Partie II - Asrãal - C4

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Chapitre XI

Iris entra en trombe dans la pièce, son sac sur son épaule. Slim l'avait laissé. Bien qu'il soit considéré comme un Djin adulte, la jeune créature vivait encore chez sa mère et celle-ci venait de le rappeler à l'ordre.

Aria, assise dans un large fauteuil, était plongée dans un volume sur la Voie Lactée. Charly, appuyé contre la fenêtre, regardait le paysage.

Ils sursautèrent lorsque la jeune fille déboula dans la chambre.

- T'étais où ? demanda le garçon.

Iris sortit les flèches de son sac.

- Asrãal est réputé pour son bois, j'en ai profité pour me tailler quelques flèches, mais c'est pas tout...

Sur la table basse, elle déposa la carte et le livre. Aria et Charly se rapprochèrent, curieux, Iris prit un fauteuil dans lequel elle s'assit et s'expliqua.

- J'étais avec Slim au bord d'une rivière des environs. Nous avons parlé des indices et de notre quête. Je trouvais ça étrange que nous n'ayons pas profité d'être à Ishlivadish pour récupérer leur indice. Donc j'ai cherché dans le sac que Lishka nous avait laissé.

Elle empoigna la carte posée sur la table, la déroula et montra la phrase dans l'angle.

Aria la lut à voix haute et Iris reprit.

- Ensuite, nous avons parlé de la guerre à venir.

Et elle expliqua sa mésaventure avec le livre Sacré. Aria et Charly la dévisagèrent.

- Tout ça pour vous dire que Eli est forcément vivant !

Voyant que ses deux amis ne bronchaient pas, elle insista.

- « Les Quatre apparaitront », cita-t-elle, Sans Eli, la prophétie ne pourra pas s'accomplir.

- Mais Slim t'a bien dit que si le livre était vierge, c'était parce que le futur peut changer en fonction des évènements, remarqua Charly. Si les sombrenos ne l'ont pas encore tué, c'est qu'ils lui ont trouvé une utilité, donc pour le moment, il n'est pas en danger.

- Pour l'instant. Il est en vie ! C'est le signe qu'il faut aller le sauver ! s'écria Iris.

Encore une fois, ses deux amis se montaient contre elle.

- Iris ! s'énerva Aria, Nous avons une quête à accomplir, si le livre prédit que nous nous retrouverons, c'est que nous le serons un jour ou l'autre. Pour le moment, concentrons-nous sur ce que nous avons à faire.

Aria n'avait pas tord. Iris baissa la tête. Il fallait sauver Eli, il était surement en danger. Mais elle ne pouvait pas le faire seule et Aria et Charly semblaient être définitivement contre l'idée de se jeter dans la gueule du loup. On toqua à la porte.

Aria se leva pour aller ouvrir. C'était un petit Djin. Son petit chignon noir tiré sur le haut de son crâne et sa salopette trop large lui donnait l'air d'avoir sept ans. Aria sursauta lorsqu'il prit la parole.

- Nijad vous attend, susurra-t-il d'une voix grave et lente qui ne correspondait pas du tout à son physique de garçonnet.


Aria, Iris et Charly était assis sur le sol. Ils étaient dans les appartements du roi des Djins. Nijad était allongé sur une banquette tapissée de coussins moelleux, une grappe de raisins (enfin des fruits que les trois adolescents connaissaient!) dans la main droite, appuyé sur son coude gauche. À ses pieds, il y avait un coffre orné de pierres précieuses de toutes les couleurs.

Les sourcils froncés, il dégustait les grains sucrés. Les trois Saisons restaient silencieux, sachant très bien ce que contenait le coffret.

Enfin, le roi termina sa grappe dans une série de bruits de bouche désagréables. Il jeta les restes dans une bassine d'or prévue à cet effet et prit la parole.

- Vous voulez l'indice ?

- En effet, nous sommes ici pour ça, répondit Charly.

- L'indice est une vieille relique, dit Nijad, elle nous n'est d'aucune utilité. Nous sommes censés le protéger. Pourtant, nous sommes réputés pour ne jamais l'avoir traité comme il devrait l'être. Je vais donc vous le donner et vous vous débrouillerez avec.

Nijad sortit de sous son oreiller une petite clé d'or qu'il glissa dans la serrure. La cassette s'ouvrit dans un petit clic et les trois Saisons découvrirent à l'intérieur, parmi les innombrables noyaux, cigares et bouts d'épluchures, un bout de parchemin humide. Ils devinèrent alors que le roi devait se servir jusqu'à présent de cette boite comme poubelle approximative.

Charly plongea le bout de ses doigts à l'intérieur pour en extirper l'indice, qu'il fourra dans sa poche.

Ils se levèrent, saluèrent respectueusement le chef qui venait de croquer dans une grosse mangue bien mûre et sortirent en rabattant le rideau qui servait de porte.

Aria et Charly rangeaient leurs affaires pendant que Iris se dirigeait vers une maisonnette du village. Elle toqua. Une femme Djin aux longs cheveux blancs et dont les yeux étaient entourés de pattes d'oie lui ouvrit et lui adressa un sourire généreux.

- Bonjour, c'est bien ici que Slim habite ? demanda Iris.

La vieille Djin appela son fils et lui céda la place lorsqu'il passa sa tête dans l'entrebâillement de la porte.

- Je viens te dire au-revoir.

Il attrapa sa main et y déposa un baiser.

- Iris de Ténébris, je vous bénis, votre quête pleines de surprises et de découvertes soit-elle. Je ne vous oublierais jamais.

Les Quatre Saisons T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant