Au fond de moi, qui suis-je ?

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De nos jours, j'aurais tendance à dire que ce qui nous définit le plus se résume à l'attention que l'autre nous accorde, au « qu'en dira-t-on ». Nous évoluons dans une époque où les réseaux sociaux, notamment, contrôlent l'image donnée et indirectement notre confiance en nous. Ceux-ci nous ont formatés telles des personnes vides de l'intérieur et dans l'attente de retours positifs afin de nourrir leur estime d'elles-mêmes. Trop de moqueries et de jugements me poussent à vous le dire : tous aux premières loges, il se trouve que nous sommes, chacun à notre façon, impactés par le fléau des complexes. Bien que revisité par tout influenceur qui se respecte, l'amour-propre reste si difficile à atteindre et s'est révélé être le paradoxe de notre ère. Clamer haut et fort que nous sommes libres d'être qui nous voulons, là se résume toute la splendeur du XXIème siècle. Pourtant, n'est-ce pas lui qui nous enferme sous des étiquettes, cherchant à justifier nos actes et réduisant cette liberté en illusions ?

Toutes ces réflexions, pour trouver le courage de me lancer et oser me le demander ;

Au fond de moi, qui suis-je ?

Aurais-je la force de vous définir l'image que je m'octroie sans laisser transparaître l'empreinte malsaine que certains y ont laissée ? J'ai décidé de relever ce défi à travers les prochaines lignes et j'espère qu'au-delà d'une simple présentation, je saurai me montrer convaincante lorsqu'il s'agira de défendre ce qui me tient à cœur.

Permettez-moi de commencer par le commencement. Personnellement, je suis convaincue que la personnalité se forge en fonction des épreuves et des coups reçus au long de notre vie, aussi courte puisse-t-elle être. Nos valeurs sont la première raison pour laquelle nous sommes ce que nous sommes. À bien y réfléchir, bien qu'elles renforcent notre force de caractère, les critiques reçues nous compliquent la tâche lorsqu'il est question d'assumer nos qualités. Il est plus aisé de reconnaître ses défauts que celles-ci et notre premier réflexe sera inlassablement de les minimiser, voire de les réduire à néant.

Si l'on mettait cette fausse modestie de côté, j'aurais la vanité d'affirmer que la bienveillance et l'empathie sont les valeurs qui me correspondent le mieux. Dans la vie de tous les jours, l'écoute, l'observation et la compréhension sont des qualités qui me permettent d'être une personne réfléchie, mature et capable de mettre ses soucis de côté dans l'intérêt des autres. Bien qu'étant une de mes plus grandes fiertés, j'ai appris à mes dépens que gentillesse rime souvent avec naïveté. Beaucoup de mes relations se sont accompagnées de déception. Pourtant, j'assure, malgré tout le mal que cela m'a fait, que chacune d'entre elles m'a fait grandir et fait de moi la jeune femme que je suis en train de devenir.

Dans ces quelques mots réside un long cheminement qui me traverse encore chaque jour, lorsqu'il est question de remettre en question ma façon d'être. Quand je dois me présenter en quelques mots, mon premier réflexe est de demander à mon entourage, n'ayant pas le cran d'assumer ce que je pense de moi. Les qualificatifs s'enchaînent : drôle, simple, honnête, empathique... Cependant, c'est un instinct ridicule lorsqu'on sait que peu de gens peuvent se vanter de me connaître telle que je suis tous les jours. Étant incapable de gérer les émotions qui me traversent, je préfère me cramponner à ce que je connais et suis capable de maîtriser. En conclusion, je ne suis pas une exhibitionniste sentimentale, loin de là.

Afin de poursuivre dans l'ordre des choses, je devrais aborder le thème tant attendu qui se trouve être, sans grande surprise, mon avenir. C'est donc avec la peur au ventre que je me décide à vous parler de mes ambitions. L'idée de dévoiler celles-ci sans être certaine qu'elles puissent se réaliser m'effraie dans la mesure où les mettre sur papier rend mes rêves réalité. Paradoxalement, il faut revenir quelques années en arrière pour comprendre mes motivations concernant ce futur, à la fois si proche et si lointain. Petite, je me suis certainement imaginée dans tous les futurs métiers abordant une forme artistique quelle qu'elle soit. Ayant toujours été d'une curiosité maladive, je suis une touche à tout. J'aime m'exprimer, particulièrement lorsqu'il est question de revendiquer mon opinion. Bien sûr, cela se révèle d'autant plus amusant face à un public profane. En effet, de mon point de vue du moins, la société actuelle a encore beaucoup à apprendre, et ce, à bien des égards, notamment l'ouverture d'esprit, la vraie.

C'est grâce à cela que j'ai toujours eu des facilités dans mes études, ce dont je suis reconnaissante, bien que cela m'ait rendu d'une paresse incomparable. Arrivée au milieu de mes années secondaires, j'ai doucement commencé à lâcher mes idéaux farfelus pour ce qui me tenait réellement à cœur : les autres. Les idées se sont mises à germer, je devais trouver le métier qui allait me permettre de sauver le monde ! Une idée infantile qui, malgré moi, trottait dans ma tête jusqu'à définitivement y prendre place il y a deux ans. Étant un cliché ambulant, il est évident que c'est suite au vécu de mon entourage que j'ai choisi de me diriger officiellement vers la psychiatrie.

En effet, la dépendance a été le premier aspect de la profession à susciter mon intérêt. Les psychanalystes y associeront, sans aucun doute, un traumatisme dû à la frustration de ne pas avoir su aider les personnes de mon entourage quand elles en avaient besoin, ce qu'ils qualifieraient rapidement du Syndrome du Sauveur (et ce à quoi j'ajouterais : "une étiquette de plus !", si je puis me permettre). Bien sûr, je n'en conteste rien, les psys ont rarement tort. Mais, si ma passion s'est intensifiée, c'est suite à plusieurs lectures qui m'ont véritablement confrontée au besoin de considération des patients.

Effectivement, le cœur même de ma volonté à devenir psychiatre repose sur un principe évident : l'estime des malades en tant qu'êtres humains. Une fois leurs valeurs évoquées, je m'efforce de ne pas tomber dans le stéréotype de la jeune idéaliste voulant sauver le monde. Parce que, bien que cela me semble être un projet de vie tout à fait remarquable, j'ai conscience que, pour être prise au sérieux, il me faudrait me concentrer sur certains aspects de ce monde à sauver précédemment évoqué. Encore une fois, la possibilité, pour ne pas dire la certitude, de croiser des personnes fermées d'esprit allant à l'encontre de ces projets en divergence de leur perception des choses, m'empêche de voir les choses en grand. Il est évident que je me ferais un plaisir de réduire à néant leur conservatisme dépassé lorsque je le pourrai. Pourtant, la dernière chose que je veux ajouter à la liste pessimiste de mes déceptions serait l'échec de ces aspirations.

Lors de l'écriture de ce texte, j'ai doucement pris conscience de l'importance qu'auront ma persévérance et ma confiance en moi dans la réalisation de mes ambitions. Comme quoi, les points abordés dans ce texte ne sont pas si indépendants les uns des autres. Je reconnais que ces quelques paragraphes ne relèvent pas d'un optimisme sans fin ; il est plus facile de pointer du doigt les défauts de notre société que de lui réciter les déclarations de Roméo et Juliette ! Bien que le bonheur soit le soleil qui éclaire nos vies, l'idée d'un "mieux" me tourmente et me pousse tous les jours à me donner les moyens de mes ambitions. Cela certainement parce qu'il est aussi la pluie qui nous rend plus forts.

En conclusion, même si je pense avoir été transparente à ce sujet, la peur de l'échec ainsi que le besoin de la réussite font de moins la perfectionniste, tout comme l'éternelle insatisfaite de la troupe. Des adjectifs bien plus proches qu'on ne pourrait le penser. La barre est haute, mais si je n'y parviens pas, je suis tout de même certaine que, peu importe la débouchée de ma réussite, j'aiderais ceux dans le besoin, et ce, parce que c'est ce qui me tient à cœur. J'ai donc décidé de faire entièrement confiance à Oscar Wilde quand il me dit que viser la lune me permet, en cas d'échec, d'atteindre les étoiles. J'aimerais terminer en vous disant qu'un jour, je me rappellerai cet instant et pourrai dire que je suis devenue la personne que je voulais être.

Bouquet de pleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant