Chapitre 21: l'ange Gabriel

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Les souvenirs s’immisçaient dans l’esprit de Jordan comme des éclats de verre, tranchants et inévitables. Il était de retour dans cette pièce sombre, celle où la seule lumière provenait des fissures dans les murs.

Une ombre menaçante se dessinait à contre-jour, imposante et inéluctable. Le bruit des chaînes résonnait, métallique et glacial, tandis qu’une silhouette familière se rapprochait lentement de lui. Jordan sentit ses poignets se resserrer contre le cuir qui les retenait. Chaque pas de l’ombre faisait monter en lui une vague d’angoisse viscérale, et il ne pouvait rien faire pour l'arrêter.

Une main rugueuse saisit sa mâchoire, le forçant à lever les yeux. Les mots qui s’ensuivirent étaient des murmures cruels, des promesses de douleur et de soumission. Les insultes pleuvaient, des coups résonnaient contre sa peau nue, marquant chaque centimètre de son corps d’une douleur brûlante.

Le visage de l’homme restait flou, mais l’odeur de son souffle et la froideur de ses yeux restaient gravés dans la mémoire de Jordan comme une marque indélébile. Les rires moqueurs emplissaient l'air, et l'humiliation le submergeait, le privant de toute dignité.

Puis, il y avait cette sensation : la pression des mains sur son corps, les gestes brutaux et sans pitié, le poids qui l'écrasait sous un contrôle total.

Jordan hurlait intérieurement, son esprit luttant pour se détacher de la réalité, mais les sensations étaient trop réelles, trop intenses pour qu'il puisse échapper.

Il sentait chaque coup comme une décharge électrique, chaque insulte comme un poison qui se répandait lentement dans son être. Les secondes s’étiraient en éternité, et il n’y avait aucune échappatoire.

Jordan se débattait, cherchant à échapper à cette emprise infernale, mais tout semblait futile. Il ne pouvait que subir, piégé dans cette boucle infernale de douleur et d'humiliation. Il voulait crier, mais aucun son ne franchissait ses lèvres.

Ses mains cherchaient désespérément à se libérer, ses ongles s’enfonçant dans la peau de ses poignets tandis qu’il tirait sur les chaînes, mais rien ne cédait. L’obscurité l’engloutissait, et il sombrait dans un abîme sans fin, où chaque écho de souffrance résonnait comme un rappel cruel de sa propre impuissance.

C’est le toucher doux de Gabriel qui l’arracha à ses cauchemars. Jordan se réveilla en sursaut, le souffle court et le cœur battant à tout rompre.

Il sentit les mains de Gabriel sur ses épaules, un contact rassurant qui le ramenait à la réalité. Gabriel le fixait, les sourcils froncés d'inquiétude, ses yeux cherchant désespérément des signes de calme chez Jordan.

Ça va ? Tu étais agité, murmura Gabriel, sa voix douce, mais imprégnée d’une inquiétude sincère.

Jordan hocha la tête, encore pris dans les brumes de son rêve, la respiration erratique.

— Oui... je crois, répondit-il, sa voix rauque et tremblante.

Gabriel passa une main dans ses cheveux pour les écarter de son front en sueur.

— Je t'ai laissé te reposer un peu... J’ai terminé de préparer le repas, expliqua-t-il avec un léger sourire, tentant de ramener un semblant de normalité dans l’instant.

Jordan tenta de se redresser, ses muscles encore raides et douloureux, mais la présence de Gabriel à ses côtés lui apportait une ancre, un point de stabilité dans ce chaos intérieur.

Ils s’installèrent à table, et malgré les restes du cauchemar encore présents dans l’esprit de Jordan, l'odeur du repas préparé avec soin par Gabriel parvint à apaiser ses sens. Ils mangèrent en silence au début, mais peu à peu, les échanges devinrent plus légers, plus naturels. Gabriel se montrait patient, attentif, ne posant aucune question intrusive mais offrant simplement sa présence comme un réconfort constant.

Politique Opposé ( Tome I )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant