The Red River(Tome 2)

Chapitre 11 : Un Froid Partagé

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La neige tombait en fines volutes, dessinant des motifs délicats sur le pare-brise de la voiture. Natalia, concentrée sur la route, serrait le volant de toutes ses forces. Ses doigts, engourdis par le froid, peinaient à rester souples. Loin devant elle, l'horizon restait flou, une mer de blanc brisé seulement par quelques arbres nus qui bordaient la route. Les phares de la voiture perçaient à peine le voile épais de la tempête, et chaque mètre parcouru semblait un défi supplémentaire dans cette épreuve interminable.

James, à ses côtés, dormait enfin. Son visage, habituellement marqué par une tension constante, paraissait plus calme, presque innocent. Natalia savait combien il avait besoin de ce repos. Elle se surprit à l'observer discrètement, se rappelant la première fois qu'elle l'avait vu ainsi, bien avant que leur vie ne devienne un enchevêtrement de secrets et de fuites. Il avait l'air vulnérable, un homme qui portait un fardeau bien trop lourd pour lui seul.

Les jumeaux, eux, étaient toujours profondément endormis à l'arrière. Anselm et Mikhail avaient hérité des traits de leur père, et, malgré leur jeune âge, ils semblaient déjà partager la même détermination. Elle se demandait souvent à quoi ressemblerait leur vie si tout cela n'était jamais arrivé, si James n'était pas ce qu'il était. Pourtant, elle ne pouvait imaginer sa vie sans lui, même en connaissant la vérité.

Le froid, qui s'insinuait dans la voiture, semblait s'intensifier à mesure que les kilomètres s'étiraient. Natalia sentait ses membres se raidir et ses pensées devenir moins claires. Elle devait trouver un abri pour eux, quelque part où ils pourraient se réchauffer et où James pourrait récupérer complètement.

Après ce qui semblait être une éternité, elle aperçut enfin une lumière faible au loin. C'était une petite station-service, perdue au milieu de nulle part, une sorte de miracle dans cet océan de neige. Elle hésita un instant, se demandant si c'était sûr de s'arrêter, mais la fatigue et le froid prenaient le dessus.

Elle quitta doucement la route principale pour entrer sur le parking couvert de neige. La lumière clignotante de l'enseigne vacillait sous les bourrasques de vent, mais l'endroit semblait ouvert. Natalia coupa le moteur, laissant un silence pesant envahir la voiture.

Elle posa une main sur l'épaule de James pour le réveiller doucement. Il ouvrit les yeux lentement, un peu désorienté au début, avant de se souvenir de leur situation.

« Où sommes-nous ? » murmura-t-il, sa voix encore lourde de sommeil.

« Je pense qu'on devrait s'arrêter ici un moment, » répondit Natalia. « Il fait trop froid, et les jumeaux ne tiendront pas beaucoup plus longtemps. Il faut qu'on se réchauffe. »

James hocha la tête, passant une main sur son visage pour chasser les dernières traces de sommeil. Il jeta un coup d'œil à l'extérieur, évaluant rapidement les risques. Mais il savait qu'elle avait raison. La tempête n'allait pas s'arrêter, et continuer dans ces conditions serait suicidaire.

« D'accord, allons-y, » dit-il en ajustant sa veste. « On restera le temps de se réchauffer, puis on repartira. »

Ils sortirent de la voiture, Natalia prenant soin d'envelopper les jumeaux dans leurs couvertures avant de les porter à l'intérieur. L'air glacial les frappa comme une gifle, et elle sentit immédiatement ses pieds s'enfoncer dans la neige lourde. James, toujours vigilant, scrutait les alentours tout en restant près d'elle.

À l'intérieur, la chaleur les enveloppa instantanément, un contraste saisissant avec l'extérieur. La station-service était petite, avec quelques étagères remplies de produits de première nécessité, un comptoir et une machine à café qui bourdonnait doucement dans un coin. Il n'y avait personne à part le caissier, un homme d'âge moyen avec un visage fatigué, qui les regarda à peine entrer.