Partie III - Voie Lactée - C4

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Chapitre XV

C'était une jolie chambre, lumineuse, les murs tapissés de posters de groupes de tout genres, des plantes en plastiques qui pendaient ici et là. Elle ne reflétait pas du tout le style de Max qui était plutôt rock et black. Le mur auquel était collé son lit deux places était bleu comme la mer et Iris ferma un instant les yeux, s'imaginant y être.

Elle s'assit aux côtés de Max sur le lit. Elle portait une robe légère et la lissa d'un geste anxieux.

- Il faudrait que je te parle de quelque chose...

- Ça à l'air de t'embêter. On commence et en parle plus tard ? lui demanda-t-il en souriant.

- Oui, pourquoi pas.

Il attrapa son violon et l'archet qui reposaient dans un étui abimé et les cala correctement sur l'épaule de la jeune fille. Ses yeux plongèrent dans les siens et le garçon détourna le regard, intimidé.

- Pose tes doigts là, comme la dernière fois, il installa les partitions devant elle et reprit, Un, deux, trois, et quatre.

Une mélodie chantante emplit la pièce. Iris grattait adroitement les cordes de l'instrument.

- Là j'accélère ? demanda-t-elle sans cesser de jouer.

- Non, reste sur le même rythme.

- Ok.

La mélodie était de plus en plus envoutante.

- Attention, dit-il d'un ton bienveillant, tu accélère. Tape le tempo avec ton pied. Et joue debout ce sera plus simple.

Elle se leva et recommença le morceau en tapant du pied.

- Comme ça ?

- Parfait ! On joue ensemble ?

- Oui !

Max prit son violon plus petit qu'il utilisait quand il était plus jeune et rejoint Iris là où elle en était.

Le refrain reprit de plus belle. C'était magnifique.

- Mets tes doigts là. Do, si, la, la.

L'archet effectua une note de travers.

- La, pas la dièse ! dit-il en riant.

- Ah oui, pardon !

- Allez, un, deux, trois et quatre...

Musique.

- Non, rit encore Max, recommence ! Tu butes toujours à cet endroit.

Musique.

- Non, pas là ! C'est ce que je viens de te dire, place tes doigts et enchaine avec le do. Ok, prête ?

- Prête, répondit la jeune fille, déterminée, un sourire d'autodérision aux lèvres.

- Un, deux, trois et quatre...

Musique. Max se prit la tête entre les mains lorsqu'il entendit l'énième fausse note.

- Bon, on va changer de morceau. Il est complexe celui-ci.

Le jeune homme se leva et farfouilla dans ses partitions entassées sur son bureau.

- Aah ! C'était là ce matin... Ça, c'est pour plus tard, ronchonnait-il, Ah ! Le voilà, tiens.

Il brandit un carnet jauni en signe de victoire et le lui tendit.

Iris posa la partition sur le pupitre.

- Tu veux de l'eau ?

- Non, merci.

- Allons-y, alors. Je commence et tu suis, d'accord ?

- Ok.

Les notes de la nouvelle musique retentirent.

- Ah, attends, interrompit Iris, on s'est décalé.

- Ah oui, mesure sept, c'est ça ?

- Il me semble, oui.

- Une fois que j'ai fait « tadin », lança-t-il en imitant la musique, tu enchaine avec le « pinpintadindiditin ». Aller, un, deux, trois et quatre !

Aucune mauvaise note, une mélodie parfaite.

- Bravo ! applaudit Max, C'est très bien ! Pense à te détendre, déplie un peu plus les coudes. T'es trop crispée. On la refait mais plus lentement cette fois.

- Ah mais c'est plus dur !

- Oui mais c'est pas grave. Allez, go !

Encore une fois, la musique s'envola dans une belle harmonie, montant dans les aigües, faisant des bonds amusants, redescendant dans les graves. Iris faisait preuve d'une grâce impeccable lorsqu'elle jouait, ses bras faisaient de grands gestes amples. Ses paupières closes inspiraient l'assurance.

Max cessa de jouer et l'admira, les yeux grands ouverts, ne pouvant décrocher son regard de la jeune fille. Iris ne s'en rendait pas compte et restait concentrée. Le jeune homme posa son violon. Il se tourna vers elle. La regarda. Lui prit la taille.

Surprise, elle s'arrêta et se noya dans ses yeux noisette. Max s'approcha doucement et déposa ses lèvres sur les siennes.

Iris se laissa faire. Sans se décrocher, elle posa son violon et enroula ses bras autour de son cou. Ils se sourirent.

Avec tendresse, Max la poussa sur le lit et s'allongea à ses côtés. Ils s'embrassèrent, s'enlacèrent. Il retira son t-shirt d'un mouvement souple et se pencha au-dessus de la jeune fille. Elle caressa ses épaules, son dos puis son torse, du bout des doigts. Il tira délicatement sur la fermeture éclair de sa robe et elle leva ses grands yeux verts vers lui mais lorsqu'elle s'apprêtait à voir les nuances de marron et de vert se fondre dans ses iris, un flash apparut devant ses yeux et elle vit comme un bleu gelé qui lui glaça instantanément le sang dans les veines. Eli.

- Désolée, Max, mais je dois partir, je ne peux pas... Tu ne me reverras jamais. Adieu !

Et sans que Max ne puisse ajouter quoi que ce soit, elle s'enfuit dans les escaliers.

Les Quatre Saisons T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant