Chapitre XX
Iris serra les dents. Les Nosias les protégeaient et, très vite, les nuées de moustiques se dissipèrent. La jeune rousse se prit le coude dans sa paume, inspectant son égratignure naissante.
- Vous avez entendu ? demanda Charly en aidant son amie à se relever.
Les Nosias reprirent leur forme d'humain « boudins » et s'approchèrent.
- Oui, répondit Aria, un bruit métallique en inspectant le sol du regard.
Ils se dévisagèrent. En un éclair, ils se jetèrent au sol et farfouillèrent entre les feuilles mortes. Ils n'eurent qu'à en balayer quelques unes pour tomber sur une trappe en fer.
Charly arracha la carte de son sac et la consulta. Il resta songeur quelques instants avant qu'un sourire n'illumine son visage.
- Nous y sommes ! déclara-t-il, sûr de lui, C'est bien là.
Avec curiosité et hésitation, ils attrapèrent la poignée et soulevèrent la lourde trappe.
Un escalier raide plongeait dans une cavité sombre qui ne semblait, à vue d'oeil, ne pas finir.
- C'est tout noir, fit remarquer Iris.
- Nous vous guiderons, maitresse, la prévint Erret d'une voix rassurante, Allons-y, les gars ! ajouta-il à l'adresse de ses compères.
Et ils sautèrent sans hésitation dans le trou. Timides, les Saisons s'engouffrèrent dans la cave à la suite de leur Nosias. Charly, étant le dernier à entrer, regarda autour de lui, remit au mieux les feuilles sur la trappe et referma derrière lui.
L'escalier était long et étroit et les adolescents manquèrent à plusieurs reprises de dégringoler le reste des marches sur les fesses.
Les Nosias, comme dans la jungle quelques minutes plus tôt, diffusaient une légère lumière, et leur rire (car ils étaient toujours de bonne humeur) résonnaient dans le tunnel.
- Nous y sommes ! s'écria en bondissant de la dernière marche sur le sol.
L'air était humide et étouffant, la terre tassée. L'espace ressemblait à une grotte creusée et compressée à la main. C'était large. Jamais les trois adolescents n'auraient pu imaginer qu'une véritable pièce se trouvait cent-cinquante mètres sous le sol, au milieu de la jungle. De larges feuilles des arbres locaux étaient étendues par-dessus la terre, comme une couchette.
Charly tourna sur lui-même.
C'est là qu'il la vit.
Cachée dans l'ombre.
Son sang ne fit qu'un tour, ses poils se hérissèrent sur sa nuque et ses bras, il étouffa un cri de frayeur.
Les yeux grand ouvert, blancs, fixés sur le mur d'en face. Sa peau brune, des traces de craie blanche étalées sur ses joues et son front. Elle était vêtue d'un sac de tissu déchiré à plusieurs endroits. Son dos était droit, ses jambes en tailleur, ses mains posées sur ses genoux.
Lorsqu'elle ouvrit la bouche, une fumée épaisse et blanche en sortit, envahissant l'espace.
Aria se plaqua la main sur la bouche, Iris fronça les sourcils et les Nosias demeurèrent imobiles.
C'était Esuennod la magicienne, la gardienne de parchemins.
Son corps était griffé, égratigné, recouvert d'écorchures.
Charly, Aria et Iris se détendirent en réalisant que la femme ne les voyait pas. Malgré leur inquiétude, ils étaient heureux ; ils avaient atteint leur but.
Enfin, presque.
Iris inspira un grand coup. La femme semblait possédée.
- Esuennod, gardienne des parchemins, nous venons vous trouver, puiser dans votre savoir, car nous avons besoin de votre aide.
Sans bouger d'un cil, la femme dégagea encore une bouffée de la brume dense en faisant vibrer ses cordes vocales d'un son grave.
- Vous, Saisons, unies et fortes, vous sauvez le monde à l'aide de vos capacités. Bien que meurtrières, elles apportent la paix. D'un coup de vent, elles emmènent la vie, d'une brise glacée, elle terrassent les ennemis, d'une fleur posée sur le front, elles soignent les proches et d'un courant d'air chaud, elles rétablissent la paix. Et tout cela grâce à la force qui vous unie.
Aria s'approcha, cela n'avait rien d'un indice.
- Le temps presse, cela fait déjà un moment que nous sommes ici, murmura-t-elle à la magicienne.
D'un mouvement rapide, celle-ci se leva et, de son ongle, leur ôta un bout de chair du bras sans qu'ils n'aient le temps de réagir, leur arrachant un cri de douleur.
Leur sang se mit à couler abondement. Les Nosias, qui étaient restés en arrière pendant tout ce temps, se précipitèrent sur eux pour boucher la large plaie qui s'étendait sur leur avant-bras.
Esuennod fit glisser la chair rouge sur ses lèvres noires. Au goût du sang, elle se mit soudainement à hurler de douleur, tombant et se secouant au sol comme une démone. Dans son cri perçant se distinguèrent des mots, répétés indéfiniment dans la terreur de sa voix.
- Pour les Saisons, je dicte cela : Dans une bouée flotte une forme sans angle.
Sans que les jeunes ne puissent faire quoi que ce soit, la donneuse reprit son souffle sans s'arrêter de hurler et leur lança un courant d'air puissant qui les envoya s'écraser contre les parois de la grotte.
Alors que les Nosias s'évaporaient, ils perdirent connaissance.
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Les Quatre Saisons T.2
ParanormalAprès la mission 2 Ténébris, tout le monde ne revient pas. Suite à un accident à Ishlivadish, Aria, Iris et Charly se lancent dans la quête du cinquième élément. De son côté, Eli est assailli par les vérités qui ne cessent de pleuvoir. Retrouvez le...