Chapitre 2

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Violet

Je sentis mon souffle se suspendre quand le second homme concentra toute son attention sur moi. Son regard fut d'abord surpris. Il ne semblait pas en revenir que j'ai réussi à mettre son ami hors d'état de nuire. Je le comprenais. C'était aussi mon cas. Puis son regard se durcit.

Je fis un pas en arrière, manquant de m'étaler de tout mon long, quand je lus le désir de vengeance et la colère dans son regard. Ce fut à son tour de faire un pas dans ma direction. Jusqu'à ce qu'un bruit paraisse me vriller les oreilles.

J'étouffais un cri d'effroi en reculant jusqu'à ce que je heurte le mur le plus proche. Ce ne fut rien à côté du cri de douleur que poussa l'homme qui s'était avancé vers moi. Il hurla en chutant au sol, ne tardant pas à resserrer ses doigts autour de sa cuisse où une tache de sang s'élargissait à vue d'œil.

J'observais la scène sans être capable de dire un seul mot. Sans pouvoir bouger. Mes jambes tremblaient tellement que je réalisais sans mal qu'elles ne m'auraient pas soutenu si j'avais voulu faire un pas en avant. J'avais l'impression que le bruit que j'avais entendu continuait de se répéter encore et encore au niveau de mes oreilles. Le bruit d'un coup de feu.

J'avais honte de le dire, mais je ne bougeais pas pour aider l'homme qui se trouvait au sol. Celui qui venait de se faire tirer dessus. Je continuais de le regarder se rouler au sol en essayant de contenir son hémorragie. J'étais infirmière. Je n'aurais pas dû réagir de la sorte. J'aurais dû profiter de mes connaissances médicales pour faire quelque chose.

Je me détournais seulement quand l'homme que j'étais venu aider se redressa dans un grognement. Je poussais un hoquet lamentable quand je vis ce qu'il tenait en main. Il s'agissait d'un pistolet. C'était lui qui avait tiré.

Je l'observais réellement pour la première fois depuis que j'étais entrée dans cette ruelle. On devait avoir approximativement le même âge. Je ne lui donnais pas plus de vingt-trois ou vingt-quatre ans. Et... Il était vraiment très beau.

Je ne pouvais pas le dire autrement. Il y avait assez de lumière pour que je puisse parfaitement le discerner. Je n'étais juste pas capable de dire si ses cheveux étaient bruns ou noirs. Ils semblaient obscurcis par la nuit. C'était la même chose pour la couleur de ses yeux. Je n'étais pas en capacité de la définir précisément. Par contre, je voyais très bien les traits de son visage taillé à la serpe, son nez franc où une bosse paraissait indiquer qu'il avait déjà été cassé et ses lèvres parfaitement dessinées. Je sentis que mes joues se mettaient à cuire quand je me demandais ce qu'il était capable de faire avec des lèvres pareilles. Son visage gardait les stigmates de ce qu'il venait de lui arriver, ce qui ne voulait pas dire qu'il était moins beau. Comme si le sang qui coulait de son nez et la marque près de sa tempe ajoutaient du caractère à son visage.

Il était grand. Nettement plus que je ne l'étais. Ses muscles tendaient les manches de sa veste en cuir. Qui portait une veste en cuir à Las Vegas, même la nuit ? Il faisait encore vingt-cinq degrés alors que le soleil ne se trouvait plus dans le ciel.

Il posa à peine un regard sur moi avant de se passer une main dans les cheveux. Ils étaient coupés courts sur les côtés et plus longs au-dessus de la tête, ce qui poussait des mèches à tomber devant ses yeux. Le sourire qu'il afficha me fit frissonner. Pas dans le bon sens du terme. Je me laissais glisser jusqu'au sol en me demandant qui est-ce que je venais réellement d'aider. Il était dangereux. Je le devinais sans peine.

Je remarquais que je n'avais pas peur pour moi. C'était à peine s'il m'avait calculé. En plus de ça, il avait empêché cet homme de me faire du mal. Ce qu'il était sur le point de faire jusqu'à ce qu'il se fasse tirer dessus. Je ne devais pas oublier que c'était lui la victime jusqu'alors. Je n'aurais pas réagi de la même manière que lui si j'avais été dans cette position, mais il avait le droit d'être énervé.

Les Jones - Collision (darkromance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant