais ressenti le besoin de me mettre en couple avec quelqu'un, bien que j'ai déjà eu des petites attirances. V pose soudainement sa main sur ma cuisse et cette dernière se crispe. Je le sens agacé. Malgré moi, je frissonne. Pourquoi est-ce que je suis aussi réceptif à son toucher ?

Je finis mon verre cul sec, ne me rendant même pas compte que j'ai posé ma seconde main sur la sienne.

« Il va falloir que j'y retourne. » soufflé-je, un peu mal à l'aise.

Alors que je vais pour me lever, le rideau s'ouvre d'un coup en grand, et je vois mon patron débarquer dans la pièce, les sourcils froncés dans un air furieux. Le garde du corps derrière-lui envoie un regard en coin à V, mais ce dernier ne dit rien, attendant de voir ce que va dire ce dernier.

« Alors c'est là que tu te cachais, bon à rien ? » crie-t-il en m'empoignant violemment par le poignet.

Je manque de tomber à cause de la table, tandis qu'il m'attire sèchement contre lui. Les plateformes que j'ai en guise de chaussures ne m'aident pas vraiment à rester debout. Il me secoue brutalement, et je grimace de douleur. J'ai comme une sensation de déjà vu. À part que le dernier qui m'a secoué de cette façon s'est pris une balle dans le crâne.

« Je suis désolé, messieurs, qu'il vous ait importuné de cette manière. » dit mon patron en s'inclinant plusieurs fois envers les mafieux. « Tu n'es vraiment qu'un merdeux, Jungkook. Je sais pas ce qui me retient de te virer. » reprend-il pour moi en crachant.

« C'est la dernière fois que vous lui parlez de cette manière. » siffle V en se levant également.

L'homme pâlit et ses yeux s'ouvrent en grand. V est vraiment une personne imposante, et son masque est très effrayant. Il lâche mon poignet, et je m'empresse d'aller me cacher derrière le mafieux, comme un enfant apeuré.

« M-mais monsieur, sans vouloir vous offenser, Jungkook... »

« Ça suffit ! » grogne-t-il, hors de lui.

Il l'attrape brutalement par le cou, et mon patron glapit. Il étouffe rapidement à cause de la prise de V, et son visage devient rouge en quelques secondes. Je reste figé, et recule de plusieurs pas en arrière. V s'est toujours montré doux avec moi, et il ne m'a jamais vraiment montré son côté sombre, celui qui fait de lui l'assassin sans pitié qu'il est.

V est dangereux, terriblement dangereux ; je ne dois surtout pas l'oublier.