Chapitre 8

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Point de Vue : Ran

Ce matin-là, l'aube se leva, mais l'obscurité régnait toujours dans le cœur de Ran. Il arpentait le repaire du Tenjiku, ses pas pressés faisant écho dans le couloir vide. L'inquiétude le rongeait depuis la veille, depuis que son frère était parti en mission. Il n'avait reçu aucune nouvelle depuis, et le silence était devenu insupportable. Chaque minute sans réponse était une éternité, et chaque seconde faisait grandir en lui une angoisse palpable, un nœud serré dans sa poitrine.

Ran essayait de rester calme, de ne pas montrer sa peur. Après tout, il était l'un des rois célestes du Tenjiku, et il devait paraître fort. Mais la vérité était qu'il était dévoré par l'inquiétude. Son frère était tout pour lui, et l'idée qu'il ait pu lui arriver quelque chose le paralysait. Son esprit était envahi par des images sombres, des scénarios horribles qu'il ne pouvait s'empêcher d'imaginer. Il avait essayé d'appeler Rindo encore et encore, sans succès. Chaque appel sans réponse ne faisait qu'amplifier son sentiment d'impuissance.

Il se dirigea finalement vers la salle principale du QG, espérant trouver des réponses ou au moins du réconfort dans la présence des autres. À son arrivée, il vit que presque tout le monde était déjà rassemblé, les visages tendus, l'ambiance lourde de tension. Izana, le chef du Tenjiku, se tenait au centre de la pièce, les bras croisés, une expression impassible sur le visage. Il était évident qu'il sentait aussi que quelque chose n'allait pas.

« Bon, écoutez tous, » commença Izana d'une voix autoritaire qui attira immédiatement l'attention de chacun. « Nous n'avons eu aucun contact avec Rindo et son équipe depuis hier soir. Quelqu'un a-t-il des informations ? »

Un silence pesant suivit sa question. Personne n'osa parler, et Ran sentit une boule se former dans sa gorge. Il regarda autour de lui, espérant que quelqu'un aurait des nouvelles, mais il ne vit que des visages inquiets et nerveux. L'incertitude planait, et chaque seconde de silence alourdissait l'atmosphère.

« Il est possible que leur radio soit simplement hors de portée, » hasarda Kakucho, le bras droit d'Izana, essayant de garder un ton rassurant. « Ou qu'ils aient rencontré des problèmes techniques. »

Mais même Kakucho ne semblait pas convaincu par ses propres paroles. L'angoisse continuait de croître parmi les membres du gang. Izana s'apprêtait à poursuivre, cherchant probablement à rassurer ses hommes ou à organiser une recherche plus approfondie, quand un bruit sourd interrompit son discours. Un choc sourd, lourd, comme si quelque chose avait été jeté contre les murs du repaire.

Tous se figèrent, leurs regards se tournant vers l'entrée. Un silence de mort s'installa avant que le bruit ne se reproduise, plus fort cette fois, suivi d'une série de coups. Izana fit un signe de tête à quelques hommes qui se dirigèrent rapidement vers la porte. Ran sentit son cœur s'accélérer, une sueur froide lui coulant dans le dos. Il suivit Izana et les autres hauts gradés à l'extérieur, se sentant attiré comme par une force invisible.

Dehors, ils furent accueillis par une vision cauchemardesque. Devant l'entrée, plusieurs sacs noirs, de taille humaine, étaient alignés. Une odeur nauséabonde s'élevait, une puanteur de mort et de putréfaction qui fit reculer certains hommes, l'air pris d'une nausée soudaine. Ran sentit son estomac se soulever, mais il refusa de détourner les yeux. Ses pensées tourbillonnaient, son esprit essayant de comprendre ce qu'il voyait.

Izana s'avança, suivi de Kakucho et de Ran, ce dernier se sentant de plus en plus mal à l'aise. Il s'arrêta net à quelques pas des sacs, son esprit commençant à assembler les morceaux de ce qui était devant lui. L'angoisse qu'il avait ressentie toute la matinée explosa en une terreur pure. Il ne voulait pas savoir ce qu'il y avait dans ces sacs, mais il savait qu'il ne pouvait pas rester ignorant.

Kakucho, probablement le plus courageux dans la situation actuelle, s'approcha lentement de l'un des sacs. Il inspira profondément, luttant contre la nausée, puis se pencha pour ouvrir le premier sac. Ce qu'il découvrit fit basculer le monde de Ran.

Les restes mutilés d'un des hommes du Tenjiku se trouvèrent devant eux, si défigurés qu'il était à peine reconnaissable. La chair était déchirée, les os brisés, et le visage, ou ce qu'il en restait, était figé dans une expression de terreur éternelle. Les autres sacs contenaient des horreurs similaires, chacun révélant une nouvelle victime, chaque vision plus terrible que la précédente. Seuls les uniformes portés par les cadavres permettaient d'identifier leur appartenance.

La vision troubla Ran. Son monde devint flou, ses oreilles bourdonnèrent, et avant qu'il ne puisse comprendre ce qui se passait, ses jambes cédèrent sous lui. Il tomba à genoux, les yeux écarquillés, son esprit refusant d'accepter la réalité de ce qu'il voyait. Il sentit la conscience le quitter, une obscurité salvatrice s'emparant de lui.

Quand Ran se réveilla, il était allongé sur un canapé, dans une salle qu'il reconnut vaguement comme l'une des salles de repos du QG. Ses mains tremblaient encore, et il porta une main à son front, essayant de rassembler ses pensées. Les souvenirs de ce qu'il avait vu revinrent en vagues, comme une marée de douleur et d'horreur. Il se redressa brusquement, son cœur battant la chamade, et regarda autour de lui.

« Où... où est Rindo ? » demanda-t-il d'une voix rauque, presque un cri, en s'asseyant précipitamment. Les larmes montèrent à ses yeux, brûlant sa vision. « Qu'est-ce qui est arrivé à mon frère ?! »

Kakucho, assis à côté de lui, posa une main apaisante sur son épaule. « Calme-toi, Ran. Rindo n'était pas parmi les corps. Nous avons vérifié plusieurs fois. Aucun des corps ne correspond à Rindo. Cela signifie qu'il est encore vivant. »

Les paroles de Kakucho traversèrent Ran comme un éclair, un mélange de soulagement et de confusion se disputant en lui. S'il était encore vivant, alors où était-il ?  Tant de questions sans réponses, tant de craintes encore enfouies.

La porte s'ouvrit soudainement, et Izana entra dans la pièce. Son regard était sombre, une expression de froide détermination sur le visage. Il se dirigea droit vers Ran, ses yeux fixés sur lui avec une intensité presque palpable.

« Ran, » dit Izana d'une voix ferme mais calme, « nous allons retrouver Rindo. Je te le promets. Mais nous devons rester concentrés. Le Purgatoire a joué ses cartes, et nous les avons sous-estimés. Cela ne se reproduira pas. Nous allons leur montrer ce qu'il en coûte de défier le Tenjiku. »

Les mots d'Izana, bien que remplis de promesses de vengeance, apportèrent à Ran une étrange forme de réconfort. La détermination dans les yeux de son chef ralluma une étincelle de courage en lui. Il hocha la tête, essuyant les larmes de ses joues, se redressant lentement.

« Nous retrouverons Rindo, » répéta Ran, sa voix regagnant de sa force. « Et nous ferons payer le Purgatoire pour ce qu'ils ont fait. »

Izana sourit légèrement, satisfait de la réponse de Ran. Il savait que la guerre ne faisait que commencer, et il était prêt à tout pour protéger ses frères et punir ceux qui avaient osé défier leur puissance. Les sacs de mort devant leur QG n'étaient que le début. Le Tenjiku allait répondre, et cette fois, il n'y aurait pas de pitié.

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PurgatoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant