Chapitre 11

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Le lendemain

L'horloge du musée n'avait pas encore sonné huit heures qu'Althéa en franchissait les portes, se mettant au passage à l'abri des éléments.

Une pluie torrentielle faisait rage dehors, au point qu'elle avait hésité de longues minutes à quitter le confort de sa chambre. Toutefois, elle avait pris son courage à deux mains, car elle ne pouvait pas se permettre d'attendre une météo clémente pour réaliser son rêve.

La veille, elle n'avait pas pu se résoudre à s'associer à ce pirate renfrogné. Franchement, qui aurait envie de s'en remettre à un homme qui dégageait une telle odeur nauséabonde ? Elle espérait qu'il écouterait son conseil et plongerait dans un bain rapidement.

Eujen avait raison, ses options pour obtenir un bateau étaient plus que limitées. Elle devait impérativement convaincre son patron de financer l'expédition et surtout de la laisser la diriger. Ce qui ne serait pas une mince à faire, surtout le second point.

La jeune femme secoua sa cape et son parapluie au-dessus de l'immense tapis installé dans le hall avant de rejoindre son bureau.

Elle ne rencontra aucune âme qui vive sur son passage. Rien d'étonnant, vu l'heure et la pluie battante. Tant mieux, si le professeur Anton n'était pas accaparé par ses collègues, ce serait plus simple pour lui parler.

Toute la soirée, elle avait répété son discours, consciente de ne pas avoir droit à l'erreur. Ce matin, elle était fin prête à l'affronter, bien que légèrement nerveuse.

À l'approche de son bureau, elle se figea. Le professeur Conti s'y trouvait et il fouillait dans ses tiroires sans le moindre scrupule.

Aussitôt, elle vit rouge. S'il y avait bien une chose qu'Althéa détestait par-dessus tout, c'était que quelqu'un touche à ses affaires sans sa permission. Eujen pourrait en témoigner.

Furieuse, elle fonça vers le coupable, prête à le frapper avec son parapluie.

— Excusez-moi, pourrais-je savoir ce que vous faites à mon bureau ? s'enquit-elle, à deux doigts de mugir.

Et encore, elle s'était retenue de hurler.

Pas le moins du monde impressionné, l'archéologue se contenta de lui jeter un regard réprobateur.

— Je suis à la recherche de l'inventaire de la réserve que je vous ai ordonné de faire, l'informa-t-il d'un ton présomptueux. Et à l'avenir, je vous prierai de me parler avec un peu plus de respect.

Pour qui se prenait-il au juste ? s'interrogea mentalement Althéa.

Elle allait lui offrir une réponse fleurie, mais fut interrompue par l'arrivée du conservateur.

— Miss Merlin, je constate que vous nous faites l'honneur de votre présence aujourd'hui.

— Bonjour, professeur Anton. J'étais malheureusement souffrante hier. J'avais une terrible migraine, improvisa la jeune femme.

—Vous les femmes, vous êtes de constitution si fragile. C'est pour cela qu'il vaut mieux que vous vous contentiez de tenir une maison. N'êtes-vous pas d'accord, professeur Conti ?

L'intéressé acquiesça, mais sembla mal à l'aise.

Il remonta légèrement dans l'estime d'Althéa, contrairement à son patron. S'il continuait à la dénigrer de la sorte, elle lui montrerait à quel point elle était faible.

Elle sourit, mais serra les dents si fort que sa mâchoire devint douloureuse.

— Bien, miss Merlin, je vous laisse entre les mains du professeur Conti. C'est lui qui supervisera votre travail aujourd'hui.

A la recherche de l'ile d'IsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant