Partie V - Fayria - C1

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Chapitre XXVI

Lorsqu'ils s'écrasèrent au sol à l'arrivée, Liam poussa un hurlement de douleur, causé par la chute, qui résonna à travers toute la forêt, provoquant la fuite d'une dizaine de volatiles.

Eli se releva et observa autour de lui.

Les bois étaient constitués d'une multitude d'arbres différents. Des résineux, des fruitiers, des arbustes. Des ramures montant jusqu'au ciel ou des branches léchant le sol. Des feuillages garnis ou des squelettes épais et résistants. Des chants d'oiseaux s'élevaient vers les nuages et des craquements causés par les pas des animaux résonnaient ici et là.

La toux sifflante du blessé interrompit la contemplation du jeune homme. Celui-ci jeta un coup d'oeil à la carte qu'il avait emporté. Le royaume des fées était dans ces bois.

Eli hissa son père sur son épaule et reprit la marche. Ils arpentèrent la forêt pendant de longues minutes.

Au bout d'un moment, ses forces le quittaient et il dû faire une pause. Il ne savait même pas ce qu'il cherchait et le temps pressait. Liam allait de plus en plus mal et Eli désespérait d'atteindre le territoire des fées.

Alors qu'il observait encore une fois sa carte sans trouver un seul indice, un craquement retentit derrière lui et il sentit du métal froid se coller contre sa nuque. Une lame.

- Ne bougez plus ! ordonna une voix de femme.

- Nous venons en paix, s'empressa de répondre Eli. Je cherche le royaume de la reine des fées.

- Retourne-toi.

Eli s'exécuta.

Une femme ailée lui faisait face. Elle portait une armure dorée qu'il lui recouvrait les membres, un casque haut et travaillé et avait dans la main droite une épée longue et aiguisée. Ses cheveux coulaient en cascade sur ses épaules et ses yeux verts firent comme une décharge électrique au garçon.

- Qui êtes-vous pour oser vous aventurer sur ces terres ?

- Eli, Saison de l'hiver...

La fée le dévisagea longuement avant de sortir des menottes noires qui dégageaient une lueur bleue à sa surface.

- Je vais devoir vous passer les menottes, le règlement l'oblige.

Obéissant, le garçon tendit ses poignets. À l'instant où la garde lui les passa, Eli sentit comme des picotements lui traverser le corps. Ces menottes empêchaient le porteur d'utiliser sa magie en décomposant et en fondant son corps dès qu'il tenterait de prononcer un sort.

Elle en enfila également à Liam, qui s'était évanoui de douleur.

La garde sortit une clé de la ceinture de son armure et la présenta à la Saison.

- À mon commandement, vous la toucherez et vous serez réduit à la taille d'une fée. En bas, une collègue vous réceptionnera et vous conduira jusqu'à la reine.

- Très bien.

Eli chargea Liam sur son dos et, au signal de la fée, il toucha du bout de l'index la clé qu'elle lui tendait.

Aussitôt, un choc électrique le traversa, et il devina que Liam l'avait sentit aussi car il se réveilla en gémissant. Il se sentit rapetisser, voyant la garde de plus en plus grande, atteignant rapidement la hauteur d'une feuille morte.

Une fois au sol et la décharge passée, Eli se redressa et vit sous ses pieds une petite trappe. Il se décala de quelques pas et elle s'ouvrit, découvrant une fée en armure plus légère qui lui couvrait uniquement le torse. Elle attrapa Liam, laissant Eli reprendre sa respiration.

- Allons-y.

Le garçon descendit dans le trou minuscule qu'il n'aurait jamais vu avec sa taille normale et emboita le pas à la jeune fée. Ils marchèrent longtemps dans un tunnel sans fin, rappelant à Eli son arrivée à Ishlivadish la première et dernière fois qu'il s'y était rendu, guidé par ce petit elfe aux yeux jaunes.

Enfin, le garçon aperçut une lueur se découper au bout du passage. Lorsqu'il en sortit, il ne pût dire un mot tellement la vue était grandiose.

- Bienvenue dans la capitale de Fayria : Filidar.


Quelques heures plus tôt.

Trois des quatre Saisons sont ici, votre Majesté.

- Faites-les entrer, Roland.

Le dit Roland exécuta un courbette avant d'ouvrir les grandes portes de la salle du trône avant de s'éclipser dans le couloir.

Charly, Aria et Iris entrèrent accompagnés de Berlio.

- Reine Ophélia ! s'exclama le chef des loups-garous.

La reine des fées était une femme grande, à la silhouette affinée et pourvue de manières gracieuses et d'un esprit vif. Sa chevelure brune tombait en cascade sur ses grandes ailes transparentes et ses yeux noisettes observaient le monde d'un regard ouvert.

- Maitre Berlio !

La reine se leva, un sourire élégant aux lèvres et vint serrer l'homme dans ses bras.

- Voilà longtemps que vous ne m'aviez pas rendu visite mon cher ami.

- Vous m'en voyez désolé ma reine, mais la guerre dure et perdure. Je n'ai plus le temps de rien.

Ils se lâchèrent et la reine posa les yeux sur les trois adolescents.

- Ils sont venus pour partir à la recherche de Lishka, la gardienne des portails et pour récupérer l'indice de Fayria.

Elle hocha la tête d'un air sage.

- Combien en avez-vous, pour le moment ?

- Celui d'Ishlivadish, de Asrãal et de la Voie Lactée, répondit Iris.

Ophélia posa son regard sur la jeune fille et la dévisagea longuement avant de se tourner vers Berlio.

- Un intrus a volé celui de Fāar, nous pensons qu'il s'agit de la quatrième Saison. Si c'est bien lui, il doit sûrement être en possession de l'indice de Ténébris.

- Bien, nous vous le remettrons d'ici peu, dit-elle à l'adresse des trois Saisons, Pour le moment, j'ai besoin de m'entretenir avec le roi.

La reine revint sur son trône et agita la clochette posée sur son accoudoir.

- Roland !

Le garde entra en trottinant.

- Veuillez emmener nos invités dans leur appartement, je vous pris.

Roland capitula et les guida dans les étages.

Lorsqu'ils eurent disparus, Berlio s'approcha du trône.

- Que vouliez-vous me dire, ma reine ?

Ophélia était songeuse.

- La rouquine...

- Iris ?

- Oui, qui est-elle ?

- C'est une orpheline, comme les autres. Ils ont grandi dans les villages de Ténébris et après avoir vu leurs parents mourir, ont été emmené à l'orphelinat de Mardil.

- Vous en êtes sûr ?

Berlio la dévisagea.

- Peut-être que ce n'est qu'une illusion, finalement...

- Pourquoi ces doutes, votre Majesté ?

- Cette tignasse rousse et ces yeux verts pâles ne vous rappellent-ils rien ?

Berlio fronça les sourcils en réfléchissant, puis releva les yeux vers la reine, une lueur dans les yeux.

- Mais si, bien sûr !

- Ah, merci ! s'exclama-t-elle, Je ne suis pas folle, vous venez de le remarquer, vous aussi ?

- Oui, maintenant que vous le dites ! Mais alors... vous pensez que...

- Oui, je le pense.

- Mais comment est-ce possible ?

- Je ne sais pas Berlio, je ne sais pas...

Les Quatre Saisons T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant