Chapitre 12

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Depuis plus d'une heure, Gédéon faisait le guet à quelques pas de la taverne. La pluie avait beau lui marteler le corps et l'eau imprégner ses habits au point de le lui faire regretter, il ne bougerait pas.

Il était un homme de parole. Et même si ses camarades l'avaient sommé de lever l'ancre à l'aube, il avait refusé. Il avait promis d'attendre midi et ne faillirait pas à cette promesse.

Certes, il aurait pu s'abriter dans l'établissement miteux et se réchauffer avec un verre de rhum, seulement, il ne voulait pas risquer de les manquer. Il ne tenait pas non plus à attirer l'attention de cette chère Claudia. Elle ne serait sans doute pas ravie d'apprendre qu'il lui avait volé des clients et lui réclamerait un dédommagement.

La situation était comique quand il y repensait. Dire que la veille, il cherchait à tout prix un moyen de la rencontrer, à présent, il l'évitait.

Malgré la faible visibilité, il scrutait inlassablem­ent les environs jusqu'à la lisière des quais dans l'espoir de voir apparaître Althéa et son ami. Si ce dernier manquait à l'appel, cela ne le dérangerait pas outre mesure. C'était uniquement de l'archéologue dont il avait besoin.

Il ne désirait pas spécialement sa compagnie, conscient qu'elle ne serait sans doute pas des plus agréable. Cette femme était difficile à cerner. Elle l'intriguait autant qu'elle l'exaspérait. Pourtant, ils avaient à peine échangé quelques minutes.

Ils ne pouvaient pas être plus différents l'un de l'autre que ce soit dans leur attitude, mais aussi concernant leurs origines. Toutefois, elle disposait d'informations vouées à le rendre riche.

Et bien que la demoiselle lui ait opposé une fin de non-recevoir pas plus tard que la veille, il ne perdait pas espoir de la voir changer d'avis. S'il avait bien compris sa situation, elle était au pied du mur. Sans argent, il lui serait difficile de trouver quelqu'un d'assez fou pour partir à la chasse au trésor. Il était donc son unique option.

La nuit dernière, il avait fait un rêve. En compagnie de ses amis, ils chantaient et dansaient autour d'un monticule d'or et de bijoux. C'était un songe prémonitoire, du moins, il avait bien l'intention que cela le devienne. Sinon cela signifiait qu'il avait accepté de se transformer en serpillière détrempée pour rien. Et cela alimenterait sa mauvaise humeur.

Le premier gong de midi retentit au loin. Le pirate pesta dans sa barbe. Il s'était leurré, elle n'était pas venue. Elle aussi avait tenu parole, admit-il, amer.

Loin de se laisser abattre, Gédéon se mit aussitôt à réfléchir à un nouveau plan pour obtenir les informations dont il avait besoin. Il se décidait à rejoindre son navire et ses camarades quand un bruit le força à se retourner. À travers la brume, il lui sembla apercevoir une silhouette. Attentif, il s'essuya le visage avec sa cape pour chasser le plus gros de l'eau. Finalement, ce ne fut pas une, mais deux personnes qui émergèrent du brouillard. Le duo qu'il attendait tant venait à sa rencontre. En courant.

Un demi-sourire étira les lèvres du pirate. Sourire qui s'effaça dès qu'il avisa leur mine rougie par l'effort et leur respiration saccadée

Gédéon les observa, intrigué. Cet empressement ne lui disait rien qui vaille.

Il leur fit signe afin qu'ils le remarquent.

Quand ils le virent, ils stoppèrent leur cavalcade. Essoufflés comme ils étaient, ils avaient perdu de leur superbe par rapport à la veille.

— Je constate que vous aviez hâte de me revoir. Je fais souvent cet effet aux femmes, lâcha le pirate avec une pointe d'humour.

L'archéologue n'avait apparemment pas le cœur à rire.

A la recherche de l'ile d'IsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant