Chapitre 10

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— Je pense avoir la solution à votre problème.

Fier de son plan, Gédéon souriait. Bien qu'ébauché en à peine quelques secondes, celui-ci devait impérativement fonctionner. Il n'accepterait pas une fin de non-recevoir. Ces deux-là étaient exactement ce qu'il était venu chercher en débarquant sur cette île. Du moins, s'il avait bien interprété les paroles entendues dans la taverne.

Quelques minutes plus tôt, alors qu'il enrageait de ne pas trouver trace de la fameuse Claudia, ils étaient entrés. Les conversations avaient cessé à leur arrivée, et pour cause, la présence d'une femme, hormis les serveuses, dans cet endroit miteux n'était pas monnaie courante. Son compagnon ne passait pas non plus inaperçu avec sa chevelure blonde soyeuse et sa gueule de tombeur.

Ils portaient des habits usés, pourtant Gédéon avait immédiatement deviné qu'il s'agissait de déguisement. Tout dans l'altitude de ce duo, surtout la demoiselle, témoignait de l'appartenance à la caste des riches.

Était-ce le fruit du hasard ou bien ce que certains appelaient le destin ? Quoi qu'il en soit, ils s'étaient installés juste derrière lui. Et lorsqu'ils avaient mentionné un trésor ainsi que l'île d'Isis, il s'était félicité de ne pas avoir bougé. Et quand, quelques minutes plus tard, les deux inconnus avaient été conduits auprès de la fameuse Claudia, il n'avait pas hésité une seconde.

Après avoir vidé son verre d'une traite, il les avait suivis en catimini.

Afin de ne pas se faire surprendre, il s'était dissimulé derrière un renfoncement jusqu'à ce que la serveuse soit revenue en salle. Puis il avait emprunté le même chemin que le duo quelques secondes plus tôt. Une fois face à la deuxième porte, il avait perçu les murmures d'une conversation. Il s'était alors contenté de coller son oreille sur le bois dans le but de mieux entendre. Quand il avait compris le projet du couple, il s'était empressé d'échafauder un plan. Réalisant que l'échange de l'autre côté de la porte était sur le point de prendre fin, il s'était précipité dehors, puis caché dans l'ombre dans l'attente du moment propice pour entrer en action.

— Pourrions-nous savoir qui vous êtes au juste ?

Gédéon se renfrogna aussitôt sous le ton impérieux de la demoiselle.

Une chose était certaine, elle n'avait pas froid aux yeux pour parler ainsi à un parfait inconnu.

Soit elle était courageuse, soit elle était stupide.

Si encore elle était jolie, ce qui était loin d'être le cas. Trop maigre et trop guindée. Même son visage serait banal sans ce regard bleu acier, lequel était posé sur lui avec intensité.

Le pirate y décela une once de peur, mais surtout une grande intelligence.

— Voyez-moi comme un bon samaritain qui souhaite vous aider. A priori, vous avez besoin d'un navire et il se trouve que j'en possède justement un.

— Comment êtes-vous au courant de nos projets ? grogna la demoiselle.

— J'ai peut-être perçu quelques bribes de votre conversation dans la taverne par inadvertance.

— Et qu'avez-vous entendu, exactement ? demanda-t-elle, les lèvres pincées.

— Pas grand-chose, mentit-il. Simplement que vous recherchiez un bateau à moindre coût et que vous préféreriez ne pas faire affaire avec cette chère Claudia. Ce qui est judicieux, si vous voulez mon avis.

La jeune femme s'avança vers Gédéon, énervée. Elle renifla l'air et grimaça.

Celui-ci recula d'un pas. Il avait oublié l'odeur infecte dégagée par sa tenue d'emprunt. Comme première impression, n'était pas terrible.

A la recherche de l'ile d'IsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant