A la recherche de l'ile d'Isis

Chapitre 13

Je vous interdis de faire du mal à Eujen ! s'insurgea Althéa.

Pourtant, son ordre manquait de virulence. Depuis quelques minutes, elle ne se sentait pas au mieux de sa forme. C'était sans doute lié à l'adrénaline qui l'avait abandonnée depuis qu'elle était en sécurité. Du moins, c'était ce qu'elle croyait, mais au vu de la réaction du pirate, elle commençait à en douter.

—Je pense que nous n'avez pas bien réalisé la situation, grogna celui-ci. Vous êtes sur mon navire et c'est moi qui commande ici. Alors, vous avez intérêt à vous mettre à parler sinon votre ami va prendre un bain de mer.

La jeune archéologue croisa le regard obsidienne du capitaine et comprit qu'il ne plaisantait pas. Il n'avait plus rien à voir avec l'homme de la veille dans son uniforme de marin infect.

Vêtu d'un pantalon de cuir et d'une chemise en lin beige, ses longs cheveux noirs attachés par un catogan, elle devait reconnaître qu'il en imposait. Sans cette mine renfrognée perpétuelle, il pourrait même être séduisant avec ses yeux en amande et son teint hâlé.

Elle se tourna vers Eujen qui évita volontairement son regard, puis vers la rousse flamboyante chargée de les surveiller. Comprenant qu'elle n'obtiendrait aucune aide de leur part, elle capitula.

— C'est d'accord, je vais vous raconter tout ce que sais.

— C'est un choix raisonnable, attesta Gédéon. Commençons par le fou furieux qui nous a tirés dessus. Qui est-il ? Et pourquoi essayait-il de nous tuer ?

— J'ignore qui il est, avoua Althéa.

Sa réponse déplut à Gédéon qui grogna avant de faire un pas vers Eujen.

—Je vous dis la vérité, insista la jeune femme. Je le connaissais sous le nom de Roméo Conti. Il s'est récemment fait engager au musée comme archéologue, mais j'ai découvert qu'il s'était forgé une fausse identité afin de pouvoir fouiller l'institution à sa guise. C'est en réalité un escroc et un assassin.

Sa voix se brisa sur ce dernier mot et elle commença à trembler.

— Il n'a pas hésité à tuer le professeur Anton et il aurait de même avec moi si je n'avais pas réussi à m'enfuir.

— Le vieux conservateur est mort ? répéta Eujen, abasourdi.

La jeune femme opina de la tête.

—Même si je ne le portais pas dans mon cœur, il ne méritait pas ça.

Elle garda le silence un moment le temps de se reprendre.

— C'était une démonstration de force. Cet escroc a voulu me montrer qu'il était prêt à tout pour mettre la main sur la statuette.

—La statuette ? s'étonna Eujen. Mais comment est-il au courant ?

—Je n'en ai pas la moindre idée, répondit l'archéologue. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de le lui demander. J'étais trop occupée à essayer de rester en vie.

—Tu crois qu'il est au courant de son contenu ?

—J'en ai bien peur, même si j'ignore comme cela est possible, se désola la jeune femme.

—Bon sang, c'est quoi cette histoire de statuette ? s'agaça Gédéon.

Les deux amis cessèrent leur discussion face à l'aura meurtrière du pirate.

Althéa souffla avant de reprendre ses explications.

—Alors que j'effectuais l'inventaire de la réserve du musée, j'ai malencontreusement abîmé une sculpture en bronze. Je l'ai ramenée chez moi pour la réparer et il s'est avéré qu'elle recelait en son sein une lettre.