𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖍𝖚𝖎𝖙

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J'alterne entre plusieurs périodes de réveil et de sommeil, dans lesquels je sens un linge froid sur mon front. Ce n'est finalement qu'à partir du sixième réveil que mes yeux s'ouvrent pour de bon. Le corps entièrement courbaturé, je gémis un peu, plaquant mon avant-bras sur mes yeux. Bien que les souvenirs de la veille me reviennent violemment dans la figure, je ne me sens pas paniqué. Je suis sûrement encore trop faible pour avoir une réaction réaliste. Je me contente simplement de rester là, allongé dans ce lit beaucoup trop moelleux pour être le mien.

J'entends soudainement la porte s'ouvrir, grinçant légèrement sur elle-même. La chambre est entièrement plongée dans l'obscurité. En soulevant un peu mon bras, je constate qu'un filet de lumière provient du couloir, et éclaire la pièce. La chambre est grande, et de ce que je peux voir, assez luxueuse. Il suffit de voir le lit king size dans lequel je suis actuellement pour constater le niveau de vie de la personne chez laquelle je suis.

La personne s'avance à pas lents vers moi, et s'assoit à mes côtés. Je la vois hésiter un peu, et finalement glisser ses doigts dans mes cheveux. La porte est restée entrouverte. Plus elle s'approche, mieux je la voix. Elle porte un gros sweat à capuche gris, dont cette dernière est rabattue sur son visage, ne dévoilant que ses lèvres pulpeuses et bien roses et une partie de son cou.

« Tu vas mieux, Jungkook ? »

Un petit gémissement sort de ma gorge pour seule réponse. Le jeune homme semble néanmoins le comprendre, puisqu'il m'aide à me relever et à m'adosser contre la tête de lit. Il prend par la suite le verre d'eau ainsi que le cachet, tous les deux posés sur la table de chevet avant de me les tendre. Je le regarde, hésitant à avaler cette pilule.

« C'est juste un antidouleur, pas du poison. » reprend-il.

Je connais cette voix. Si suave, si sensuelle, mais si rauque à la fois. Un parfait contraste entre la délicatesse et la la puissance. Je dépose la pilule sur ma langue, puis prend une grande gorgée d'eau. Contrairement à la veille, mon mal semble diminuer un peu. Mon vis-à-vis reprend le verre, et le repose sur la table, toujours sans un mot.

Ses bagues émettent un petit bruit lorsqu'elles rentrent en contact avec le verre, et j'ai d'un coup comme une illumination. V. V est en face de moi, et je suis sûrement chez lui. Mais qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi est-ce qu'il m'a emmené chez lui ? Il aurait simplement pu me confier à quelqu'un d'autre, ou, j'en sais rien ! Les questions s'accumulent dans ma tête. Peut-être est-ce qu'il va me tuer ? Non, il ne m'aurait pas protégé vendredi. Mais alors pourquoi ?

« Comment... comment est-ce que tu connais mon prénom ? »

C'est la seule question qui franchit mes lèvres parmi la tonne qui tourne en boucle dans mon crâne.

Ma voix est faible, brisée, qu'un souffle dans la chambre. J'entends un ricanement provenir de sa direction, mais pas le même genre de ricanement que peut faire G-Dragon ; les siens sont vraiment effrayants. Non, lui, j'ai presque l'impression qu'il est attendri, et les battements de mon cœur s'accélèrent. Je suis à côté de V, et sûrement dans sa chambre. Il ne porte pas son masque. C'est la première fois que je le vois sans, et c'est une sensation étrange de savoir qu'il suffit que je repousse sa capuche en arrière pour voir les traits de son visage. Personne n'a jamais vu son visage, ou alors seulement les personnes qui sont le plus proche de lui.

C'est comme un privilège. Même si je ne vois que ses lèvres, je peux mettre ma main à couper que la plupart des autres personnes n'ont jamais vu autant que moi.

Je me fige quand sa main vient caresser avec douceur ma joue. Mon souffle se coupe, alors qu'il semble me regarder sous sa capuche.

« Je suis V. »

Sa voix me provoque de nouveaux frissons, chose qu'il remarque.

Son pouce s'égare sur ma lèvre inférieure un instant, et je rougis encore plus si c'est possible. Un sourire étire ses lèvres, avant qu'il ne retire sa main, sans geste brusque. Il garde la même grâce, même lorsqu'il est isolé du regard des autres. Il n'y a que moi dans la pièce, et qui voudrait impressionner un vulgaire serveur ? Puis, il se lève, et s'éloigne vers la porte. Toutefois, avant de totalement sortir, il se tourne à nouveau vers moi :

« Repose-toi. »

V sort de la chambre, et referme la porte derrière-lui. Je me retrouve à nouveau dans le noir complet. Et, je ne sais comment, mais la fatigue, qui s'était totalement envolée, revient au triple galop, et je me rendors en l'espace de quelques secondes.



Au total, c'est la septième fois que je me réveille dans cette chambre. Chiffre totalement approximatif puisque n'étant pas vraiment dans mon état normal, je l'ai désigné avec mes souvenirs flous.

Mon corps n'est plus douloureux, et je ne semble plus avoir de fièvre. Du moins, mon front n'est plus du tout chaud, et je me sens plein d'énergie. V a sûrement dû revenir, puisque le verre d'eau n'est plus là, et les volets sont ouverts à moitié. Je me redresse un peu difficilement, à cause de la fatigue, et me dégage de la couette dans laquelle je m'étais enroulé comme un sushi. Je pose doucement mes pieds au sol, et c'est à cet instant que je me rends compte que je ne porte plus mes habits de la veille. Au contraire, on m'a passé une longue chemise blanche. Les joues rouges, j'apporte la manche à mon nez et respire l'effluve. C'est le parfum de V.

Est-ce que je viens vraiment de sentir un vêtement ? J'ai presque l'impression d'être devenu l'un de ces adolescents dans les films transis amoureux d'une autre personne. Peut-être que c'est le cas ? Non, je ne suis pas amoureux de V, c'est simplement... de la curiosité. Avec un peu d'attirance.

Je me lève. Mes jambes tremblent légèrement, avant de finalement se stabiliser. Je ne sais pas si j'ai le droit de sortir de la chambre, mais tant pis. J'ouvre la porte, et sors seulement ma tête à l'extérieur pour tâter le terrain. Le couloir est énorme, blanc, et épuré. La décoration est minimaliste, mais tout est très joli et tout de même chaleureux. Plusieurs plantes et tableaux de paysages habillent les murs et le sol.

Il n'y a aucun bruit dans la maison. Je me glisse tout entier dans le couloir, et marche vers je-ne-sais-quelle-pièce, mes mains tripotant le bas de la chemise. Je n'ai pas osé fouiller dans les armoires pour prendre un bas, parce qu'après tout je ne suis pas chez moi, et je ne sais pas comment aurait pu réagir V. Je ne l'ai vu qu'au club, et même s'il m'a paru gentil, sa réputation le précède, et je n'ai aucun moyen de savoir quelle est sa véritable personnalité au quotidien.

Finalement, j'entends quelques bribes de conversation. Doucement, j'entre dans le salon, une énorme pièce aux murs blancs et avec plusieurs arches à l'orientale. V est gracieusement assis dans l'un des canapés en cuir, l'un de ses bras posés nonchalamment sur le dossier, et l'une de ses jambes repliées sous lui. Sa capuche est toujours rabattue sur sa tête, mais j'arrive néanmoins à apercevoir une mèche de ses cheveux. Ils sont rouges. Rouge sang.

le masque du tigre | vkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant