Chapitre 12

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Beretta

Je vidais mon verre avant de le claquer sur la table qui se trouvait juste devant moi. Mon regard parcourut ensuite les différentes tables occupées dans le bar. Tout était plein. Nous nous trouvions à un lieu privilégié pour tout voir, puisqu'on surplombait l'ensemble de l'assemblée depuis la petite estrade de la section VIP.

– Il faut que tu te détendes, mon vieux, marmonna Ream à côté de moi.

– Je suis très détendu, répliquais-je de ma voix éraillée.

– Ça ne se voit pas.

Je plissais les yeux en voyant un type mettre la main aux fesses d'une serveuse. Cette dernière ne se laissa pas faire. Elle se détourna aussitôt, lui mettant une claque monumentale. Je souris en remarquant qu'elle était si forte que la tête de ce pauvre type sembla sur le point de faire un tour complet sur elle-même.

C'était bien fait pour lui. Je pensais qu'il n'y avait rien de mal à mettre la main aux fesses d'une femme. À la condition que la femme en question soit d'accord avec cette idée. Quand j'étais en train de draguer une fille et que ça entrait dans le jeu de la séduction, je me permettais aussi ce genre de geste. Là, c'était seulement un pauvre type qui se pensait malin en agissant de cette manière. Ce ne fut pas étonnant de le voir être mis dehors par un des vigiles sans la moindre délicatesse. Il aurait mérité bien pire. Sauf que les Jones avaient une autre règle. On ne descendait pas les gens quand on n'avait pas un motif valable de le faire. C'était un pauvre type, ce qui ne voulait pas dire qu'il méritait de mourir.

– Tu n'arrêtes pas de regarder la salle comme si quelqu'un pouvait décider de nous sauter à la tête maintenant. Tu sais que ça n'arriverait jamais au J Bar, continua Ream, Oncle Niels ne le permettra pas.

Le Jones Bar, plus communément appelé le J Bar, appartenait forcément à un membre de ma famille. Notre oncle Niels avait été blessé près de trente ans plus tôt et il avait perdu un de ses bras. Comme il ne pouvait plus travailler pour l'organisation, il avait trouvé autre chose qui pouvait l'intéresser. À savoir un bar qui ne se trouvait pas très loin du QG du gang.

Il l'avait transformé en un lieu sûr pour tous les membres de l'organisation. Quand on voulait boire un verre, on venait ici la plupart du temps. On y retrouvait certains de nos hommes qui étaient en train de se détendre en sachant également que c'était ici que c'était le plus sûr pour nous. Il y avait des Jones partout. Il aurait fallu être fou pour sortir une arme et nous menacer ici. C'était une manière de mourir comme une autre.

Ce qui ne voulait pas dire qu'il y avait seulement des membres du gang qui étaient présents. Le bar était ouvert à tout le monde. Il y avait bien sûr des personnes qui savaient ce qu'on faisait. Ce n'était pas comme si on ne vendait pas certains de nos produits ici. Il suffisait de connaitre les bons mots lorsqu'on se présentait au bar. Il y en avait d'autres qui voulaient simplement profiter d'un bon moment dans un bar comme tous les autres. En mieux.

La musique d'ambiance était du rock, le sol et le plafond étaient noirs tandis que les murs étaient blancs et décorés par des clichés de la ville. De nombreux alcools étaient présentés au niveau du bar. Les serveuses portaient des tenues en cuirs très courtes, ce qui faisait que le lieu était privilégié au niveau des enterrements de vie de garçons. Les membres dirigeants des Jones avaient le droit de s'installer au niveau de la zone VIP. On y parvenait en montant quelques marches. Les chaises et les canapés étaient plus confortables ici. Et je pouvais voir tout le monde de cette manière.

– Je ne pense pas que quelqu'un pourrait nous sauter à la tête, répliquais-je, je surveille toujours ce qu'il se passe autour de moi.

C'était un mensonge. Bien sûr que je regardais autour de moi. Je faisais partie d'un gang, ce qui me permettait de savoir que nous étions des personnes assez prétentieuses. Je n'aurais pas été étonné de voir des membres des Serpents se pavaner ici sans le moindre problème. Ce qui aurait été une bonne nouvelle. Je n'aurais qu'à les laisser boire et les suivre ensuite. Sauf que je ne vis aucun membre de ce gang de malheur. Ce qui me poussa à faire un signe à la serveuse.

Les Jones - Collision (darkromance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant