Chapitre 9 - Je m'excuse d'exister.

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* Éternel recommencement *

Semaine de croisière jour 3

Irish

À mon réveil, je restai encore couchée.

Ces derniers temps, les seules choses qui préoccupaient mon esprit étaient le défilé à venir, le conflit entre mon frère et le chef du casino.

Mais au-delà de tout cela, il y avait quelque chose, ou plutôt quelqu'un, qui dominait particulièrement mes pensées.

Où, chaque soir, il avait une place dans mon esprit, et je me posais sans cesse cette même question à son sujet : qui est-il ?

Si je voulais savoir qui il était, je devais faire des recherches à son sujet. C'était la meilleure décision, non ? Mais une partie de moi m'interdisait de le faire.

Je ne pouvais pas nier que, pour la toute première fois de ma vie, un homme que je ne connaissais même pas occupait en un laps de temps une si grande place dans mon esprit.

Sa façon de dire les choses qui était agaçante mais parfois drôle, sa manière de m'approcher avec une rapidité et une souplesse, son sourire qui m'énervait tellement mais que je trouvais assez charmant.

Tout était si nouveau pour moi.

Bizarrement, ce parfait inconnu possédait quelque chose en lui qui était capable de me déstabiliser au moindre contact, et à la fois réveiller en moi des sensations enfouies.

J'ignorais s'il n'était qu'un simple pervers idiot ou un homme spécial ...

La règle numéro 2 Irish, la règle numéro 2 souviens-toi toujours d'elle.
Aucun homme n'est spécial, ils sont tous les mêmes.

Mais putain, qu'est-ce que je raconte ? Il n'est qu'un simple pervers qui se croit tout permis. Mais moi, je vais lui prouver le contraire.

Je n'étais pas un jouet qu'il pouvait posséder, je ne serai jamais le jouet de personne.

Totalement trempée de sueur, je me levai pour ouvrir la baie vitrée qui donnait sur le balcon, afin de laisser entrer de l'air.

Je téléphonai à la réception pour qu'on m'apporte le déjeuner.

Entre-temps, j'entrai dans la salle de bain.

J'ouvris le robinet de la baignoire, puis me déshabillai.

Je pénétrai petit à petit dans l'eau froide jusqu'à y accéder totalement.

Me voir nue était presque un fardeau pour moi . Le fait de voir ces cicatrices bien qu'elles soient pâles, ou certaines qui avaient disparues sur ma peau mais encore présentes dans mon esprit me rendait souvent triste, car chacune racontait une histoire différente.

Les fois où j'ai rechuté, les fois où ma mère devait passer toute sa rage sur mon corps, les fois où je désirais éliminer toutes les parties qu'il avait touchées ...

Mais elles étaient encore nombreuses.

Chaque personne a déjà rechuté au moins une fois dans sa vie, mais pour moi, c'était une chose continuelle.

Des fois, je me sens mieux, puis je me dis ah bah voilà je suis entièrement guérie, je pourrais enfin prendre en main ce nouveau chapitre de ma vie.

D'un coup, je me rends compte que je ne serai jamais vraiment guérie des plaies du passé et qu'il y aura toujours cet éternel recommencement.

Ça va mieux, je rechute, ça va mieux, je rechute... Encore, encore et encore.

Certaines personnes, pour lutter contre ces moments fades de leur vie, se bourrent la gueule, ou discutent de leur ressenti avec leurs proches, ou peut-être se mutilent, et d'autres partagent leurs émotions via leur art.

Cœur de BraiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant