Chapitre 7 - Justin

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Le réveil est difficile ce samedi matin. Une boule de bowling a élu domicile dans mon cerveau et cognent toutes les neurones qu'elle rencontre sur sa route, faisant bourdonner mes oreilles au passage. Je me redresse dans mon lit, attrape ma tête entre mes mains et me lève en direction de la salle de bains. Je vire mon boxer, entre dans la douche et retrouve peu à peu mes esprits. Je termine par l'eau froide pour achever mon dégrisement. Je m'étais promis de ne pas boire mais après l'incident d'hier soir, j'ai ressenti le besoin de m'enivrer pour chasser le souvenir d'Ava. Ma serviette enroulée autour de mes hanches, je file dans la cuisine me faire couler un café et avale deux ibuprofènes. Mike est affalé sur le canapé, la bouche ouverte et je me marre en pensant qu'il n'a pas réussi à aller jusqu'à sa chambre. Puis j'entends des cris et des insultes provenant de celle de Caleb. Je n'ai pas le temps de rejoindre la mienne, qu'une petite furie blonde déboule dans le salon en insultant mon pote au passage. Braquant ses yeux bleus sur moi, elle me mate sans aucune discrétion puis exprime ouvertement son mécontentement à mon coloc :

– La prochaine fois, je choisirai la chambre d'à côté. J'ai l'impression que je serai moins déçue balance-t-elle en me détaillant de longues secondes, sans aucune gêne.

Sur ce, elle quitte l'appartement, sa deuxième chaussure encore à la main en laissant mon pote dépité et moi, mort de rire.

– Bein alors mon petit Caleb dis-je en dirigeant mon regard vers son entrejambe, on a des petits problèmes aussi en ce moment ? Je devrais peut-être me barrer de la coloc, j'ai l'impression que c'est contagieux dis-je en me marrant sans retenue.

– Ta gueule Justin ! File-moi plutôt un médoc et ne t'inquiète pas pour moi, tout fonctionne bien de ce côté-là ! Répond-il énervé et la tête défaite.

Il cligne des yeux ne supportant pas la luminosité de la pièce et se frotte plusieurs fois le visage.

– Viagra ou ibuprofène ? Continué-je sur ma lancée, bien décidé à ne pas l'épargner ce matin.

– Tu veux que je pose la question à la grande brune qui est montée avec toi hier soir ? Me balance-t-il de retour parmi les vivants et plus que fier de sa réplique.

– De quoi tu parles ? L'interrogé-je en levant un sourcil, espérant avoir mal compris. 

– À toi de nous le dire, rit Mike, qui s'est redressé sur le canapé, le bras posé sur le dossier, maintenant bien réveillé. 

– Elle est redescendue en criant que tu étais son plus mauvais coup ! Poursuit Caleb en s'approchant de moi, un sourire narquois accroché aux lèvres. 

Les événements de la veille me reviennent bien trop distinctement, preuve que l'alcool a été une solution très temporaire. Je tente du mieux que je peux d'échapper à un interrogatoire en règle et de masquer mon trouble.

 – Elle peut colporter toutes les rumeurs qu'elle veut, je suis sûr de trouver plusieurs filles qui se feront un plaisir de la contredire ! Me contenté-je de répondre, l'air faussement détaché. 

J'attrape ensuite une bouteille d'eau, détourne le regard et me retire dans ma chambre prétextant un boulot en retard. Deux heures plus tard, je décide d'aller faire quelques paniers au gymnase. Le ciel est orageux. Me reconnaissant sous ma capuche, le gardien vient à ma rencontre, me salue et m'ouvre l'accès au complexe. J'apprécie le calme qui y règne quand il est vide. J'aime entendre le son de mes pas raisonner sur le parquet et le crissement de mes semelles marquant mes arrêts avant chaque tir. Je n'en rate aucun. Quand mon bras droit se crispe sous l'effort, je décide d'arrêter pour ne pas me blesser. Le temps est lourd en ce milieu de journée et la pluie tombe quand je sors du gymnase, une heure et demie après y être entré. Capuche enfoncée sur la tête, je presse le pas alors qu'il pleut à verse. Ma résidence n'est qu'à cinq cent mètres mais ma tenue ne me permet pas de rester longtemps au sec. Foutue pluie qui me ramène au souvenir de ma rencontre avec Ava...

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