Chapitre 6

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 Point de vue de Kiyo

La nuit était déjà bien avancée lorsque nous arrivâmes sur le lieu de la livraison. Un vieux hangar industriel abandonné, à l'écart de la ville, perdu au milieu de nulle part. L'endroit parfait pour des affaires louches, à l'abri des regards indiscrets et des forces de l'ordre. Les vieilles structures métalliques et les murs en béton délabrés avaient vu passer de nombreuses transactions comme celle-ci. Pourtant, ce soir, il y avait quelque chose de différent, une tension palpable dans l'air. Une excitation sous-jacente mêlée à la promesse de violence.

Nous étions arrivés bien en avance, histoire de ne pas manquer la transaction qui devait se dérouler à l'intérieur du bâtiment. Je m'installai en retrait, trouvant un coin sombre depuis lequel je pouvais observer l'intérieur sans être vu. La lumière blafarde d'un vieux néon clignotait sporadiquement, projetant des ombres dansantes sur les murs. Le silence n'était troublé que par le bruit occasionnel d'un rat fouillant dans les détritus. Un décor parfaitement sinistre.

Eiji, notre expert en communication et technologie, m'avait confirmé que la livraison n'était pas annulée. Malgré mon intrusion chez les Haitani, il semblerait que nos adversaires soient soit trop confiants, soit désespérément inconscients des conséquences. Peut-être pensaient-ils que le Purgatoire n'était qu'une menace parmi tant d'autres, une organisation à craindre sans plus. Ils se trompaient lourdement.

« S'ils croient que le Purgatoire ne réagira pas, ils sont plus stupides que je ne le pensais, » dis-je à Eiji en vérifiant l'heure, à travers notre oreillettes. Il hocha la tête, les yeux rivés sur son ordinateur portable, où il supervisait la mission.

« Les Haitani sont connus pour être imprévisibles, » répondit-il en haussant les épaules. « Peut-être pensent-ils que l'audace est une forme de force. Mais ce soir, ils comprendront à qui ils ont affaire. »

Ikkai, notre homme de main le plus fiable, se mit en place avec nos hommes. Chacun connaissait son rôle, et la discipline rigoureuse de notre organisation signifiait qu'aucun détail ne serait négligé. Nous étions là pour envoyer un message, et il fallait que ce message soit parfaitement clair.

Quant à Sami, notre chimiste et spécialiste des poisons, elle avait préféré rester au QG. Elle avait, je cite, « quelques préparatifs à faire pour accueillir nos invités ». Une étincelle sadique brillait dans ses yeux lorsque je l'avais vue la dernière fois, et je ne doutais pas qu'elle avait déjà en tête un plan bien macabre pour ceux qui oseraient défier le Purgatoire.

Eiji supervisait la mission depuis son écran, prêt à brouiller toute communication si les choses tournaient mal. L'information était notre plus grand atout, et contrôler le flux d'informations pouvait faire la différence entre la vie et la mort. Il veillait à ce que rien ne nous échappe.

Les minutes s'écoulèrent lentement, chaque seconde me paraissant une éternité. Je restai immobile, le regard fixé sur l'intérieur du hangar, mes sens en alerte. Finalement, un mouvement attira mon attention. Le client était arrivé. Un homme nerveux, le visage caché sous une capuche, avançant prudemment à l'intérieur du hangar. Un sourire narquois étira mes lèvres. Il était si facile de lire la peur sur son visage, même à cette distance. Il ne savait pas ce qui l'attendait.

Je fis un signe à Ikkai, et nos hommes se mirent en mouvement. En quelques instants, ils entourèrent le client, l'attrapant avant qu'il n'ait le temps de réagir. Ses cris étouffés résonnèrent faiblement avant de s'éteindre, et bientôt le silence retomba. Le message était clair : on ne fait pas d'affaires avec le Purgatoire impunément.

« Traitez-le comme il se doit, » murmurai-je à Ikkai par le biais de mon oreillette. « La mort lui apprendra à acheter chez la concurrence. »

Ikkai acquiesça, et je détournai les yeux, désintéressé. Ce client n'était pas notre véritable cible ce soir. Un simple pion dans un jeu bien plus complexe. Ce qui m'intéressait, c'était ceux qui viendraient après. Ceux qui, croyant avoir l'avantage, marcheraient droit dans notre piège.

Quelques instants de silence suivirent, ponctués par le bruit lointain de la circulation urbaine. Puis, soudain, le grondement de moteurs se fit entendre à l'extérieur. Je souris dans l'ombre. Nos invités étaient arrivés.

Les portes du hangar s'ouvrirent en grinçant, laissant entrer plusieurs hommes. Leur démarche assurée et leurs vêtements sombres ne laissaient aucun doute : c'étaient eux, les hommes des Haitani. À leur tête, un visage familier : Rindo Haitani. Mon sourire s'élargit. La soirée promettait d'être intéressante.

Ils avancèrent à l'intérieur du bâtiment, jetant des coups d'œil autour d'eux, méfiants mais confiants. Ils n'avaient pas encore réalisé qu'ils étaient pris au piège. Dès qu'ils furent suffisamment loin à l'intérieur, Ikkai referma la porte derrière eux, un bruit sourd résonnant dans l'air. Les hommes des Haitani se retournèrent, les visages figés par la surprise, mais c'était déjà trop tard.

Nos hommes jaillirent de leurs cachettes, encerclant les intrus en un instant. Une lutte brève mais intense éclata, les cris et les coups remplissant l'air. Les hommes des Haitani, malgré leur réputation, étaient dépassés par le nombre et la rapidité de nos attaques. En quelques minutes, ils furent désarmés et maîtrisés, à genoux sur le sol sale du hangar.

Je me levai de mon poste d'observation et m'avançai lentement, mes pas résonnant sur le sol en béton. Les hommes s'écartèrent pour me laisser passer, et je me retrouvai face au groupe de captifs. Les insultes volaient, des regards furieux étaient jetés dans ma direction, mais je restai impassible. Ce n'était pas la première fois que je me retrouvais dans une situation pareille, et certainement pas la dernière.

Rindo Haitani était au milieu de ce petit groupe, les mains liées dans le dos. Son regard brûlait de colère et d'incompréhension, mais au fur et à mesure que nos regards se croisèrent, je pus voir la peur s'infiltrer dans ses yeux. Cette peur qu'il essayait de dissimuler derrière une façade de bravoure, mais qui transparaissait dans chaque ligne de son visage.

« Toi, » siffla-t-il, la voix chargée de rage. « Qu'est-ce que tu fiches ici ? »

Je souris, un sourire froid et calculateur. « Oh, Rindo, » dis-je d'une voix douce. « Tu ne pensais tout de même pas que le Tenjiku pouvait agir sans conséquences, n'est-ce pas ? Le Purgatoire n'oublie jamais. Et il ne pardonne pas. »

Je fis un signe de tête à Ikkai, et il aboya des ordres à nos hommes. Ces derniers sortirent des seringues, remplies d'un liquide clair que Sami avait soigneusement préparé. Un puissant sédatif, assez pour endormir un homme pendant des heures.

Rindo tenta de se débattre, mais c'était futile. Nos hommes le maintinrent en place, et il ne fallut qu'un instant pour que l'aiguille pénètre sa peau. Je le regardai se raidir, ses yeux s'écarquiller, avant qu'il ne s'affaisse sur le sol, inconscient.

Un à un, les hommes des Haitani furent également injectés, leurs corps tombant lourdement. Le silence retomba sur le hangar, brisé seulement par le bruit des corps qui heurtent le sol. Un à un, ils furent embarqués vers les fourgons qui attendaient à l'extérieur, prêts à les transporter au QG.

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