A la recherche de l'ile d'Isis

Chapitre 14

Le soleil se levait à peine teintant d'or une mer sans vague. Aucun bateau n'était en vue, juste une étendue d'eau infinie.

Althéa aurait aimé pouvoir se délecter de ce spectacle tout en dégustant tranquillement une bonne tasse de thé.

À la place, elle était pliée en deux contre le bastingage, occupée à vider son estomac pour la énième fois en une poignée d'heures.

La nausée l'avait pris peu de temps après avoir rejoint sa cabine pour la nuit. Elle s'était fourvoyée en pensant qu'un peu de repos réglerait le problème. Une fois allongée, cela n'avait fait qu'empirer. Et ce n'était pas les effluves en provenance de la cuisine qui avait aidé.

C'était horrible. Elle était au plus mal, sans la moindre énergie et le ventre en vrac.

Bien sûr, elle avait entendu parler du mal de mer, mais elle n'aurait jamais cru y être confrontée. C'était un comble pour une archéologue vouée à voyager à travers le monde.

Dans son dos, elle imaginait les sourires moqueurs du reste de l'équipage. Quel spectacle réjouissant devait-elle offrir. Et même si elle ne voyait personne, ils étaient sûrement en train de l'épier, cachés quelque part.

Pour accepter de cohabiter avec un homme aussi désagréable que leur chef, ils devaient l'être autant que lui.

Depuis qu'elle avait posé le pied sur le navire, personne ne lui avait adressé la parole, même la jeune femme rousse qui avait eu l'honneur de les conduire avec Eujen jusqu'au carré. Elle avait gardé le silence en attendant l'arrivée de Gédéon, puis les avait à peine regardés avant de les pousser dans leur cabine.

Comme elle devait avoir l'air pathétique à leurs yeux avec ses vêtements froissés et son hygiène plus que douteuse. Elle n'avait pas eu la possibilité de prendre un bain et après sa course de la veille, cela n'aurait pas été du luxe.

Vomir à la vue de tout le monde n'était pas non plus le meilleur moyen de faire bonne impression.

La honte éprouvée lui fit monter les larmes aux yeux. Elle qui rêvait de devenir une grande exploratrice. Elle s'était toujours imaginé déambuler sur le pont, adressant des ordres aux hommes choisis avec soin pour l'accompagner dans l'expédition qui la rendrait célèbre.

En lieu et place, elle se retrouvait au milieu d'un équipage de pirates et se dirigeait vers l'inconnu. Et elle devait composer avec un capitaine désagréable et autoritaire.

Heureusement qu'Eujen avait pris part au voyage, sinon elle se sentirait bien seule. Certes, pour le moment il était sans doute encore au pays des songes. Il ne l'avait même pas entendu quitter la cabine, tant il avait le sommeil lourd.

Son estomac semblant vouloir lui laisser un peu de répit, elle s'éloigna du bord et s'assit à même le pont, trop faible pour que ses jambes la portent. Un verre apparut soudain dans son champ de vision.

— Tenez, cela devrait soulager vos nausées.

Surprise, elle regarda le propriétaire de cette voix douce et chaleureuse.

La quarantaine à vue de nez, il possédait des yeux noirs rieurs, une chevelure brune coiffée en une multitude de tresses et une peau foncée. Mais surtout, il lui souriait avec gentillesse.

L'archéologue prit le verre et fixa son contenu avec suspicion.

— Vous n'avez rien à craindre. Je suis médecin et ceci est une potion de mon cru. Avec la bande d'hurluberlues qui composent cet équipage, elle a régulièrement son utilité. Et croyez-moi, elle a fait ses preuves. À la base, c'était pour la gueule de bois, mais elle devrait être tout aussi efficace contre le mal de mer.