Chapitre 14 - Ava

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Je reste un moment sur le terrain de basket, le regard hagard toujours braqué dans la direction dans laquelle il a fui. Perdue, j'essaie tant bien que mal de recouvrer mes esprits, le corps déjà en manque de ce sentiment de plénitude et de sérénité que Justin a fait naître en moi. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je cherche à le fuir mais ne supporte pas qu'il m'ignore. Je veux qu'il sorte de ma vie mais j'éprouve le besoin irrépressible d'être de nouveau près de lui. J'ai envie qu'il me laisse respirer et trouver ma place et je souhaite par-dessus tout qu'il continue de veiller sur moi. 

Quand il m'a prise dans ses bras, je me suis sentie en sécurité, à ma place, apaisée. Le contact de ses doigts sur ma peau nue ne m'a pas effrayée ni même rebutée, bien au contraire. J'aurais aimé qu'il continue afin de sentir cette complétude que lui seul a su me faire goûter. Des frissons ont pris naissance sous ses doigts pour s'enrouler autour de ma taille et pour la première fois, je place une main sur mon bas-ventre non pas pour me protéger mais pour éviter à cette sensation de quitter mon corps. Je pense qu'il a perçu mon trouble. J'ai senti ses doigts se figer sur mes reins, interrompant ce moment de flottement qui nous a submergés un court instant, bien trop court. Gêné ou blessé, il a choisi une nouvelle fois de s'en aller. Mais je ne peux plus continuer de vivre ainsi près de lui, j'ai besoin de réponses et il est le seul à pouvoir me les donner. Je musèlerai mes émotions, je supporterai ses raisons mais j'irai jusqu'au bout pour avancer enfin.

En rentrant à la résidence, je suis plus sereine. River m'a prévenue qu'elle découchait alors j'en profite pour mettre ma playlist préférée un peu plus forte et entame ma dissertation en sociologie du travail. Deux heures plus tard, je mets un point final à mon devoir et file sous la douche. Puis je me glisse sous les draps, ferme les yeux et vois apparaître derrière mes paupières, la silhouette musclée d'un basketteur en particulier. Je me surprends à détailler avec exactitude sa bouche charnue et sa mâchoire carrée, les muscles saillants de ses bras, je me revois les deux mains plaquées juste sous ses pectoraux fermes et ses abdos parfaitement tracés. Je me souviens de sa respiration erratique et des battements anarchiques de son cœur sous mes doigts. Je tourne et retourne dans mon lit et je finis par me lever pour boire et me passer de l'eau sur le visage. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je déraille complètement. Mes hormones me jouent des tours. Je suis une jeune femme tout ce qui a de plus normale qui éprouve simplement un désir purement physique pour un corps d'athlète. Une simple réaction physiologique. C'est ce que je me répète pendant une bonne demi-heure avant de réussir enfin à m'endormir.

                                                                                                    ***

Ce matin, je me réveille au son de Rihanna et me lève rapidement afin de me préparer pour mon premier jour de travail à la bibliothèque. Je ne prends pas le temps de déjeuner, enfile mon jean gris, mon tee-shirt blanc et ma veste en cuir. La bibliothèque paraît encore plus calme à ce moment de la journée. Après avoir enregistré les retours de livres de la veille, Drew m'entraîne au pas de course dans les différents rayons pour m'expliquer le rangement, me faisant bien sentir que c'est une corvée de m'accorder un peu de son temps si précieux. Je classe de nombreux ouvrages, fais plusieurs allers-retours entre les archives et la salle des livres numériques quand une odeur de café vient emplir mes narines. 

– Il me semble que tu n'as pas eu le temps de finir le tien la dernière fois m'interpelle James, un grand sourire sur le visage.

 – Je suis presque sûre qu'apporter une boisson ou de la nourriture est interdit ici, réponds-je l'index sur le menton, faisant mine de me rappeler le règlement intérieur. 

– Disons que Drew m'aime bien, précise-t-il en jouant avec ses sourcils. 

– Elle t'aime bien ?! C'est sûrement la première fois que tu fais preuve d'humilité ! Tu peux carrément dire qu'elle se liquéfie chaque fois que tu entres dans son champ de vision ! Et qu'elle craint aussi ta mère...Ne puis-je m'empêcher d'ajouter. 

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