Chapitre 19

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Beretta

Je refermais la porte du gamin des Serpents dans mon dos. Il n'avait rien pu m'apprendre de plus. Ce que j'avais déjà compris une heure plus tôt. Il ne me servait plus à rien. Son corps était toujours accroché à la chaise. Nos hommes auraient encore du travail pour le balancer quelque part. Il me restait encore du travail à faire.

Je remis mon arme à l'arrière de mon pantalon avant de pousser la porte qui se trouvait en face de celle du Serpent, Ream sur mes talons. Mon cousin avait le visage fermé. C'était le cas depuis que nous avions quittés les quartiers sud de Las Vegas. Je ne pensais pas que nous allions trouver une nouvelle raison de sourire pendant la nuit.

Je ne jouais pas comme je le faisais lors de mes autres interrogatoires en entrant dans cette nouvelle cellule. Nous faisions face à Adam Levis. Un de nos hommes. Ce ne serait plus le cas longtemps, mais il y a encore quelques heures, il était considéré comme l'un des nôtres. Ce n'était plus le cas maintenant.

Je devais reconnaitre qu'Adam ne se démonta pas quand on se présenta en face de lui. Il garda le menton haut, même si la crainte brillait dans ses yeux. Il devait savoir que ce n'était pas en jouant les victimes que je pourrais avoir pitié de lui. Je n'étais pas du genre à faire preuve de pitié. Surtout pas dans ce genre de situations. Pas quand la sécurité des membres de ma famille était en jeu. Ce n'était pas ce qu'on attendait de moi.

– Je suppose que je n'ai pas besoin de te dire qu'on est au courant de ce que tu as fait, déclarais-je sans préambule.

– J'ai compris dès que Jeb s'est présenté au centre de contrôle du quartier des Jones, confirma Adam.

Je hochais lentement la tête en le dévisageant. Il devait avoir une quarantaine d'années. Il faisait partie des Jones depuis plus de vingt ans. Je me souvenais de l'avoir vu quand j'étais tout gamin et que je commençais mon apprentissage ici. Alors que j'allais devoir le juger pour sa trahison. Il fallait croire qu'on ne pouvait plus compter sur qui que ce soit.

– Je peux savoir pourquoi tu as fait ça ? Demandais-je.

Je connaissais déjà la réponse. Je m'en serais bien passé. On payait suffisamment bien nos hommes pour ne pas avoir besoin d'avoir peur qu'ils quittent le gang par appât du gain. Les avantages étaient nombreux, que ce soit au niveau des logements ou de la santé. Par contre, il y avait certains aspects de la vie qu'on ne pouvait pas contrôler.

– Je n'avais pas le choix, répliqua directement Adam.

– On a toujours le choix. C'est le fondement même du libre arbitre.

Ma voix avait claqué comme un coup de fouet dans la petite pièce. J'en connaissais un bon nombre qui avait baissé la tête quand je parlais de cette manière. Ce ne fut pas le cas d'Adam. Ce qui me fit comprendre qu'il pensait effectivement qu'il avait raison. Mes études en psychologie me permettaient au moins de reconnaitre ce point.

– Je n'avais pas le choix. C'était le seul moyen que j'avais pour sauver ma famille.

Je hochais une nouvelle fois la tête. C'était bien ce que j'avais déduit quand on s'était trouvé dans le repère des Serpents. Je savais à quoi la femme d'Adam et ses deux enfants ressemblaient.

– Vous les avez retrouvés ? Ils vont bien ? Demanda-t-il avec espoir.

Je remarquais la manière dont Ream se détourna. Ce n'était pas pour rien que mon cousin ne serait jamais fait pour mon travail. J'avais muselé mes sentiments. Ils n'avaient rien à faire dans cette pièce. Ils n'avaient rien à voir avec mon travail. Je ne pouvais pas me permettre de me montrer compatissant.

Les Jones - Collision (darkromance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant