A la recherche de l'ile d'Isis

Chapitre 1

Ville de Hillfar - frontière du royaume de Cirrane

Le soleil se levait à peine, et pourtant, les rues étaient déjà bien animées, surtout près du port. Les habitants profitaient de la fraîcheur toute relative pour sortir effectuer leurs commissions.

Ensuite, ils rentreraient se cloîtrer derrière leurs volets clos afin de lutter contre la chaleur infernale, jusqu'aux premières heures de la nuit.

Un manège qui se répétait inlassablement chaque jour.

Beaucoup affirmaient que cet endroit était attrayant et paradisiaque. Gédéon, lui l'abhorrait.

Hillfar se transformait en ville fantôme passé midi. Mettre un pied dehors s'apparentait à plonger sa tête dans un four en marche. Le moindre mouvement devenait une torture, sans même parler de cette impression constante d'avoir du verre pilé dans la gorge, tant elle était sèche. Seuls les fous pouvaient apprécier des températures aussi élevées. Pour sa part, il était bien plus à l'aise quand le thermomètre frisait le zéro. L'habitude sans doute.

Résultat des courses, il n'avait qu'une envie : grimper à bord de son navire et s'éloigner au plus vite de cette terre de malheur.

Mais avant de pouvoir voguer vers un climat plus propice, une petite affaire en suspens nécessitait toute son attention. Trois fois rien, juste un sale traître à trouver et à dépecer vivant.

Gédéon était à sa recherche depuis près de deux heures, et sa patience commençait à s'amenuiser. Déjà qu'il n'en possédait pas beaucoup d'ordinaire.

Après l'étal d'un vendeur d'épices, il emprunta un chemin de terre sur la droite et le repéra au loin.

Le cafard était occupé à marchander avec un couple qui, s'il se fiait à leurs vêtements, n'était pas de la région. Sans doute débarquaient-ils fraîchement d'un navire étranger et souhaitaient-ils visiter le coin. Ils n'allaient pas être déçus.

Des cibles parfaites pour l'arnaqueur qui avait dû s'empresser de les aborder pour leur proposer ses services à bon prix. Cependant, il oubliait de préciser qu'à mi-parcours du voyage, il se débrouillait pour vous abandonner au milieu du désert, sans nourriture et sans eau, à la merci de ses complices venus vous dépouiller et vous tuer.

Pas plus tard que la veille, Gédéon et son équipage avaient justement fait la connaissance de ces brigands. Ces derniers, désormais, ne feraient jamais plus de mal à personne.

Seul l'investigateur respirait encore, mais plus pour très longtemps.

— Amir, te voilà enfin ! Cela fait des heures que je te cherche, s'exclama Gédéon.

L'homme à la tête de fouine écarquilla les yeux en l'apercevant et détala aussitôt.

Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres alors qu'il se lançait à sa poursuite.

Rien ne valait une petite course pour rester en forme.

Pourtant, très vite, il pesta. Le bougre avait beau être court sur pattes, il était rapide.

Gédéon accéléra pour ne pas se laisser distancer. Maintenant qu'il l'avait trouvé, il ne comptait plus le lâcher.

Ce sale traître lui devait quelques explications et il était bien décidé à lui montrer ce qu'il en coûtait de se moquer du capitaine Gédéon Rider. Pirate de renom.

Il le suivit à travers le dédale de rues, manquant plusieurs fois d'entrer en collision avec les habitants.

À chaque foulée, sa colère augmentait, surtout que ses bottes n'étaient pas du tout adaptées pour la course à pied.