Chapitre 4 Ava/Justin

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                                                                                                       ***

De nos jours

– Ava ça va ? Me demande Lewis l'air inquiet.

Je regarde alors autour de moi et me rends compte que, guidée par son étreinte et ses pas, nous sommes arrivés devant mon bâtiment. Je secoue légèrement la tête, le remercie rapidement et monte l'escalier de mon dortoir sans me retourner. J'ai conscience que mon attitude doit le surprendre mais à cette heure-ci, je n'ai aucune envie de me justifier ni d'évoquer mon passé.

Le lendemain matin en me réveillant, je fais le moins de bruit possible pour ne pas réveiller River et surtout ne pas avoir à raconter ma soirée. Je me faufile dans la salle de bains, me brosse les dents et abandonne une nouvelle fois l'idée de dompter mes cheveux. Pas le temps pour ça ! Je m'habille dans le noir en récupérant à tâtons un jean et un haut dans la commode à tiroirs près de mon lit. Je garde mes boots à la main pour ne pas faire claquer les semelles au sol et sors rapidement en ignorant ma voisine de palier qui tente de me dire quelque chose.

Merde ! Merde ! Merde ! Je ne savais pas qu'il allait pleuvoir quand j'ai décidé d'aller bosser à la bibliothèque et la pluie me surprend lorsque je sors de l'imposant bâtiment. Peut-être es-ça que voulait me dire ma voisine ! Ça t'apprendra à ne pas être très sociable... Me balancerait River ou Lia.

Mon tee-shirt à manches longues à l'effigie d'Einstein ne tarde pas à dégouliner et mes cheveux se collent à mon visage alors que je n'ai avancé que de quelques mètres. J'imagine déjà Lewis se moquant de moi lorsqu'il me verra débarquée devant son comptoir avec l'allure d'un chien errant et cela me décroche un petit sourire. Je regarde par terre, évitant le plus possible les flaques d'eau alors que je cours pour arriver plus vite, hésitant sérieusement à rebrousser chemin. Dans ma course, je percute un corps qui me stoppe net dans mon élan et manque de me renverser. Mes mains se plaquent automatiquement sur le torse de l'inconnu pour maintenir mon équilibre mais ce sont sans aucun doute ses doigts posés sur mes hanches qui m'empêchent de tomber. Je recule immédiatement pour rompre le contact avec ce garçon, relève la tête pour m'excuser en écartant les mèches de cheveux roux, toujours collées à mon visage. 

À l'instant où mon regard croise le sien, je sens le sol se dérober sous mes pieds et vacille une nouvelle fois. Il me retient par réflexe mais je fuis son contact comme on fuirait un cauchemar. Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit, d'un cauchemar que je vivrai éveillée. Impossible... 

– Qu'... ?!?! Com... ? J'observe abasourdie, le garçon ou plutôt l'homme qui se tient devant moi, la gorge endolorie à cause de la sécheresse brûlante qui s'y installe. 

Les bribes de mots que j'essaie de prononcer restent bloquées au fond de ma gorge qui semble rétrécir, me privant désespérément d'oxygène. Seuls mes yeux paraissent fonctionner, ils scannent ce qu'ils voient, tentent d'envoyer des infos à mon cerveau qui refuse visiblement de les analyser. 

– Jus... ?! Est-ce qu... ? C'est... ? NON ! Ce n'est... C'est impo... tenté-je de prononcer à nouveau, les mots toujours coincés au fond de ma gorge. 

Brun, des yeux verts légèrement plus clairs que les miens, une mâchoire plus carrée que dans mes souvenirs mais c'est lui. Plus grand certes, mais c'est lui, ça ne fait aucun doute. 

Je sais qu'il m'a reconnue aussi parce qu'il affiche la même expression de stupéfaction que moi. Ses yeux ne cessent de fixer mon visage, ils descendent le long de mes joues, en suivant une ligne invisible de la racine de mes cheveux à la naissance de mon cou et reviennent systématiquement à mes iris qu'ils fixent intensément. 

RESILIENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant