𝐋𝐗𝐈𝐕. Bᴏᴜᴛᴇɪʟʟᴇ ᴀ̀ ʟᴀ ᴍᴇʀ

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I'm afraid. I'm afraid 'cause everything is so wobbly, it seems like everything can collapse at any moment.
I'm afraid 'cause future is so uncertain, I'm afraid 'cause everything, everything is so unfair ; I've lost the count ages ago. I'm afraid 'cause my emotional borders looks so cruel, but this is the only way for me to live. I'm afraid 'cause this, 'cause that, 'cause everything and nothing, 'cause sun and rain, 'cause links and paradoxs, 'cause memories and hopes.


J'ai jeté une bouteille à la mer. Elle contenait notre histoire. Que le courant l'emporte loin.

Puis j'ai fermé les yeux et j'ai dansé au bord de l'eau. L'orage grondait. J'ai crié, hurlé à plein poumons, j'ai ri en songeant à l'absurdité du monde. J'ai chanté ma peine mais l'écume m'a murmuré qu'elle sonnait désormais faux. Madame avait été cabossée par le temps. Périmée. Il était temps de la laisser partir dans les remous des vagues.

Je me suis allongée, tout⸱e habillé⸱e, dans la déferlante, puis j'ai souri. J'ai regardé les nuages grondants, et, le temps d'un instant, comme quand j'étais enfant, ceux-ci se sont changés en pirates, en chevalières et en dragons. J'ai observé leur ballet, dans le silence du vide, quelque part dans l'attrait du vice.

J'ai vu la part de moi enfermée dans la bouteille, et je l'ai laissé dériver jusqu'à disparaître. Je sais qu'elle reviendra me heurter sur le rivage, mais j'y suis préparé⸱e. Le plus important, c'est de l'avoir laissée partir.

J'ai ri de mon absurdité. Un⸱e ado autocentrée et solitaire de plus qui expose ses états d'âme pour ne pas se laisser bouffer par l'usure de la mélancolie. Un⸱e paumé⸱e pas doué⸱e qui craint le jour où on se rendra compte de la supercherie, le jour où iel décevra tout le monde. Un⸱e anxieux⸱euse détaché⸱e du monde, l'enfant bizarre qui a grandi dans les livres au lieu du monde réel.

J'ai ri du je, je, je, je, je lancinant, comme un jeu auquel j'aurais trop joué. Ce je ne m'intéresse plus. Il est temps de le laisser vivre sans s'y accrocher. Tout est si beau dehors. Tout est si laid dehors. Tout ne demande qu'à être vu.

J'ai enlacé l'absence, j'ai souri à l'incertitude, j'ai fait la paix avec mes démons. Je me suis fait mille promesses de tour du monde. J'ai songé à toutes les langues que je voudrais apprendre, à la philosophie qui attire mes ailes dans son feu ardent, l'Histoire, les mots. J'ai perdu des centaines d'heures à rêver à la Fugue, à tour haïr, à dépeindre mes doutes comme d'infranchissables châteaux de cartes.

J'ai abandonné le je, et l'aurore s'est enfin levée. Paradoxes atténués, frustration changée en art, yeux ouverts et nouveau chemin. La bouteille à la mer reviendra, et les vagues décideront quoi en faire.

En attendant, que celle-ci dérive et trace son propre chemin.


31.08.24

𝐔𝐍𝐄 𝐕𝐎𝐈𝐗 𝐃𝐀𝐍𝐒 𝐋𝐄 𝐍𝐄́𝐀𝐍𝐓 ⸺ poèmes & textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant