XV. Atlas

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Tu vas quelque part, ma jolie ?

Je n'arrive pas à croire que notre cauchemar touche à sa fin.

Blottie contre Levi, je suis incapable de m'arrêter de trembler. Il a beau me frotter le dos et me murmurer que tout est fini, je n'arrive pas à prendre véritablement en compte ses paroles. Des flashs de ce qu'il s'est passé aujourd'hui ne cesse de me revenir en mémoire dès que je ferme les yeux.

— Il faut qu'on bouge, si on reste là, on est des cibles trop faciles, marmonne le hockeyeur après quelques minutes, ou heures, je ne sais plus.

— Je... je ne peux pas bouger, dis-je d'une voix faible.

— Atlas, on ne va pas avoir le choix. Ils ont dû comprendre que la police a réussi à hacker leur système et ils vont sans aucun doute tenter de nous retrouver. Il faut qu'on bouge.

Je sais qu'il a raison, pourtant mes pieds refusent de faire le moindre pas. Je suis paralysée par la peur et j'ignore comment faire pour reprendre le dessus.

— Il faut qu'on trouve une sortie. Est-ce que tu te rappelles le chemin jusqu'à la cellule ? demande-t-il en caressant tendrement ma joue.

— N-non. J'ai peur, Levi.

— Je sais, moi aussi, mais on doit encore être fort, d'accord ? Est-ce que tu peux faire ça pour moi ?

Je hoche la tête, bien que je ne sois pas certaine d'en être capable, puis glisse ma main dans la sienne, Nous déambulons sans vraiment savoir où nous allons, mais lorsque nous arrivons dans ce qui semble être une salle de stockage, je perçois un panneau lumineux indiquant la sortie. Cependant, une porte grillagée se dresse au milieu de notre route.

— On va devoir l'escalader, déclare Levi. Il y a un espace en haut, tu devrais pouvoir passer.

— Et toi ? paniqué-je en comprenant que, si je peux passer dans l'espace restreint, ce n'est pas son cas.

— Ne t'en fais pas pour moi, d'accord. Tout va bien se passer. Tu vas sortir d'ici et tu vas aller rejoindre les flics. Je serais auprès de toi avant même que tu te rendes compte de mon absence.

— Je ne peux pas, Levi. Pas sans toi.

— Hey, on se retrouvera vite, ok ? Tu es une battante, Atlas, puise dans les dernières forces qu'il te reste.

— J-je sais pas si je vais pouvoir.

— Bien sûr que si, tu le peux. Dis-toi que, quand tout ce bordel sera terminé, je t'emmènerais manger la meilleure pizza de la ville, ou ce que tu veux.

Il dépose un baiser sur mon front, puis me serre une nouvelle fois dans ses bras musclés, avant de me faire pivoter vers le grillage. Il se baisse légèrement pour qu'il puisse me faire la courte-échelle, puis me soulève sans soucis. Avec un effort qui me coûte beaucoup, j'enjambe la barrière avant d'atterrir lourdement sur le sol. Je grimace lorsque je sens ma cheville se tordre, mais je puise dans la douleur pour me donner la force de continuer.

Malheureusement, j'ai à peine fait un pas que la porte de sortie s'ouvre sur Phineas. Ce dernier est muni d'un fusil qu'on voit dans les films d'actions et pointe directement le canon dans ma direction.

— Tu vas quelque part, ma jolie ?

Levi lève le pistolet qu'il a gardé comme moyen de défense et je me retrouve entre deux feux. Ma panique, déjà bien présente, augmente encore d'un cran tandis que la voix de l'aîné Stromer résonne à mon oreille.

— Hun hun, je ne suis pas sûr que ce soit le moment de jouer les héros, monsieur le hockeyeur. Il suffit d'une balle pour que je ruine tes chances d'entrée en NHL, donc, ne me tente pas.

— Laisse-là partir, réplique-t-il sans pour autant baisser son arme.

— Si tu n'as pas envie d'avoir sa mort sur ta conscience, un conseil, baisse ton flingue. Maintenant. Sinon, en plus d'un rêve de brisé, un second viendra s'ajouter à la liste et je ne suis pas certain que tu puisses vivre avec ça, pas vrai, Ferguson ?

Comprenant qu'il est plus que sérieux, je tente d'attirer le regard du brun sur moi. Lorsque ses iris chocolats croisent les miens, j'humidifie mes lèvres sèches.

— Fais ce qu'il dit, s'il te plaît, Levi, le supplié-je.

— Je ne peux pas, Atlas, réplique-t-il d'une voix torturée.

— S'il te plaît.

— Allez, écoute ta petite copine, nargue Phineas.

Après un dernier échange visuel, Levi s'exécute et ne lâche pas des yeux tandis que notre kidnappeur me tire vers l'arrière. Contrairement à ce que je pensais, nous n'empruntons pas la sortie, mais une autre porte dissimulée sur la gauche. Lorsque cette dernière se referme lourdement, je sursaute d'angoisse. Nous marchons pendant un certain temps avant de s'arrêter dans une pièce semi-ombragée. Il me pousse sans ménagement, ce qui fait que je tombe au sol, m'éraflant ainsi les mains et les genoux. Quand je pivote vers mon agresseur, je constate que le canon de son arme est de nouveau pointé dans ma direction.

— Et maintenant, je vais prendre plaisir à faire ce que mes crétins de joueurs n'ont pas su faire, crache-t-il avec véhémence.

Je ferme les paupières, ne voulant pas qu'il soit la dernière image que je vois avant de mourir, et invoque le visage de Levi dans mon esprit. J'attends le coup fatal, mais ce dernier n'arrive pas, si bien que j'entrouvre un œil.

— Prête à rejoindre tes camarades, Atlas ? ajoute-t-il avant qu'un fracas se fasse entendre.

— Police ! Lâchez votre arme ! déclare une voix grave.

J'observe la pièce se remplir d'agents avec des gilets par balles, puis pose mon regard sur Phineas. Il écume de rage, mais il fait ce qu'on lui demande et dépose son fusil sur le sol avant de lever les mains en l'air. Deux officiers de police viennent l'encadrer et le menotter tandis qu'une femme s'approche de moi. J'ai un mouvement de recul quand elle tente de poser sa main sur mon épaule.

— Je suis le lieutenant Orson, tout est terminé, dit-elle d'une voix douce.

— Levi ? demandé-je, paniquée. Et les autres ?

— Ils sont à l'extérieur,ils vont bien, ils t'attendent.

Je hoche la tête et accepte son aide pour me relever. Ma cheville me fait mal à chaque pas que je fais, mais je suis tellement impatiente de sortir de ce trou à rat que je la mets de côté. Le lieutenant Orson ne me quitte pas d'une semelle tandis que nous quittons l'espèce d'entrepôt dans lequel nous sommes et, une fois que je me retrouve à l'air libre, je remarque qu'il fait nuit. L'obscurité est troublée par les gyrophares rouge et bleu de la police, mais également par les feux des diverses voitures présentes.

— Un médecin va t'examiner, d'accord ? Ensuite tu pourras rejoindre tes parents.

J'hésite à lui dire que mes parents ne sont pas là, mais lorsque je cherche ma sœur parmi la foule, je constate que ce n'est pas le cas. Ils sont bel et bien présents et serrent mon aînée dans leur bras, un air de soulagement marquant leurs traits. Cette image me brise une fois de plus le cœur, parce qu'ils ne semblent même pas se soucier si je vais bien ou non. Tout ce qui les intéresse, c'est elle. Comme toujours.

Je retiens les larmes, enfoui mes émotions au plus profond de moi et m'installe dans l'ambulance, tandis qu'un membre du personnel médical m'examine. Comme je m'en doutais, j'ai une entorse de la cheville, mais à part cette blessure mineure, je vais bien. Enfin, physiquement, psychologiquement, c'est une autre histoire. L'ambulancier s'occupe de bander mes diverses égratignures sur les mains et les genoux, tout ça sous l'œil scrutateur du lieutenant Orson. Lorsque je sors enfin du camion de secours, mes parents et ma sœur m'attendent non loin, mais aucun d'eux ne me prend dans ses bras. Ça fait mal, mais ça ne m'étonne pas plus que ça.

— Atlas ! entends-je.

Je me tourne et fais face à Levi qui court dans ma direction. Ses bras musclés viennent me serrer contre lui, mais je ne ressens rien. Je ne lui rends même pas son étreinte tellement je me sens vide. Je n'ai plus la force pour quoi que ce soit, si ce n'est sombrer dans l'inconscience.

Let's Play a GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant