XIII. Atlas

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Étrangère dans mon propre corps

C'est un cauchemar, ce n'est pas possible autrement. C'est un cauchemar et je vais bientôt me réveiller, pas vrai ? Il le faut, parce que j'ai l'impression de perdre la tête.

Leurs voix enjouées dans mon oreille me rendent dingue et je n'ai envie que d'une chose, quitter cet endroit maudit. En fait non, il n'y a pas que ce lieu que j'ai envie de quitter, il y a également cette ville de malheur. Si on parvient, par je ne sais quel exploit à s'en sortir vivant, je refuse de rester une minute de plus à Springfield, c'est au-dessus de mes forces. Et surtout pas après tout ce qui vient de se passer.

Lorsque je reviens dans la cellule où les autres attendent, j'ai l'impression de ne plus être moi. Je garde la tête baissée pour éviter leur regard, mais c'est sans compter le fait que Minh vient me serrer contre elle.

— Qu'est-ce qui s'est passé, Atlas ? demande-t-elle à voix basse.

Son étreinte me donne la nausée et j'ai comme l'impression que des milliers de fourmis dansent sur mon épiderme.

— Ne m'approche pas ! hurlé-je avant de me débattre pour qu'elle me lâche.

Une fois que c'est fait, je pars m'installer dans un coin de la pièce, loin des autres et pose ma tête sur mes genoux, qui sont remontés le long de ma poitrine. Toutefois, dès que je ferme les yeux, les flashs de ce qu'il s'est passé reviennent en masse.

Sauf que tu n'as pas vraiment le choix, pas vrai ? Maintenant, fais ce que je te dis, putain ! Prends le flingue et tue-le !

— Non, non, non, je ne peux pas faire ça ! crié-je.

Oh que si, tu vas le faire, parce que sinon c'est qui gagne et, dis-moi, Atlas, est-ce que tu aurais envie de mourir ? Parce que c'est ce qui va arriver si tu ne fais pas ce que je te demande.

— Max ? appelé-je mon camarade, ignorant les paroles de l'autre taré. Max !

Il ne lève pas les yeux dans ma direction, continuant d'assembler l'arme qui se trouve entre ses mains.

— Prends le putain de gun, Atlas, avant qu'il ne te tire dessus. Prends-le !

Dès l'instant où il termine de monter son pistolet, nos regards se croisent pendant un bref moment, mais ça me suffit pour savoir qu'il va tirer. Prise de panique, mes yeux se posent sur le flingue et, après une micro-hésitation, je me prends entre mes mains. C'est à ce moment-là que Max pointe le sien dans ma direction.

— Je suis désolé, dit-il avant d'appuyer sur la gâchette.

Du moins, c'est ce que je croyais jusqu'à ce qu'il s'effondre au sol, une grosse tache rouge inondant son tee-shirt au niveau de son thorax.

— Non, non, non, je suis désolée, dis-je en me précipitant auprès de lui. Ça va aller, je te le promets. Max ? Max !

J'ai beau l'appeler, ses paupières restent désespérément closes et ma panique ne cesse de grandir. Mon œsophage me brûle et je me retourne juste assez vite pour rendre le contenu de mon estomac sur le sol. Les spasmes dans mon ventre finissent par se calmer et je me redresse difficilement, évitant de regarder en direction du cadavre de mon camarade.

Félicitation, Atlas, tu viens de passer au niveau suivant, ricane Paul. Pour te récompenser, je vais te laisser te reposer quelque temps. Je vais te guider pour retourner à la cellule.

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